Depuis la création de l'euro en 1980 sous le nom de
European currency unit , les fluctuations entre le dollar et l'Euro ont été
assez variantes. Toutefois les analystes financiers constatant la baisse de l'euro
face au dollar un an avant la réelle introduction de cette monnaie, se
sont alarmés. La dépression de plus de 40% de l'Euro a été
favorable en terme de compétitivité extérieure.C'est-à-dire
les produits européens importés aux USA ont été plus
compétitifs car la baisse de l'Euro rend un bien produit aux mêmes
coûts relativement moins cher lorsqu'il est exprimé en devises ,en
l'occurrence en dollar. Cet exemple montre l'importance de l'influence du taux
de change sur la compétitivité extérieure des pays qui est
en fait un élément de la compétitivité prix
et se distingue donc de la compétitivité qualité.En économie
ouverte le taux de change étant un élément prépondérant
à la décision d'échange on peut se demander dans quelle mesure
le taux de change est-il un déterminant de la compétitivité
extérieure des pays.
Il conviendra pour répondre à cette question d'analyser le taux
de change qui peut faire varier la compétitivité extérieure
,la réciproque étant également vraie.Ce hénomène
s'apparente à un effet mécanique entre la balance commerciale et
le taux de change.
Puis il s'agit d'étudier les limites de ce mécanisme et de l'approche
en terme de compétitivité extérieure.
Dans un système de taux de change flottant le taux de change est exclusivement
défini en fonction de l'offre et de la demande de monnaie qui se confrontent.
Dès lors si une monnaie se déprécie ce qui correspond à
une plus faible demande de cette monnaie , alors la compétitivité
du pays va augmenter. En effet si une devise est plus faible les biens exportés
bénéficient de l'avantage de la faiblesse de cette monnaie et
les biens exportés seront relativement bon marché.Le taux de change
permet une augmentation des exportations or le mécanisme revient à
l'équilibre quand les exportations provoquent une rentrée de devises
conséquente qui induit l'augmentation de la monnaie. Ce système
correspond à un système de flottement dit pur. La réalité
actuelle repose sur ce principe pour trois monnaies ,le Yen ,le Dollar et l'Euro.
Toutefois il convient de souligner que ce système est impur car les banques
centrales interviennent dans les faits, alors la différence entre changes
fixes et flottant n'est pas très importante. Dans de tels systèmes
une monnaie qui se déprécie face à une autre bénéficied'une
plus grande compétitivité.
Alors une augmentation du taux de change peut faire baisser la compétitivité
d'un pays et par conséquent perturber l'équilibre interne .Il
faut entendre par là une répercussion sur le niveau de l'emploi
de l'investissement par exemple.Ainsi on comprend la composante "équilibre
de la balance commercial" dans le carré magique de Kaldor étant
donné que le déficit ou l'excédent commercial conduit à
une dépréciation ou à une appréciation de la devise.
Les dévaluations sont des éléments qui permettent de rendre
compte de l'influence du taux de change sur la compétitivité ,et
plus largement des équilibres internes des nations.
La dévaluation consiste à baisser le cours d'une devise face aux
autres afin d'augmenter
la compétitivité extérieure.Il s'agit alors dans un premier
temps d' effets prix ce qui correspond à une baisse des exportations
, puis de suciter des effets-volume positifs: baisse des importations en volume
et hausse des exportations. le schéma décrit correspond à
la courbe en J. La dépréciation permet de "remettre les pendules
à l'heure"et de compenser par un taux de change plus faible une
perte de compétitivité -prix d'un pays et donc de stimuler les
exportations tout en décourageant les importations.La dévaluation
est généralement menée dans un but stratégique comme
ce fut le cas des USA par exemple lorq des années 80.En effet l'importance
du déficit budgétaire américain a conduit les USA au "soft
landing" il s'agit de déprécier le dollar afin d'alléger
le poids du déficit extérieur. Dans les années 30 ,de nombreuses
dévaluations compétitives ont été menées
notamment par la l'Angleterre et la France. Ces dévaluations avaient
pour objectif dans ce contexte de crise internationale de surproduction ,d'être
plus compétitf d'exporter ses produits le moins cher possible. C'est
en quelque sorte préserver son industrie et le niveeau de l'emploi .Cet
exemple révèle que le taux de change détermine la compétitivité
des entreprises et derrière cela la santé économique du
pays.
C'est pourquoi certains pays ont choisi comme stratégie de développement
,une stratégie fondée sur un faible taux de change : celle de
développement par substitution des exportations .Il s'agit d'exporter
un maximum deproduits normalemnt à forte valeur travaillistique, puis
d'évoluer vers des produits plus recherchés. Le Japon s'est ainsi
développé grâce à un yen maintenu faible ce qui a
propulsé ses exportations et par là même favorisé
sa balance des paiements. Le taux de change a donc un effet important sur la
compétitivité des pays ce qui implique sur leur niveau de production
de demande sur leur croissance en général.
Parallèlement , si un pays bénéficie d'une plus grande
compétitivité prix alors son taux de change en sera affecté.Il
s'agit d'exporter d'avantage ce qui permet d'augmenter le solde de la balance
des paiements, et de facto conduit à une appréciation du taux
de change car la demande de la devise concernée augmente.
Certes le taux de change détermine généralement la compétitivité
extérieure des pays tout comme la compétitivité extérieure
agit sur son taux de change, mais ce "mécanisme" dans la pratique
révèle des faiblesses . Le lien taux de change et compétitivité
extérieure n'est toujours validé.
Dans un système de change fixe par exemple, les monnaies sont liées
les unes aux autres selon des parités.Ainsi une variation d'une monnaie
induit une variation du système.Depuis 1980 l'Europe est soumise à
un pacte de stabilité des monnaies.
La dévaluation est possible mais seulement de façon minimale et
très réglementée.
Ainsi la france qui a dévaluée cinq fois entre 1981 et 1987 n'a
pas réussi à réaliser des effets-volume positifs exemptés.Les
dévaluations ont été râtées. Cet échec
s'explique par une consommation française stimulée par la relance
Mauroy qui s'est orientée vers les produits importés,à
la place de s'orienter vers les produits français, ce qui aurait stimuler
l'industrie et l'économie dans son ensemble.Ainsi on comprend que la
dévaluation n'aboutit pas toujours comme le remarque le théorème
des élasticités critiques de Marshall-Lerner.Pour que le solde
de la balance commercial s'améliore lorsque les taux de change varient
il faut que la somme de l'élasticité des importations et celle
des exportations par rapport à la variation des taux de change soit égale
ou supérieure à 1.Or cette condition n'est pas toujours vérifiée.
Le mécanisme de la courbe en J qui met en valeur le lien compétitivité
extérieure taux de change peut également être remis en question.En
effet les entreprises peuvent décider d'augmenter leurs marges ,ou bien
un manque compétitivité-structurelle peut mener une dévaluation
à l'échec.Car la productivité , les charges sociales pèsent
également dans la détermination de la compétitivité-structurelle.
De même on peut remettre en question le lien compétitivité
extérieure et taux de change.Un pays dont la compétitivité
extérieure est relativement élevée ne voit pas obligatoirement
sa monnaie devenir une monnaie fortement demandée et forte. L'exemple
du Japon en témoigne,en effet ce pays de tradition exportatrice bénéficie
d'une monnaie dite "faible" mais le solde commercial positif n'a pas
conduit à augmenter la demande de Yen comme on le suppose théoriquement.Alors
le Japon bénéficie toujours d'une relative compétititivité
extérieure.Néanmoins il convient de souligner que celle-ci n'a
un impact que grâce à l a compétitivité qualité
des produits japonais.Ils profitent d'une bonne réputation due au savoir-faire
japonais, à la qualification de la main d'oeuvre par exemple.Sans ces
derniers la compétitivité extérieure japonaise a peu d'impact.Cet
exemple met en avant les limites de l'analyse en terme de compétitivité
extérieure.Certes elle représente un point essentiel pour l'échange
et peu influer sur le taux de change et vis versa ,mais il n'en demeure pas
moins que des concepts comme celui de la productivité sont souvent plus
adaptés pour évaluer la réelle compétitivité
des économies entre elles.C'est ce que Krugman met en lumière
dans La mondialisation n'est pas coupable.On peut citer l'exemple de
L'Allemagne qui a toujours eu une monnaie forte mais qui n'a pas souffert d'une
mauvaise compétitivité extérieure étant donné
que ses fonctions de production , la qualité de son appareil de production
, la confiance en le produit obtenu grâce au savoir faire allemand ont
fait le contrepoids de ce qui était a priori un desavantage.
Au terme de cette étude il semble que la corrélation première
taux de change et compétitivité extérieure ne soit pas
si évidente qu'il n'y parait.Certes le taux de change est en économie
ouvertes un facteur qui contribue à faire grandement varier la compétitivité
extérieure d'un pays.Mais il semble que le taux de change ne constitue
plus le seul déterminant de la compétitivité, les mécanismes
d'influence mutuelle ne sont pas toujours validés ,le taux de change
n'est pas toujours un élément prépondérant à
la compétitivité extérieure des pays.Des facteurs comme
la productivité ,les charges sociales,la confiance en un produit sont
souvent plus important que la stricte compétitivité prix que représente
la compétitivité extérieure.