Croissance économique et urbanisation dans les pays en développement.

Bonnes Copies

Bonne copie du lycée : 75 - Paris - Collège Stanislas

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Commentaire du professeur : un effort pour soulever de nombreux enjeux du sujet et les organiser clairement dans le cadre d'une démarche globalement efficace.toutes les affirmations toutegois doivent etre appuyées systématiquement d'exemples précis.Sinon vous priviligiez le discours d'économie gén"rales au détriment de l'approche géographique.Quelques maladresses.


Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale et les mouvements de décolonisation, les pays en voie de développement connaissent un phénomène qualifié d'explosion urbaine. Ainsi l'urbanisation qui est un mouvement qui décrit le développement ,l'extension des villes et des espaces dit urbanisés , se caractérise par un accroissement du nombre et de la taille des villes ainsi que de leur population mais aussi par les mutations des espaces ruraux par diffusion de comportement ,adoption de mode culturel ,de référence et de valeurs urbaines. Quant à la croissance économique ,elle se définit par l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs longues périodes, un développement durable de l'économie. Depuis les années 1980,on parle non plus d'un tiers-monde mais des tiers mondes soulignant les différentes voies dans lesquelles se sont engagés les pays en développement. Croissance économique et urbanisation agissent_elles en interaction l'une sur l'autre ?Ont-elles les mêmes effets sur les différents pays que l'on regroupe sous la dénomination de pays en développement ?Si la croissance économique et l'urbanisation agissent l'un sur l'autre, leurs effets ne sont pas toujours des plus attendus et leurs variations induisent un développement qui diffère entre les pays.

Si la croissance économique agit sur le mouvement d'urbanisation des pays en voie de développement (PED) ,celui-ci entraîne aussi la croissance économique.
Le tiers-monde est aux racines de l'histoire urbaine de l'humanité .Les sites urbains les plus anciens se trouvent en Asie Mineure ,en Mésopotamie, dans les plaines de l'Indus, du fleuve Jaune ou du Nil mais aussi en Afrique méditerranéenne. Ainsi ,les villes se situent surtout en position littorale à cause des échanges qui ont lieu par la mer. Au XVe siècle, l'économie de traite entraîne le développement de comptoirs côtiers qui se transforment en réseaux urbains côtiers avec la colonisation au XIXe et Xxe siècle. Si la colonisation fortifie la présence urbaine en s'appuyant sur des cités existantes comme Shanghai ou Canton ou en créant de nouvelles villes, c'est surtout pour des raisons commerciales. Ainsi la croissance des échanges entre métropoles et colonies alimentant la croissance économique conduit à l'urbanisation des colonies. Ainsi les grandes villes africaines sont surtout des villes portuaires ,centres d'exportation des produits agricoles et miniers et d'importation des marchandises des pays développés. Elles sont au carrefour des routes maritimes et continentales le plus souvent comme Alexandrie, Casablanca ou Abidjan.
Cependant, le phénomène d'urbanisation reste limité dans les PED avant 1945 et s'accélère par la suite. La croissance économique passe par les réformes agraires. En effet ,celles-ci permettent de dégager des capitaux alimentant la croissance économique puisque les paysans, autrefois pauvres, s'enrichissent donc deviennent consommateurs et les indemnités reçues par les grands propriétaires leur permettent d'obtenir un capital susceptible de servir au développement industriel en ville .La croissance économique permet donc l'urbanisation par le fait qu'elle dynamise le système productif. D'autre part, par ces réformes, le trop plein de main d 'œuvre agricole se dirige vers les villes. C'est l'exode rural qui aliment la croissance économique par les emplois occupés en ville d'où m'urbanisation augmente.
Enfin ,l'installation des secteurs secondaire et tertiaire en ville par leur dynamisme alimente la croissance économique des PED.L'urbanisaton est alors nécessaire et se réalise de fait. L'activité industrielle reste faible, environ 10% des emplois en Afrique. C'est surtout la croissance économique générée par le tertiaire et notamment le secteur informel qui explique l'urbanisation. La croissance économique permet une augmentation de la taille de la ville, des logements, une desserte du territoire.

La ville apparaît comme le lieu propice à la croissance économique qui était limitée dans les campagnes. En effet ,la ville est un centre de production ,de consommation. La gamme de possibilité d'emplois, de promotion, de revenu est plus étendue et variée à la ville qu'à la campagne. La croissance de la production atteint ainsi les 10% du produit national brut (PNB) mondial en Asie du sud est , 6,5% en Amérique Latine. L'activité urbaine est largement dominée par les services dans des pays comme l'Afrique. La grande ville a une fonction international de métropole -relais des économies dominantes par le port, l'aéroport, l'hôtellerie internationale. On y retrouve les principales institutions financières mais aussi les administrations publique de l'Etat.
De plus ,la ville est le lieu où se concentrent les investissements nationaux ou étrangers. C'est un centre d'implantation auquel s'ajoute les entreprises étrangères qui délocalisent leur production dans les PED.A cela s'ajoute un secteur informel qui se manifeste par les services financiers, commerciaux ou de transport. Ce secteur représente 40 à 50 % des emplois et engendre une croissance économique qui n'existe pas dans les campagnes. En Afrique, les petites activités sont fondées sur des rapports de parenté, de clientèle et le secteur informel constitue une parade économique au sous-emploi et un amortisseur social à la crise.
Enfin, la croissance urbaine atteignant des sommets supérieurs à 5% par an ,dans les années 1970-1980 avoisinent les 10% parfois en Afrique. L'Amérique Latine est peuplée à la fin du XXe siècle de 70% d'urbains ,l'Asie de l'est de 35 à 40% et l'Afrique d'environ 33%.Souvent autour des villes se développent des activités agricoles que l'on appelle périurbaines pour alimenter ,ravitailler les villes. Ainsi l'urbanisation entretient à sa périphérie le secteur primaire qui participe alors à la croissance économique.
Si croissance économique et urbanisation agissent l'un sur l'autre ,des effets qu'ils produisent sont parfois pervers.

L'urbanisation et la croissance économique ont engendré des effets pervers qui malgré des mesures ont du mal à être résolus.
L'urbanisation est déséquilibrée dans sa répartition. De façon générale, la population se répartit en tiers ,un pour les villes de moins de 100000 habitants, un pour les villes de 100000 à 1 million, et un pour les villes de plus d'un million En Amérique Latine, on constate une relative faiblesse des agglomérations moyennes.40% sont inférieures à 100000 habitants et 36% supérieurs à un million. En Asie du sud-est, il y a une primauté de petites villes. Mais en Afrique du nord ,au Moyen-Orient et en Chine ,cela est à peu près équilibré.
De plus, les réseaux urbains sont généralement mal structurés, cela étant lié à la faiblesse des réseaux de transports. Les phénomènes de macrocéphalie c'est -à-dire d'hypertrophie des villes sont nombreux s'accompagnent d'une littoralisation marquée. Dakar au Sénégal regroupe 60% de la population urbaine. Il existe aussi quelques bicéphalies comme au Cameroun avec Douala et Yaoundé. Mais les réseaux équilibrés sont rares sauf en Algérie ,en Afrique du sud et au Nigeria. C'est un handicap évident pour un développement harmonieux d'autant plus que beaucoup plus difficile à gérer qu'une agglomération normal.
Enfin, les villes sont confrontées à de sévères difficultés. Le tissu urbain est de plus en plus complexe. La ville moderne souvent calquée sur la métropole est juxtaposée à la ville traditionnelle comme la Médina au Maghreb. Des lotissements se construisent , des installations illégales, les bidonvilles se mettent en place. dans la ville même ,la ségrégation est sociale et spatiale avec des quartiers pour riches, pour classes populaires…Enfin, le poids de la pauvreté est omniprésent. L'absence de planification urbaine se traduit par l'asphyxie liée à la circulation automobile, au manque d 'approvisionnement en eau plate au gaspillage, à la violence et à l'insécurité. La croissance économique n'a pas contribué à l'éradication des maux dus à une urbanisation anarchique.
Ainsi, des tentatives ont été menées pour améliorer les disparités du territoire et une meilleure utilisation des fruits de la croissance. L'intégration des espaces marginaux peut être recherchée par l'implantation de nouveaux pôles de développement industriels ou agricoles. Mais reposant surtout sur une activité unique comme celles de l'industrie lourde : sidérurgie, raffineries ,production d'énergie ou bien sur le tourisme international ou les aménagements portuaires, ils se révèlent incapables d'y diffuser le progrès attendu. Avec la forte urbanisation ,l'exode rural peut induire le sous-développement.
De plus ,un rééquilibrage peut être également tenté avec la création de villes nouvelles intérieures en particulier de nouvelles capitales comme Brasilia, Abuja au Nigeria ,Yamoussoukro en Cote d'Ivoire ou bien en favorisant l'émergence de réseaux urbains régionaux plus étoffés. Des efforts de décentralisation industrielle sont aussi menés ainsi que de véritables politique régionales comme dans le sud-ouest ivoirien, autour du port de San Pedro ,ou au Brésil. Dans la villes même, des réformes de l'Etat ont tenté de prendre compte des mauvaises conditions de vie ce qui a conduit à des opérations de planification urbaine comme au Caire où l'Etat crée des lotissements qu'il revend ensuite.
Cependant faute de moyens financiers et de volonté politique suffisamment affirmée, la plupart de ces mesures n'ont qu'un impact réduit. D'autre part, la ville perturbe les lois du marché selon la banque mondiale pour qui les politiques étatiques perturbent le jeu de l'offre et de la demande. Face à la demande alimentaire accrue des villes, beaucoup de PED, par leur pratique des prix et des taux de change ,favorisent les importations au détriment des productions nationaux. Le " biais urbain " perturberait ainsi les grands équilibres macroéconomiques donc la croissance économique.

Les mesures prises par l'Etat ont d'autant moins d'effets que d'autres facteurs que la croissance favorise l'urbanisation sauvage. L'apport migratoire joue un rôle décisif, engendrant à lui seul de 60 à 70% de l'accroissement urbain total. Il a commencé en Amérique Latine dès 1960.En Afrique, à Kinshasa,57% de la population est née à l'extérieur.
A cela s'ajoute le facteur naturel qui a tendance à l'emporter depuis quelques années. La ville croit à cause de la forte natalité ,la migration y ayant amené des individus essentiellement jeunes. Néanmoins, il y a une diminution du poids des traditions qui induit une légère baisse de la natalité. Mais grâce aux installations sanitaires, la mortalité infantile est en baisse ainsi que le taux de mortalité. Au Caire ,90% de la croissance urbaine résulte de ce facteur.
Enfin , la ville a aussi " un effet mirage " car elle représente la modernité. Les migrants espèrent une meilleure instruction, une vie meilleure. La fascination pour la ville est grande bien que 9 fois sur 10 la situation ne s'améliore pas. Elle permet un encadrement scolaire de meilleure qualité et renforce ainsi les chances d'ascension sociale. Mais la ville offre aussi une structure sociale moins contraignante que celle des communautés villageoise du moins dans un premier temps.
Ainsi ,l'urbanisation n'est pas toujours au service de la croissance économique et peut avoir des effets néfastes.


La croissance et l'urbanisation ne semblent donc pas suffire à assurer un développement harmonieux des PED.Cependant certains pays semblent mieux s'en sortir que d'autres.
L'inégalité des performances économiques est plus marquée encore entre les pays du Tiers Monde que parmi les pays industriels. Ainsi des pays comme ceux du sud est asiatique ou d'Amérique Latine ont connu des croissances économiques tout en s'urbanisant. Leur situation est proche des pays développés à économie de marché (PDEM).CE succès semble pouvoir être attribué au fait que ces pays ont favorisé une industrialisation pendant leur urbanisation. Ainsi la Corée dès les années 1960 entreprend des réformes agraires et lance son pays dans la voie de l'industrialisation. Ainsi la proportion importante du PNB produite par les villes du sud -est asiatique ou comme le Brésil et au Mexique est significative. L'urbanisation génère le " développement économique " ,c'est_à_dire une hausse du revenu entraient des bouleversements sociaux et culturels indissociable de l'industrialisation et par la suite du tertiaire .La Corée du sud a une population urbaine de plus de 80%,Taiwan 75%.
De plus ,ces pays ont adopté une stratégie d'ouverture sur l'économie mondiale notamment avec leurs exportations. Or cette ouverture dans les années 1960-1970 coïncide avec la croissance économique devenue depuis un siècle un phénomène mondial, le " rattrapage " repose sur l'apprentissage des technologies les plus avancées. Il est inséparable ,pour chaque économie nationale ,de son intégration aux échanges internationaux. Le dynamisme des pays développés dans les années1950 à 1970 joue aussi le rôle d'entraînement. On remplace alors l'expression de " villes mondiales " par leur PNB dans leur total national, le nombre de sociétés multinationales installées dans la cité, les niveaux des banques ,internationalisation du tertiaire ,niveau de commandements…

Des pays comme la Chine restent encore peu urbanisés. Cependant leur croissance économique est de loin supérieure à celle des PDEM.La Chine possède 400 millions de citadins, la population urbaine la plus importante du monde mais sur une population totale d'environ 1,2 milliards. Elle possède aussi une trentaine de ville millionnaires dont cinq dépassent les cinq millions d'habitants. Les problèmes d'équipement et d'intégration y sont considérables. Mais l'industrie d'exportation y trouve la main d'œuvre qui contribue à la développer bien que trois décennies auparavant ,les autorités aient régulé les mouvements migratoires vers les villes donc l'urbanisation. Aujourd'hui ,le développement chinois est contrastée puisque le surpeuplement des campagnes rend tout modernisation de l'agriculture impossible et l'industrie dans les villes obsolètes. Ainsi, on constate que seule la Chine orientale se développe rapidement à partir des trois principaux ensembles urbains du pays sur la façade maritime .La Chine centrale aux fortes densités rurales reste essentiellement agricole et la chine occidentale pauvre.
L'Inde est aussi un pays où la population rurale reste forte. Mais les villes sont désormais les foyers du développement et de l'ouverture après une stratégie de développement autocentré du pays dans les années 1970.La voie indienne du développement a d'abord fonctionné selon un modèle réformiste avec une planification souple qui refusait d'importants programmes d'appropriation collectives. Quelques grandes entreprises nationales ont géré les équipements de base dans l'industrie lourde, l'énergie, les transport et l'armement. La priorité avait été donné à l'investissement avant de satisfaire les besoins de la consommation, créant ainsi un modèle austère et peu ouvert sur l'extérieur. Avec une politique d'inspiration libérale, les restructurations d'entreprises et les déréglementations profitent à l'axe Bombay-Ahmedabad, du Pendjab ,grandes agglomérations urbaines. Les principaux groupes industriels du secteur privé ,à capitaux familiaux, tels Fata et Birla sont devenues des grands " empires " avec des fabrications très diverses comme la sidérurgie , le ciment, l'engrais , les biens de consommation…
Enfin ,l'Afrique sub-saharienne montre que le processus d'urbanisation est en décélération. En effet, l'évolution de l'urbanisation en Afrique dépend du rôle que va jouer le continent dans l'économie mondiale. Les politiques d'ajustement doivent en principe, à long terme ,encourager la productivité aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain et donc favoriser la constitution d'un secteur industriel. La conséquence d'une industrialisation renouvelée pourrait être une relance du processus d'urbanisation ,en raison des économies d'agglomération que permettent les villes. L'Afrique ne serait donc pas au stade de saturation urbaine. L'urbanisation sans industrialisation en serait donc arrivée à ses limites. Ainsi la ville en Afrique s'est construite sans le développement et n'apparaît donc plus comme un lieu privilégié mais parfois d'exclusion. Parfois la seule réponse à la crise urbaine est " l'exode urbain ".


La croissance économique et l'urbanisation dans les PED sont liés puisqu'elles agissent l'une sur l'autre. Cependant une démesurée peut provoquer les phénomènes de crise urbaine. L'urbanisation n'est pas non plus une condition nécessaire au développement. Les situations
extrêmement différentes des PED suggèrent donc que les éléments tels qu'une
urbanisation maîtrisée ,une industrialisation, une tertiarisation, une ouverture sur le monde sont des conditions nécessaires à la croissance économique et au développement ?Chacune doit figurer au tableau .