Comment êtes-vous évalué(e) ?

Synthèse : Les jurys sont constitués de professionnels informés et formés pour vous écouter et garantir le déroulement d'un dialogue constructif. La délibération est facilitée par l'utilisation de grilles d'évaluation. Celles-ci permettent de rationaliser la perception - nécessairement subjective, mais le plus souvent concordante - de vos interlocuteurs.
La note qui vous est attribuée permet de répondre à une question simple : aurons-nous plaisir et intérêt à travailler avec vous dans les quelques années qui viennent ?

 

A) Rôle et composition des jurys

Les anecdotes qui alimentent la rumeur de "l'entretien-catastrophe" représentent un jury omniscient et pervers, décidé à vous poser des pièges au détour de chacune de vos affirmations, programmé pour vous déstabiliser et "tester" vos réactions, traquant chaque contradiction pour vous humilier, quand il ne cherche pas simplement à vous faire chanter, monter sur la table ou vous faire raconter des anecdotes croustillantes.

Alimentée par des candidats imaginatifs ou malchanceux, grossie par des faits extraits de leur contexte, et illustrée par des exemples déformés, la "légende de l'oral" met en scène des personnages bien improbables ! Les professionnels qui siègent pour les jurys d'admission sont armés… de bonnes intentions, informés sur les enjeux de l'épreuve pour l'Ecole et pour vous-mêmes, et expérimentés dans le domaine du management au sens large ou du recrutement en particulier.

Toutes les précautions sont prises par les Ecoles pour que votre entretien se déroule dans de bonnes conditions : choix des membres de jury, formation des participants, élaboration d'une grille d'évaluation, participation des représentants de l'Ecole.


Les coulisses du jury n°4
6 juillet, 7 heures 55. Pierre chemine vers la salle d'accueil des jurys, relève les messages qu'un étudiant lui a laissé la veille dans son casier, et prend connaissance d'un fax arrivé tôt ce matin.

Laurent, sorti de l'école il y a 4 ans retrouve un camarade de promotion, près de la cafetière de la salle d'accueil. "Alors, qu'est-ce que tu deviens ? […] Eh bien, je trouve que ça fait drôle d'être de l'autre côté de la barrière. J'ai autant le trac que lorsque j'étais candidat ! […]".

Martine, responsable d'un pôle bancaire, connaît bien l'école, même si elle n'y a pas fait ses études : elle y recrute chaque année une dizaine de stagiaires et de collaborateurs pour son entreprise. Elle rejoint le groupe formé par deux profs de finance qu'elle a rencontrés au cours de soutenances de dossiers au mois de mars.

Bernard, 46 ans, feuillette un dossier de presse qui lui a été remis à son arrivée. Il a relu en venant le "guide du jury" qui contient toutes les explications sur le déroulement de l'épreuve, le nombre de candidats, les statistiques du concours. C'est précisément le document que tient Sylvie en main, à deux pas de lui. Ils se présentent rapidement : c'est la première fois qu'ils participent l'un et l'autre à la sélection pour cette école.

Pierre entre dans la salle et salue à la cantonade ses collègues. On lui confie le dossier "Jury numéro 4" : il travaillera avec Bernard et Martine toute la matinée, et ils verront ensemble 5 candidats. Les jurys se forment et se dispersent en quelques minutes.

8 h 15. Le jury 4 s'installe dans une salle de cours, aménagée avec des tables en vis-à-vis. Pierre se présente : il est professeur de GRH dans l'école, ce qui intéresse visiblement Bernard, qui travaille dans un cabinet de recrutement. Martine participe régulièrement aux entretiens de l'école, en moyenne 2 demi-journées par an : elle demande s'il y a des nouveautés cette année, comment se passe la session de recrutement en-cours.

Pierre en profite pour préciser ce qu'il attend d'un candidat, insiste sur le fait qu'il n'y a pas de profil type, rappelle que l'épreuve dure 30 minutes, et invite ses collègues à se montrer accueillants pour que les candidats se sentent à l'aise. 8 h 25. Il remet à chacun un exemplaire du questionnaire qui a été rempli par Stéphanie : le premier candidat est une candidate !


 

La composition des jurys varie peu d'une école à l'autre. Vous retrouverez généralement deux ou trois interlocuteurs dans chaque jury, issus de quatre grandes "catégories" :

   - Un représentant de l'école (professeur, responsable des études, directeur d'un service en contact avec les étudiants et/ou les entreprises). Il endosse en général la responsabilité de la présidence du jury, car il connaît le fonctionnement de l'école, ses spécificités, son projet pédagogique, et a l'habitude - par définition - de travailler avec les étudiants et les diplômés. Son rôle consiste à accueillir ses coéquipiers, (faire) respecter le règlement de l'épreuve, lancer la discussion avec les candidats et animer les délibérations (rédaction du rapport, notation).

   - Un ou plusieurs "représentants du monde économique". Cette périphrase rend compte du rôle que tiennent les cadres et les dirigeants d'entreprise qui se joignent au jury. Ils sont présents en tant que "professionnels", habitués à rencontrer clients, fournisseurs, collaborateurs et autres intervenants dans le cadre de leurs activités. Ils sont notamment sensibles à la façon dont vous percevez votre orientation et le monde des affaires au sens large.

   - Un psychologue ou un recruteur professionnel. Même si les deux métiers sont clairement différents, ces interlocuteurs ont une grande expérience de l'écoute, de l'analyse des profils et des motivations. Leur participation au jury permet d'éclairer certains aspects de votre personnalité ou d'apprécier votre capacité à apprendre, à vous remettre en question,…

   - Un diplômé, un étudiant de 3e année, un professeur de classe préparatoire. Ce regroupement (a priori hétérogène) tient au fait que ces intervenants ont en mémoire votre parcours de candidat-étudiant, et peuvent notamment replacer vos préoccupations dans le contexte de vos études.

Les catégories ne sont pas "étanches" : un diplômé peut être psychologue, un cadre d'entreprise peut être très attentif à votre parcours académique, un représentant de l'école peut exercer une activité professionnelle à côté de son métier de professeur, un chef d'entreprise peut aussi être un jeune diplômé… Les participants au jury répondent à une invitation lancée par les écoles, qui sont en contact avec plusieurs centaines d'entreprises et de professionnels dans l'année : maîtres de stage, campus managers, diplômés, fournisseurs, stagiaires de la formation continue, représentants institutionnels, parents d'élèves, etc. Certaines écoles organisent des réunions d'information ou de formation spécifiques pour que les jurys adoptent un fonctionnement homogène.

Contrairement à une rumeur résistante, les jurys ne se partagent pas les rôles comme au théâtre (" toi, tu fais le gentil, moi je piège en douceur, toi tu es agressif ! ") et ne lancent pas de mots d'ordre pour le recrutement (" cette année, il nous faut des candidats qui ont fait du rugby ou qui veulent monter une entreprise "). Ils agissent et réagissent en fonction de la relation qui s'engage avec le candidat : par exemple, un long silence de leur part n'est pas nécessairement lié à leur ennui, leur fatigue ou leur envie de vous déstabiliser. Peut-être prennent-ils le temps de vous comprendre, de noter votre nom (" Virktzowiff, avec 2 f ? "), ou de faire mentalement une synthèse des points qui ont été abordés…


" Recommandations pour l'entretien " pour… les jurys
Deux extraits de documents remis aux membres de jury :

"Le jury a pour mission de faciliter l'expression du candidat, de recueillir les informations à reporter dans la grille individuelle d'évaluation. L'objectif de l'entretien étant une meilleure connaissance du candidat, le temps de parole des membres du jury n'excède pas 10 à 15 % de la durée de l'entretien. Une discipline de prise de parole ainsi qu'une attitude d'écoute attentive sont également respectées afin de permettre au candidat de s'exprimer librement" (ESC Toulouse).

"Le jury a pour mission de mettre en œuvre le climat le plus propice à l'expression du candidat. Il l'aide dans sa démarche. Il évitera impérativement toute investigation relative à la vie privée du candidat. Il ne sera en aucune manière agressif, l'agressivité ne servant pas l'objectif de l'épreuve. Il évitera toute question gratuite dont le seul but serait de désarçonner le candidat" (ESC Bordeaux).


 

 B) La notation

Si les moyens mis en œuvre sont clairement orientés pour faciliter l'expression des candidats, les jurys sont (malgré tout) constitués pour évaluer, et donc sélectionner. Vous pouvez rencontrer un jury aimable et souriant qui mettra une mauvaise note, ou un jury exigeant et incisif qui vous fera intégrer… Comme l'explique fort justement Christian Bourion de l'ICN : "un entretien tranquille n'est pas forcément un entretien réussi et un entretien nerveux n'est pas non plus un entretien raté. Un entretien réussi est un entretien où, en sortant, le candidat a le sentiment d'avoir pu donner le meilleur de lui-même et se dévoiler dans ce qu'il est vraiment".

Pour comprendre les ressorts de l'évaluation, il est nécessaire de se pencher sur les critères utilisés par les écoles. Ceux-ci regroupent sous différentes rubriques des qualités personnelles, intellectuelles, relationnelles, de fond et de forme, et ressemblent à un catalogue de vertus.


Exemples de critères utilisés par quelques écoles
" Le jury apprécie : les motivations, les qualités intellectuelles et relationnelles, le dynamisme et l'enthousiasme, la culture générale et économique, la capacité d'engagement, l'ouverture d'esprit" (ESC Bordeaux).

" Evaluation de la personnalité, appréciation des motivations (critères : niveau de culture générale, clarté d'expression, autonomie de pensée et de comportement, dynamisme, capacité à communiquer, analyser et synthétiser) " (ESC Chambéry).

" A partir des questions portant sur l'exposé, le CV ou toute autre digression de bon aloi, le jury évalue la richesse, la curiosité, la culture, la détermination, la simplicité et l'authenticité du candidat" (ESC Lille).

" L'entretien est destiné à apprécier : le potentiel du candidat à exercer de futures responsabilités en entreprise, sa culture générale et son ouverture, ses qualités d'expression et ses capacités de communication, sa présentation" (EM Lyon).

" Appréciation du jury : motivation et dynamisme, qualités relationnelles, qualités intellectuelles, capacité d'engagement" (ESC Marseille).


 

On peut élaborer une fiche fictive de notation, un rating qui balaie l'ensemble des critères mobilisés pour l'oral et capitalise les aptitudes intellectuelles, les aptitudes à l'action, les traits de personnalité, le comportement pendant l'entretien, les stages.

Il est pourtant inconcevable d'envisager la note comme la somme arithmétique et objective des points obtenus dans chaque catégorie : cela donnerait à l'épreuve un caractère automatique et séquentiel qui serait peu compatible avec l'authenticité recherchée dans l'animation du dialogue entre le candidat et le jury. Il suffirait alors de paramétrer un ordinateur et de vous installer face à un clavier…

Ainsi, tout et n'importe quoi ne se produit pas dans cette relation entre le candidat et le jury : la note n'est pas aléatoire. Elle correspond à la décision d'une équipe de professionnels, qui alloue des points dans la perspective d'un concours (sélectif). Il faut ajouter qu'elle ne correspond pas à un jugement sur la personne, mais bien à une appréciation globale de la qualité de l'échange et de la pertinence de la candidature, au vu de cet échange.

Les membres de jury - nous l'avons dit - viennent d'horizons différents : ils n'ont pas le même âge, ni le même métier, ni le même parcours professionnel ou familial. Ils ont des options philosophiques, politiques ou religieuses différentes. Ils travaillent dans des secteurs d'activité différents, à des postes où ils exercent des responsabilités qui peuvent être difficilement comparables. Pourtant, à l'issue de chaque entretien, lorsque vous refermez la porte de la salle, les avis des membres du jury sont extrêmement convergents. Les désaccords fondamentaux sont rares entre les intervenants sur la pertinence de votre candidature, même si les arguments sont différents d'une personne à l'autre, même s'il existe des différences de perception ou d'interprétation de certains de vos propos, même si ce qui est jugé favorable par l'un a tendance à interpeller l'autre.

Cette convergence tient sans doute à l'expérience professionnelle des jurys dans le champ économique au sens large. Ils sont en effet habitués à évaluer, décider, mesurer un " bénéfice prévisionnel ", travailler avec et pour d'autres, rendre des comptes ou forger un jugement sur l'intérêt d'un projet, et partagent donc une culture commune, au-delà de leur sensibilité personnelle. Ils se prononcent en outre dans un cadre précis : la sélection des candidats pour un concours d'école de commerce. Si cette hypothèse contient en germes un débat d'inspiration humaniste sur l'indépendance d'esprit et le libre-arbitre des jurys, notre propos peut pourtant se résumer par une formule factuelle et pragmatique : l'évaluation est subjective et rationnelle, discutable mais décisive, argumentée et homogène. Sauf cas exceptionnel, l'écart de note entre trois membres d'un même jury pour le même candidat dépasse rarement deux ou trois points… au plus ! Au président du jury parfois, mais rarement d'assumer son rôle de fédérateur et de conciliateur des extrêmes s'il y en a.

Pour simplifier les représentations du jury face à votre prestation, considérons que les intervenants se posent une question simple : aura-t-on plaisir et intérêt à travailler avec vous dans les 5 ans qui viennent ? Le représentant de l'école se demande si vous saurez tirer partie de votre formation, si vous serez à l'aise sur les bancs de l'école, dans vos groupes de travail, si vous avez envie d'apprendre. Les responsables d'entreprise vous imaginent plutôt en stage ou pour votre premier job après cette formation : a-t-on envie de vous confier une mission ? apparaissez-vous comme un collaborateur potentiellement sympathique, fiable et efficace ? Les jeunes diplômés parieront sur la qualité de votre intégration : serez-vous un collègue de promo avec qui on peut s'entendre, animer la vie associative, travailler sur un dossier ?

La grille d'évaluation permet précisément de rationaliser la perception de vos interlocuteurs : "Je propose 18, parce que j'ai été convaincu des qualités relationnelles, j'ai apprécié l'entrain et l'humour, je pense que le candidat a bien analysé son parcours, il va certainement apprendre vite et bien, il saura s'intégrer, etc." ou "je mettrais 5/20, car j'ai l'impression qu'on cherche à me bluffer. Son expérience sur tel point me paraît complètement fabriquée. Je ne vois pas le lien entre le dynamisme prétendu et le comportement passif dont il a fait preuve. Je ne vois pas du tout ce qu'il va faire dans l'école ou dans l'entreprise, sinon "consommer" ; sans se poser de questions sur lui-même". Ces jugements paraîtront outranciers pour des psychologues avertis, après seulement trente minutes de dialogue avec une personne. Pourtant, dans l'exercice de communication interpersonnelle auquel correspond l'épreuve, la ligne de partage est très nette entre un candidat sympathique, vif, qui se connaît, à l'écoute, qui sait rebondir, qui a des idées personnelles et un candidat sur la défensive, atone, méfiant, qui se prête des qualités de dynamisme et de sociabilité pour la forme, qui se conforme à un profil imaginaire, raconte avec tristesse qu'il a arrêté le sport, la musique et qu'il a vraiment envie de faire du commerce. Ah ?

EPREUVE ORALE D'ENTRETIEN

 

- - -    - -  -    +  ++  +++ 
 Aptitudes intellectuelles   
 Rigueur            
Capacité d'écoute                
Curiosité            
Synthèse            
Aptitude à l'action  
Liaison Réflexion/Action            
Dynamisme                        
Autonomie                        
Trait de personnalité  
Enthousiasme            
Ouverture aux autres            
Authenticité            
Comportement pendant l'entretien
Maître de soi            
 
Présentation                        
Maître de soi                        
Pouvoir de conviction            
Stages        
Intérêt                         
Narration                         

                
Sur cette palette de 5 à 18, il y a bien sûr beaucoup de cas à envisager. Le plus rare (2 candidats sur 100) consiste à obtenir simultanément les deux notes extrêmes dans le même jury, non seulement parce que le président de jury est alors habilité à trancher, mais surtout parce que cela signifie que le jury n'est pas… indifférent. La délibération se prolonge alors point par point, pour valoriser rationnellement les atouts et les points faibles du candidat. Tout dépend alors du projet pédagogique de l'école, et de la perception du jury quant à la capacité du candidat à progresser (apprendre, notamment sur lui-même, avec et par le regard des autres). La note ne sera d'ailleurs pas nécessairement la moyenne de 5 et 18, mais peut-être 16 si un membre de jury relativise son point de vue ou 5 si les autres estiment effectivement prendre un trop gros risque pour l'école et pour le candidat.

Le cas le plus fréquent (au sens statistique) correspond à une évaluation mitigée et se concrétise par l'attribution d'une note peu discriminante (entre 10 et 13).

 


Extrait du rapport d'entretien ESCP
" 172 comités ont été constitués, animés par 300 personnes différentes, pour l'épreuve d'entretien des 1200 candidats admissibles qui se sont présentés. La notation qui représente l'appréciation par le jury de la demi-heure d'entretien s'échelonne de 1 à 20. La moyenne s'établit à 11,37 avec la répartition suivante :

 Note < 5

 5 < Note < 8

 9 < Note < 11  

 12 < Note < 15

 Note > 15

 3 %

  26 %

 15 %

 41 %

 15 %

  
Les entretiens les mieux évalués sont ceux pendant lesquels les candidats ont pu, au travers de leurs expériences, de leurs activités ou de leurs passions, démontrer leurs qualités, leur intelligence des situations, leur capacité d'action ou d'adaptation, leur sensibilité, bref parler intelligemment d'eux, souvent avec humour, toujours avec densité et lucidité.

Beaucoup plus difficile est l'évaluation d'entretien où le candidat n'est pas sorti de propos trop lisses, convenus, ne sachant, ou ne pouvant s'échapper d'un modèle qu'il croit conforme aux attentes des membres du jury, hésitant à être lui-même avec ses goûts, ses points de vue, ses idées, ses idéaux, ses contradictions.

Les entretiens pour lesquels la note est plus basse sont ceux au cours desquels les candidats s'enferment dans un discours artificiel, construit sans nuance ni ouverture. Dès lors sans écoute réciproque, il est difficile d'instaurer un dialogue à défaut d'un débat. "


 

La note moyenne sanctionne une "prestation" convenue, souvent superficielle. Les candidats se limitent à l'exposé de motivations et de projets conventionnels, entretiennent - sans éclat - la discussion par des réponses convenues. La plupart des réponses est "calculée" : pratique d'un sport individuel et d'un sport collectif, intérêt pour le rock et l'opéra, projet de vivre en France, mais aussi à l'étranger, souhait de "faire" du marketing ou de la gestion. Le candidat a vu "le dernier film qu'il faut", a retenu un événement dans l'actualité qui fait justement la une des journaux. L'écart entre 9 et 12 tient alors à des détails : meilleure culture générale, présentation plus ou moins artificielle, aisance naturelle, sourire, sens de l'improvisation, et de la part du jury : lassitude, bon ou mauvais souvenir du candidat précédent !

En effet, l'évaluation est nécessairement relative : les jurys harmonisent généralement leur note en fin de demi-journée et hiérarchisent les notes en fonction des points qu'ils souhaitent allouer dans la perspective du concours. Cela signifie notamment que les notes n'ont pas un caractère "académique" : un jury (convaincu) peut porter une note à 18/20 pour que son avis très favorable soit suivi d'effets : il garantit ainsi au candidat un rang lui permettant d'intégrer. Dans la même logique, "4/20" concrétise l'intention du jury de barrer la route au candidat : c'est un signe net de refus. Ajoutons que les jurys ne sont pas soumis à une politique de quotas (du type "2 intégrés pour 2 recalés"), et qu'ils préfèrent passer une demi-journée en compagnie de candidats à qui ils affecteront de bonnes notes.

 


A discours rôdé, jury érodé…
Tous les rapports d'examinateurs regrettent le caractère artificiel de certaines discussions avec les candidats, notamment lorsque ceux-ci ont préparé un "discours-type", qui les fige dans un rôle de composition. Voici la série de notes obtenues par un candidat qui adopte ce profil pendant cinq entretiens : 8, 11, 12, 9, 13 et 10. Si le même candidat fait l'effort de "se" préparer à l'entretien, plutôt que de préparer des tirades, et s'il arrive à être authentique en manifestant des qualités requises (adaptabilité, recul, bonne humeur, équilibre,…), il obtiendra plutôt : 16, 15, 4, 17, 16 et 18. Pourquoi ce 4/20 ? Parce qu'on ne peut pas plaire à tout le monde, parce que chacun connaît des moments de fatigue (candidats et jury inclus !), parce que écouter, convaincre, séduire ou analyser sont des activités humaines, et que personne n'est infaillible ! En dépit de cette "fausse note" - au sens propre comme au sens figuré - la seconde partition donne au candidat l'opportunité de faire un vrai choix à l'issue du concours…