Les relations entre l'épargne et la croissance économique
sont très étroites, mais le sens de l'influence d'un des éléments
sur l'autre varie selon la place que l'on donne à l'épargne. La
place de l'épargne détermine le sens de la corrélation. On
étudiera dans un premier temps le point de vue classique qui établit
l'épargne comme source de la croissance , puis dans un deuxième
temps , on analysera le concept Keynésien inscrivant l'épargne à
la seconde place après l'investissement.
Pour les néoclassiques , l'épargne entraîne
la croissance qui est à son tour facteur de l'épargne, établissant
un cercle vertueux.
Les classiques considèrent l'épargne comme élément
premier avant l'investissement. L'épargne donne lieu à des investissements
qui sont financés par de la monnaie exogène. Ces investissements
vont augmenter la capacité de production des entreprises et également
le progrès technique qui constitue un facteur majeur de la croissance,
comme l'ont dit Schumpeter et Kondratieff dans leur théorie des cycles
de la croissance. Ces investissements vont permettre aux entreprises d'atteindre
de nouveaux marchés en établissant une offre appropriée
. Les entreprises sont ainsi plus aptes à faire face à la concurrence.
L'épargne génère donc l'offre.
Or, pour les classiques , la demande dépend de l'offre. Les investissements
entraînent une augmentation des embauches , ainsi qu'une hausse des revenus
, qui va à son tour entraîner une augmentation de la demande, une
hausse de la consommation. L'épargne est donc origine de la croissance
puisqu'elle influe positivement sur le progrès technique, l'offre, la
demande. Et ce, car pour les classiques , l'offre crée sa propre demande.
L'épargne est donc facteur de la croissance. Or, la croissance
va se traduire par une augmentation des embauches au sein des entreprises et
à une augmentation des investissements . La croissance va donc créer
une augmentation des revenus, du niveau de vie. Or , l'épargne constitue
la partie du revenu qui n'est pas consommée et , lorsque les revenus
des individus augmentent , leur propension à consommer diminue. Ils vont
donc épargner l a partie de revenu qu'ils n'ont pas consommé.
L'épargne va donc croître fortement, entraînant à
son tour la croissance, créant ainsi un cercle vertueux entre l'épargne
et la croissance.
Celui ci est d'autant plus fort que la croissance générée
par l'épargne va créer une augmentation du chiffre d'affaires
puisque les consommations sont plus élevées. Cela va engendrer
une augmentation de l'excédent brut d'exploitation plus élevé,
donc peuvent accroître la part destinée à l'épargne
dans un but d'augmenter les taux d'autofinancement. la croissance engendre une
augmentation de l'épargne.
Ainsi, pour les classiques, l'épargne crée l'offre ,donc la demande,
cela entraîne la croissance qui à sont tour augmente le taux d'épargne.
Et ce , car l'épargne est première.
Les keynésiens considèrent l'investissement comme préalable
à l'épargne, et donc la croissance générant et limitée
par l'épargne.
Pour les keynésiens, l'investissement précède
l'épargne ; il constitue l'élément majeur de la croissance.
Il ne peut pas être financé par de la monnaie exogène puisqu'il
est premier, il est donc financé indirectement par de la monnaie endogène.
Pour les Keynésiens, l'investissement engendre une hausse de la consommation
qui, à son tour va générer une hausse des investissements.
C'est le multiplicateur Keynésien, il constitue pour les keynésiens
le facteur le plus fort de la croissance. Ainsi en période de récession
ils préconisent l'intervention de l'état. Comme cela fut le cas
aux Etats-Unis avec la politique du New-Deal qui par un fort investissement
sortit le pays de la crise. Lors du processus du multiplicateur d'investissements
keynésien, les consommations qui traduisent donc des revenus ne sont
pas réinvesties totalement. Une partie est épargnée, c'est
donc pour cela que l'effet multiplicateur n'est pas infini. La croissance générée
par le multiplicateur d'investissement agit sur l'épargne.
De plus les investissements engendrent une hausse du progrès technique,
une hausse de l'emploi , du niveau de vie car une hausse des revenus. Or, la
propension à consommer ne variant que très peu, cette hausse des
revenus traduit une hausse de l'épargne.
Mais alors que le concept classique écrit un cercle vertueux
entre la croissance et l'épargne. Pour les keynésiens à
court terme la croissance est limitée par l'épargne. Car l'épargne,
par définition, constitue la partie des revenus qui n'est pas consommée,
mais épargnée. L'épargne traduit donc un manque de consommation.
Alors que la croissance n'est possible et n'est favorisée que par une
forte demande qui reflète et entraîne de forts investissements.
Elle entraîne une épargne de plus en plus forte, et donc une baisse
de la demande. La croissance est donc dans ce cas limitée par l'épargne.
C'est pour cette raison que Keynes disait " qu'il faut euthanasier les
rentiers " car l'épargne nuit à la croissance, à l'économie.
Pour les Keynésiens , la croissance entraîne l'épargne
qui établit à court terme un processus sous efficient limitant
la croissance.
Pour les classiques, les relations établies entre l'épargne et
la croissance constituent un cercle vertueux. Pour Keynes , l'investissement
crée la croissance qui génère l'épargne. Selon la
place que l'on donne à l'épargne , le sens des corrélations
entre l'épargne et la croissance change. Keynes souligne également
le fait que l'épargne freine la croissance à court terme. Quelles
sont les conséquences de l'actuelle multiplication de la finance directe
sur la croissance ?