Programme officiel
Histoire, Géographie et Géopolitique du monde contemporain

Changement du programme

Article 1 - Les programmes des première et seconde années d’histoire et géographie économiques des classes préparatoires économiques et commerciales (option scientifique) fixés en annexe IV de l’arrêté du 3 juillet 1995 susvisé sont remplacés respectivement à compter des rentrées scolaires 2004 et 2005 par les programmes des première et seconde années d’histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain fixée en annexe du présent arrêté.

Les programmes des première et seconde années d’histoire et géographie économiques des classes préparatoires économiques et commerciales (option scientifique) fixés en annexe IV de l’arrêté du 3 juillet 1995 susvisé sont remplacés respectivement à compter des rentrées scolaires 2004 et 2005 par les programmes des première et seconde années d’histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain fixée en annexe du présent arrêté.

Article 2 - L’appellation de la discipline “histoire et géographie économiques” fixée en annexes I et VIII de l’arrêté du 23 mars 1995 est remplacée à compter de l’année scolaire 2004-2005 par l’appellation suivante : “histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain”.
Article 3 - Le directeur de l’enseignement supérieur est chargé de l’exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

Fait à Paris, le 22 juin 2004

I - Les orientations générales

Tel qu’il se présente, le programme s’inscrit dans une volonté globale de renouvellement qui s’exprime par une modification de son appellation et se traduit par une profonde évolution des contenus.

Trois directions essentielles ont été retenues :

a) Inscrire l’histoire et la géographie des classes préparatoires économiques et commerciales dans les nouvelles modalités des parcours des études supérieures de l’Espace européen de l’enseignement supérieur, telles qu’elles sont définies par les textes : Le terme de contemporain a été préféré à ceux de “présent” ou “d’actuel”, même si la période explicitement étudiée se limite au XXème siècle. On ne saurait cependant dissocier celui-ci du contexte du précédent et négliger une profondeur historique qui replace les événements dans les dynamiques de l’économie mondiale telles qu’elles sont apparues avec l’industrialisation.

b) Prendre en compte les objectifs de formation des Grandes écoles de commerce et de gestion, notamment en favorisant une réflexion d’ensemble sur le monde contemporain. L’importance des points consacrés à l’entreprise, la volonté d’offrir une culture géographique prenant en compte l’approche de l’ensemble du globe, la part consacrée au débat géopolitique et géoéconomique doivent permettre l’acquisition de points de repères essentiels pour la culture de futurs acteurs de l’économie. On notera, à cet égard, la présence nouvelle de l’Afrique, trop souvent ignorée, dont les liens avec l’Europe sont pourtant une donnée fondamentale pour celle-ci. .

c) Ajuster les contenus sur ceux qui résultent de l’évolution des programmes d’histoire et de géographie des lycées (et notamment des séries scientifiques) et du renouvellement des approches méthodologiques (en particulier l’étude de cas). Le programme a voulu à la fois prendre en compte ces acquis et éviter un sentiment de répétition démobilisateur. C’est pourquoi on se réfèrera régulièrement au programme du second cycle et aux acquis des étudiants. On notera la place particulière de la France, constante référence de chaque chapitre à orientation plus explicitement historique : il s’agit bien de doter ici l’étudiant d’une culture étayée de l’histoire originale de notre pays en prenant pour base les chapitres correspondants du cycle terminal. En revanche, en géographie, l’importance de la question dans les programmes cités ci-dessus permet d’estimer qu’il n’était pas nécessaire de reprendre une étude systématique de la France. Il est, pourtant, vivement conseillé d’y recourir largement à titre de cas ou d’exemple dans le cadre de l’étude du module III consacré à l’Europe et à l’Afrique.

II - Dans ces conditions, nouvelle appellation et nouveaux programmes proposent de combiner des approches historique, géographique et géopolitique du monde contemporain

1 - Historique.

L’histoire économique n’est pas une simple étude chronologique de faits économiques et sociaux : elle s’inscrit dans un cadre plus large, à l’écart de toute modélisation (sauf si les “modèles” ont eux même une existence historique) et prend largement en compte les aspects politiques et culturels. Cela se traduit par une présence significative de ces aspects dans les modules III et IV dont le libellé est davantage géographique.

2 - Géographique.

Le programme proposé prend en compte l’orientation actuelle de la géographie en se centrant sur les questions de caractère socio spatial et géopolitiques. La préférence accordée à la dynamique géographique des continents vise à donner une vue large des lignes de force de l’évolution du monde actuel. C’est pourquoi l’approche géodynamique continentale a été systématiquement préférée aux études monographiques d’États, de territoires et de secteurs économiques.

2 - Géopolitique.

La confrontation des différences de développement, de culture et de puissance imprègne ce nouveau programme qui doit permettre aux étudiants de comprendre un monde qui ne saurait se réduire à la compétition entre États ou territoires, de plus en plus confrontés à d’autres forces, d’autres réseaux.

III - Organisation du programme et évaluation

a) Les modules, sur lesquels s’articule le programme, doivent être considérés comme un élément de préparation aux concours dont les conditions sont fixées dans les règlements pédagogiques des écoles de commerce et comme des acquis capitalisables en université.

b) Une vision plus synthétique qu’analytique

  • l’histoire et la géographie économiques nécessitent un travail personnel important, notamment de mémorisation. Le souci de donner un ensemble de connaissances de nature à affronter écrit et oral du concours a conduit souvent jusqu’ici à des approches analytiques très approfondies en cours, précédant un travail personnel de réflexion conséquent ;
  • les choix plus synthétiques du présent programme devraient permettre de consacrer le temps de la classe à un travail d’acquisition qui prend tout son sens quand le cours (le plus souvent de deux heures) est centré sur un chapitre court, ouvert par une introduction problématique et clos par une conclusion de mise en perspective permettant ainsi une évaluation en fin de séquence, montrant la capacité d’attention, de mémorisation immédiate et de synthèse des étudiants, qualités si importantes dans les métiers auxquels ils se préparent. Le travail personnel peut ainsi devenir davantage l’occasion d’un élargissement par l’indispensable lecture de journaux ou d’ouvrages qui complètent le cours du professeur.
  • c) En s’inscrivant dans des orientations historiques et géographiques renouvelées, le programme ne peut manquer d’appeler les professeurs à une réflexion épistémologique de plus en plus indispensable à une étude réfléchie des questions abordées. C’est en cela aussi qu’il constituera un outil de réflexion plus opératoire en aidant à une évaluation plus approfondie des situations.

    MODULE I : Les mutations de l’économie mondiale du début du XXème siècle aux années soixante dix

    1.1 TABLEAU DE L’ÉCONOMIE MONDIALE AU DÉBUT DU XXÈME SIÈCLE
    1.1.1 Les sociétés industrielles : technologies et types de croissance, libéralisme
    et grands flux internationaux, empires coloniaux et hiérarchies de puissance
    1.1.2 La France de la Belle époque : un pays en retard ?

    1.2 RUPTURES DE L’ÉCONOMIE MONDIALE D’UNE GUERRE À L’AUTRE (1914-1945)
    1.2.1 Bouleversements et fragmentations de l’économie mondiale
    1.2.2 Mobilisation économique et rôle de l’État : néo-libéralisme, dirigisme
    et planification
    1.2.3 La France de l’entre-deux-guerres entre croissance et immobilisme

    1.3 LA CROISSANCE ET SES FORMES DE LA GUERRE À LA CRISE
    (1945 - DÉBUT DES ANNÉES SOIXANTE-DIX)
    1.3.1 La croissance des pays d’économie libérale. L’exemple de la France
    des “Trente Glorieuses”
    1.3.2 La croissance du monde socialiste (URSS et pays du CAEM)
    1.3.3 La croissance du Tiers monde en recherche du développement
    1.3.4 Le monde du début des années soixante-dix

    Commentaire
    Les orientations générales
    Ce premier module présente l’histoire économique du XXème siècle jusqu’à la crise des années 1970. Inscrit dans un cadre qui demeure organisé autour des trois parties auxquelles les élèves ont été familiarisés par les programmes du lycée, il présente trois caractéristiques :
    1) Une entrée fortement thématique qui met en débat la notion d’internationalisation préparant ensuite une étude de la mondialisation contemporaine.
    2) La prise en compte permanente de l’environnement politique dans le cadre d’une discipline qui se situe d’abord dans l’historicité, même si les acquis de l’analyse et des théories économiques sont de nature à apporter des éclairages utiles.
    3) La présence constante de la France dont l’originalité économique doit être sans cesse soulignée.
    Les composantes historiques
    1) On part d’un tableau de l’économie mondiale qui permet de donner une profondeur historique et une ouverture sur le XIXème siècle. Il s’agit d’engager une réflexion problématique autour d’une organisation de l’internationalisation qui tend à se multipolariser dans le cadre d’un libéralisme dont on étudie les contestations notamment sociales. L’étude de la France permet de s’interroger sur un type de développement où la place du politique est plus centrale qu’ailleurs.
    2) L’époque de l’entre-deux-guerres est centrée d’abord sur l’étude des ruptures de l’économie mondiale liées aux guerres et à la crise. On met en évidence les difficultés des échanges internationaux, le protectionnisme et la tendance à la formation des blocs.
    Guerre et crise conduisent à la mobilisation économique qui place l’État au centre de l’économie. Les trois formes d’action économique et leurs fondements théoriques (en particulier le keynésianisme) sont étudiées à partir de l’étude du cas des États-Unis, de l’Allemagne nazie et de l’URSS. L’étude de la France, dont la croissance de la première moitié du XXème siècle a fait l’objet d’importants débats, partira des acquis de la classe de première.
    3) Les années de croissance de 1945 au début des années 1970 sont étudiées dans un contexte où la Guerre froide joue un rôle majeur. Pour les pays socialistes, l’étude est centrée sur l’URSS et le CAEM, l’organisation centralisée de l’économie et la “division socialiste du travail” Pour le tiers monde, on s’intéressera à l’idée de “modèle de développement” et ses racines historiques.
    La conclusion (point 1.3.4) construite autour de l’étude des grands flux, permet de mettre en exergue une hiérarchie mondiale et de réfléchir sur la nature de l’internationalisation.

    MODULE II : La mondialisation : genèse, acteurs et enjeux

    2.1 GENÈSE DE LA MONDIALISATION
    2.1.1 Crise et restructuration de l’économie mondiale des années 1970
    aux années 2000 : analyse historique et géopolitique
    2.1.2 La mondialisation : les mutations technologiques et structurelles
    Les aspects géo-économiques : la place des États et des institutions internationales
    2.1.3 Le nouveau visage de l’économie et de la société françaises dans le dernier quart
    du XXème siècle

    2.2 LES ACTEURS DE LA MONDIALISATION
    2.2.1 Les hommes : les mutations démographiques. Croissance urbaine et métropolisation
    2.2.2 Les entreprises : des structures et des hommes ; stratégies et territoires
    des entreprises dans le cadre de la nouvelle division internationale du travail

    2.3 LES ENJEUX DE LA MONDIALISATION
    2.3.1 Enjeux énergétiques et alimentaires, sécurités quantitative et sanitaire
    2.3.2 Risques et développement durable. La question de l’eau
    2.3.3 Débats et alternatives : alter et anti-mondialisation

    2.4 CONCLUSION : LA CARTE DU MONDE AU DÉBUT DU XXIÈME SIÈCLE

    Commentaire
    Ce module s’ouvre sur l’étude de la crise de l’ensemble des systèmes dont la croissance a été étudiée. L’aspect politique de ces crises est à considérer. Un chapitre est consacré aux grandes mutations structurelles (dérégulation), à l’impact des nouvelles technologies et aux rôles des États, aux formes et aux échelles de gouvernance économique internationales (des États- régions au G7) et des institutions internationales (GATT puis OMC, FMI, Banque mondiale).
    L’étude des acteurs de la mondialisation, après un chapitre consacré à la démographie, doit accorder une large place à l’étude des entreprises. Celle-ci part de monographies et d’études de cas qui donnent une profondeur historique séculaire, les unes et les autres permettant d’éviter les typologies trop abstraites. Rôle des entrepreneurs d’une part, des partenaires sociaux de l’autre, sont mis en évidence. L’étude des stratégies se place dans le cadre de la nouvelle division internationale du travail, tandis que celle des territoires montre comment les entreprises structurent leur espace en réseaux et organisent leurs relations avec leurs partenaires.

    MODULE III : Géodynamique continentale de l’Europe, de l’Afrique, du Proche et Moyen-Orient

    3.1 L’EUROPE
    3.1.1 Identités et diversités en Europe
    3.1.2 La construction européenne et ses dynamiques géographiques
    3.1.3 Les mutations économiques et sociales et leurs conséquences géographiques
    dans l’Union européenne
    3.1.4 Géopolitique de l’Europe

    3.2 L’AFRIQUE, LE PROCHE ET LE MOYEN-ORIENT
    3.2.1 Géopolitique de l’Afrique, du Proche et du Moyen-Orient
    3.2.2 La diversité culturelle
    3.2.3 Les enjeux du développement 

    Commentaire
    L’objectif de ce troisième module est de donner aux étudiants de seconde année des clefs de compréhension et d’analyse des spécificités et de la complexité des situations qui prévalent aujourd’hui en Europe et en Afrique. Dans ce but, l’histoire, la géographie et la géopolitique sont associées pour offrir une lecture synthétique qui rende compte de manière à la fois précise, nuancée et critique d’une réalité mouvante. Pour ce qui est plus particulièrement du Moyen-Orient, la relation sera faite avec les problématiques dégagées dans le second module autour de la question du pétrole.
    Les étudiants doivent être en mesure à la fois de disserter de manière argumentée sur ces espaces continentaux, y compris dans les perspectives étudiées en première année, d’analyser des documents statistiques et de réaliser des croquis de synthèse simples mais significatifs.
    Les dynamiques géographiques en Europe résultent des formes prises par l’intégration économique, sociale et politique, dans un continent dont l’histoire, chargée de ruptures et de divisions, montre aussi les cohérences culturelles.
    L’étude géopolitique permet d’en mettre en évidence les conséquences actuelles et d’aborder la place et l’action de l’Europe dans le monde.
    L’Europe s’entend à l’échelle d’un continent dont la partie orientale fait partie intégrante. Sa plus petite définition retenue dans le libellé est celle de l’Union européenne actuelle, uniquement pour ce qui concerne les mutations économiques et sociales.
    Les dynamiques africaines demandent, outre la réflexion attendue sur les effets de la récente colonisation et décolonisation dans la structuration des États et des Nations, une mise en perspective qui tienne compte aussi de la diversité et de l’ancienneté des cultures qui se répartissent sur un continent dont l’importance des ressources est un des grands enjeux géopolitiques du XXIème siècle. La présence du Proche et du Moyen-Orient permet en outre de mettre en évidence de manière plus complète les composantes et la problématique du développement.
    Dès lors, les implications des États et des populations apparaissent dans le processus du développement sous la double contrainte de l’influence des puissances régionales et des interventions extérieures.

    MODULE IV : Géodynamique continentale de l’Amérique et de l’Asie

    4.1 LES AMÉRIQUES
    4.1.1 La construction des territoires et les grandes aires culturelles
    4.1.2 Centres et périphéries continentales
    4.1.3 L’Amérique latine entre développement, indépendances et dépendances
    4.1.4 Les États-Unis : économie et société ; des Amériques au monde

    4.2 L’ASIE
    4.2.1 Culture, économie et société des trois puissances du monde asiatique :
    l’Inde, la Chine, le Japon
    4.2.2 Géopolitique d’un continent multipolaire
    4.2.3 Les espaces asiatiques dans la mondialisation

    Commentaire
    L’histoire dans sa dimension la plus large des civilisations, la géographie et la géopolitique viennent rappeler comment ces espaces continentaux à l’identité forte connaissent, de manière récente ou plus ancienne, l’expansion du monde occidental qui confronte leurs populations, leurs sociétés et leurs systèmes économiques aux effets d’une ouverture à l’échelle du monde, dont les modalités peuvent leur échapper.
    En ce qui concerne le continent américain, l’étude insiste sur les conséquences géopolitiques et géoéconomiques de la confrontation de la puissance de l’Amérique anglo-saxonne avec les économies de l’Amérique latine. Le problème de l’intégration régionale et continentale est ainsi posé dans une approche qui met en évidence les centres et les périphéries dans un emboîtement d’échelles qui peut et doit dépasser ici le continent américain.
    Pour l’Asie, il a été retenu d’étudier plus spécifiquement l’Inde, La Chine et le Japon ce qui, du point de vue de la dynamique continentale et de la géopolitique, permet de s’intéresser au sud et à l’est du continent au sens large. Leur insertion dans l’espace mondial trouve ici de fortes résonances à la fois dans la dimension historique du XXème siècle et dans les enjeux géoéconomiques et géopolitiques du monde contemporain (modules 1 et 2).

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    LES AUTEURS

    La direction est assurée par Pascal Gauchon, professeur à Ipésup et directeur de la collection Major PUF. Participent à la rédaction des fiches de nombreux enseignants en classe préparatoire : C. Chancel, E. Duquesnoy, D. HamonE.C. Pielberg, C. Tellenne, P. Touchard, A.S. Letac, Y. Gervaise, F. Munier, P. Royer, S. Delannoy et T. Snegaroff.