La monnaie, un bienfait absolu.

Bonnes Copies

Bonne copie du lycée : 44 - Nantes - Lycée Vial

Cette copie a été notée : 18 / 20

Commentaire du professeur : Très bon travail


La monnaie correspond à l'ensemble des moyens de paiements dont disposent les agents économiques pour régler leurs transactions. Pour certains auteurs, elle doit rester ce simple moyen de pallier les inconvénients du troc et de faciliter les échanges. Dans cette conception instrumentale de la monnaie, celle-ci est un « voile », il y a dichotomie entre les phénomènes réels et monétaires. Pour d'autres, la monnaie est un rapport social, elle est au coeur de la vie socio-économique, il n'y a pas de dichotomie possible dans la mesure où l'échange n'existe pas sans la monnaie.
La monnaie peut-être considérée à la fois comme moyen de faciliter les échanges et comme rapport social mais dans tous les cas, elle semble être indispensable à la vie économique. En effet, de par sa triple fonction et son pouvoir d'action sur la société, la monnaie apparaît comme un bienfait absolu car elle agit de manière positive sur la régulation sociale et économique sans dépendre de qq. autre moyen d'action, par son essence propre.


1.Fonctions de la monnaie :un bienfait pour les comportements

La monnaie assure par ses 3 fonctions l'existence et la subsistance des échanges et donc de l'économie.


1.1.Unité de compte

Tout d'abord, la monnaie est indispensable afin de rendre commensurables ou homogènes entre eux les différents produits physiques, qu'ils soient de consommation ou d'investissement. Il est vrai que les biens et services forment un ensemble très hétérogène.
La monnaie fournit un moyen de comparer les valeurs de ces différents biens et services. C'est une unité de compte, un étalon de valeur.
Pour obtenir une unité de biens, l'individu doit donner une certaine quantité d'unités monétaires.


Il s'agit ici de la monnaie au sens de « numéraire » défini par Léon WALRAS comme un nombre pur, sans dimension. Son rôle est alors de permettre l'échange car si la monnaie n'était pas présente dans les transactions, aucun échanges au sens propre ne pourrait exister, car les objets cédés réciproquement n'admettraient aucune mesure numérique et ne pourraient donc être les termes d'une équivalence. On voit ainsi que le bienfait premier crée par la monnaie, c'est tout simplement de rendre les marchandises homogènes entre elles et donc de donner naissance à l'économie.


1.2.Intermédiaire des échanges

La monnaie en tant qu'unité de compte n'est qu'un nombre pur et les nombres ne s'échangent pas contre des biens d'où la nécessité d'une opération qui change la monnaie en unité de paiement : C'est la monétisation de l'économie avec la rémunération des inputs en monnaie au lieu d'être payés directement en nature.
La monnaie devient alors l'intermédiaire des échanges ; elle est reconnue comme tel par l'ensemble des créanciers. Elle constitue ainsi un instrument de paiement universel dans la mesure ou , dès lors, elle absorbe (marché des inputs) ou libère (marché des produits).


1.3.Réserve de valeur

Enfin, la monnaie, outre ces 2 bienfaits de mesure des valeurs et d'intermédiaire des échanges, constitue également une réserve de pouvoir d'achat. Elle fournit en effet un moyen de différer l'utilisation du produit de la vente de biens ou services. Les agents économiques qui se constituent des réserves monétaires de valeur déposent donc dans leur patrimoine des produits futurs et non un « bien monétaire qui serait doté en permanence de qq. mystérieuse valeur propre ».


On peut donc dire que si la monnaie n'existait pas, aucune mesure n'existerait en économie, qui ne serait donc pas l'objet d'une organisation ni d'une science. De leur coté, les revenus macroéconomiques seraient inexistants et les agents ne disposeraient d'aucun pont entre le présent et l'avenir.

2.La politique monétaire : un bienfait pour la régulation

Pourtant, l'analyse statique de la monnaie ne révèle pas tous le bienfaits que celle-ci peut engendrer d'ou la nécessité de la placer dans un cadre dynamique. La Monnaie apparaît donc comme un outil essentiel de la régulation économique et elle se place donc au centre des réflexions théoriques. Peu importe la vision choisie, mais qu'elle soit neutre ou active, la monnaie demeure un enjeu au niveau économique tant au niveau national qu'international.

2.1.Au niveau national

En effet, l'Etat peut choisir de mener, par l'intermédiaire de la banque centrale, une politique monétaire active en fournissant les liquidités nécessaires au bon fonctionnement et à la croissance de l'économie tout en veillant à la stabilité de la monnaie.
Les objectifs de la politique monétaire rejoignent ceux de la politique économique que sont la croissance (avec un niveau satisfaisant de moyens e paiement en circulation dans l'économie) et la stabilité interne de la monnaie ( afin d'éviter l'inflation ).
Mais la politique monétaire ne peut pas agir directement sur ces objectifs. En revanche, elle peut agir efficacement sur certaines variables de l'économie qui elles-mêmes influencent les objectifs de croissance et de stabilité des prix. Les autorités monétaires se fixent donc des objectifs intermédiaires sur lesquels elle exercent une influence directe notamment les objectifs quantitatifs et les objectifs de taux d'intérêt. Ainsi, la monnaie est un bienfait puisque la maîtrise de la masse monétaire permet la maîtrise du niveau des prix. L'objectif consiste pour les autorités à fixer un taux de croissance pour l'augmentation annuelle de la masse monétaire. Durant l'année, les autorités devront donc utiliser tous les instruments de la politique monétaire qui sot à leur disposition pour que la masse monétaire ne dépasse pas la taux fixé.
Ainsi, l'inflation reste contrôlée, la hausse des prix limitée.
La banque centrale peut aussi se fixer des objectifs de taux d'intérêt afin d'orienter l'investissement et la consommation . Les autorités monétaires ne peuvent évidemment pas déterminerun taux précis mais la banque centrale est un acteur suffisamment important sur le marché monétaire l'orienter au niveau désiré. Lorsque les autorités souhaitent favoriser l'épargne des ménages (pour aider l'industrie ou pour réduire une consommation jugée trop importante ), elles cherchent alors à relever les taux d'intérêt. A l'inverse, un objectif de taux d'intérêt faibles doit conduire à stimuler la croissance et l'investissement (le coût des emprunts diminuant).

2.2Au niveau international

Outre ce rôle bienfaiteur de régulatrice au sein de l'économie national, la monnaie occupe également une place essentielle au niveau international. Un pays peut ainsi adopter 2 stratégies opposées. Soit il choisit une dépréciation de sa monnaie pour relancer ses exportations. Soit il choisit une appréciation de sa monnaie s'il veut bénéficier d'une désinflation importée avec la baisse des prix de ses importations. Dans ce second cas, le pays mène une politique de monnaie forte, l'appréciation de celle-ci lui permettant d'entrer dans un cercle vertueux où la hausse de la valeur de la valeur de la monnaie sur le marché des changes permet de lutter contre l'inflation. les importations deviennent moins chères, ce qui contribue à limiter les coûts de production et favorise la baisse régulière du taux d'inflation. L'enjeu monétaire ou bienfait monétaire est alors double puisque la politique de la monnaie forte permet de lutter contre l'inflation mais aussi d'assurer la modernisation de l'appareil productif puisque l'abaissement du prix des produits importés entraîne l'élimination ou l'adaptation des entreprises qui se révèleraient peu compétitives (à l'inverse une dépréciation permet de protéger les entreprises nationales de la concurrence extérieure).


Conclusion :
La monnaie est donc à la fois dans son analyse statique et dans son analyse dynamique un bienfait absolu en économie dans la mesure où elle assure l'existence de l'échange et où elle permet un meilleur fonctionnement de l'appareil productif.
Or comme le dit le proverbe, « un bienfait n'est jamais perdu » et la monnaie elle aussi est récompensée pur son action bienfaisante. Ainsi, elle est aujourd'hui au coeur de la globalisation financière décrite par Henri Bourguignat lorsque celui-ci parle des 3D (déréglementation, décloisonnement, désintermédiation). La monnaie est ainsi désirée pour elle-même : l'argent est placé sur les marchés financiers plutôt que dans le secteur productif.
Le bienfait absolu risque alors de devenir absolutisme, hégémonie totale des finances sur le réel avec le danger de perte d'indépendance des gouvernements. La monnaie doit donc rester un outil si elle veut toujours être considérée comme un bienfait.