En Indonésie, depuis la crise asiatique de 1997,les
affrontements entre communautés ethniques se sont multipliés. Les
Chinois qui jouent un grand rôle dans l'économie du pays ont été
accusés de s'être enrichis aux dépends du reste de la population
indonésienne. A chaque manifestation ,les magasins chinois sont pris pour
cible ,montrant le manque de cohésion dans la société. Economie,
population et société sont donc des notions fortement imbriquées.
Comment se caractérise la population, la société et l'économie
dans les pays en développement ? La population se caractérise par
la natalité, la mortalité et sa mobilité. La société
fait référence à la culture, aux traditions d'une population.
L'économie s'évalue par le produit national brut, le produit national
brut par habitant, le produit intérieur brut, la croissance économique
et le développement économique qui peut en découler. L'économie
est aussi évaluée par les structures de la population par secteur.
Les pays en développement sont situés en Amérique Latine,
en Asie et en Afrique. Ils sont aujourd'hui très hétérogènes
alors que quelques années auparavant on les regroupait sous la dénomination
de Tiers-monde. Aujourd'hui, ces pays en développement sont toujours en
retard par rapport au pays développés à économie de
marché (PDEM) malgré le progrès de certains. Population et
société influent -elles sur l 'économie ?L'économie
influe t_elle aussi sur la population et la société ?Les pays en
développement dans un contexte de mondialisation vont-ils parvenir à
surmonter leurs difficultés ou demeurer des périphéries en
confortant le schéma braudélien ,centres et périphéries
?Si la population et la société influent sur l'économie,
celle-ci joue un rôle sur la population et la société. La
mondialisation est-elle une chance pour ces pays ?
Les pays en développement (PED) ont presque tous été
colonisés dans le passé. Cette colonisation a été
bénéfique pour eux dans la mesure où elle a mis fin aux
guerres entre tribus ,elle a favorisé une baisse de la mortalité
par l'apport de progrès sanitaire. Mais globalement, elle a été
néfaste car elle a cantonné les économies des pays colonisés
dans des cultures vivrières, empêchant tout développement
industriel pour ne pas créer des concurrents à terme. Un des seuls
groupes industriels à se développer dans les colonies à
cette époque est le groupe Tata en Inde et ce grâce à ses
propres fonds les infrastructures de transports sont le plus souvent créées
du lieu d'exploitation au littoral, surtout en Afrique..
La décolonisation s'est amorcée juste après la deuxième
guerre mondiale pour les colonies britanniques. Les autres se déroulent
dans les années 1960-1970.ces volontés de se défaire des
tutelles des métropoles viennent surtout des élites éduquées
dans ces métropoles même. Pour les élites, les économies
de leur pays et la population sont exploitées et restent donc en retard.
Suite à la décolonisation de certains pays, la volonté
de s'affirmer économiquement et politiquement est grande comme le symbolise
en 1955 le conférence de Bandoung, puis de Brioni. La conférence
de Belgrade de 1961 souligne le volonté de non-alignement avec les deux
blocs internationaux. Malgré cela, les anciens pays colonisés
s'orientent quelques années plus tard vers la voie libérale ou
socialiste et des stratégies d'industrialisation différentes.
Mais aujourd'hui hormis des pays comme ceux d'Asie du sud-est ou le Mexique,
les PED restent en retard par rapport aux PDEM,économiquement et la population
possède des caractéristiques qui rappellent celles des PDEM,il
y a plus d'un siècle, mortalité et natalité élevées,
concentrée dans le secteur primaire ,voire secondaire.
La population et la société jouent un rôle
sur l'économie. En effet, comme le montre le Japon dans les années
1950,croissance économique et population sont liées. Pour la première
fois dans le monde un pays fait ce lien. L'économie pourrait être
affectée par une forte pression démographique. Des pays comme
la Chine ou l'Inde tentent de limiter la natalité à la fin des
années 1950 et 1960 sans succès.
En outre ,l'héritage culturel, des traditions, peuvent constituer un
frein à l'activité économique. D'une part, dans les pays
où les religions musulmanes, catholiques dominent, la population utilise
peu ou pas de contraceptif. D'autre part, la femme peut être cantonnés
aux travaux domestiques et ne peut pas participer à l'économie
du pays. C'est le cas dans beaucoup de pays islamiques ou des pays d'extrême
orient où la femmes travaille peu. La notion de réincarnation
en Inde est un frein aussi car on obtiendrait un statut dans la société
selon ses actions dans une vie antérieure. Mais l'héritage culturel
peut aussi s'avérer un atout notamment dans les pays où le shintoïsme,
le confucianisme ont été intégrés à la société
comme en Corée du sud.
De plus, le manque de cohésion d'une société peut affaiblir
l'économie. Si la population est diversifiée éthiquement
ou par la religion, des conflits intérieurs peuvent paralyser l'activité
économique comme en Indonésie ou en Malaisie .Les conflits internes
constituent aussi une façon d'empêcher l'activité économique
notamment par la part du budget dans la défense. Les conflits entre l'Inde
et le Pakistan grèvent les budgets des deux Etats. Il y a donc effet
d'éviction pour l'économie et son développement.
La population peut aussi servir l'économie si elle est
abondante, éduquée et docile comme à Taiwan ou en Corée
du Sud où le taux d'alphabétisation dépasse les 90%.Néanmoins,
dans ces deux pays où le niveau économique est élevé
la main d'œuvre refuse de plus en plus de se sacrifier. Si la population
est éduquée, elle facilite le développement économique.
De plus, une population qui épargne comme dans les pays d'Asie du sud
est apporte des capitaux pour l'industrialisation. Mais la consommation est
aussi nécessaire pour les pays qui ont adapté la stratégie
d'industrialisation par substitution aux importations, comme le Mexique. Cependant
le produit national brut (PNB) des PED demeure faible par rapport aux PDEM sauf
ceux de la Corée du sud par exemple qui s'apparente aux pays développés.
Les structures de la population active montrent le retard de ces pays par rapport
aux PDEM dans la maturité économique. Mais l'exode rural favorise
une main d'œuvre qui se dirige vers le tertiaire. Des pays comme l'Indonésie
sont donc plus tertiarisés qu'industrialisés.
La population et la société peuvent constituer un frein ou être
un des moteurs de l'économie. Cependant l'économie peut influer
sur la société et la population.
L'économie peut amorcer des changements dans la société
et la population d'un pays .En effet ,si l'économie est en bonne santé
,la croissance économique suffisante, les niveaux de vie peuvent augmenter
.L'espérance de vie même si elle est de 20 à 25 ans inférieure
par rapport aux PDEM comme le Japon ne cesse d'augmenter. L'économie
informelle qui existe surtout dans les pays d'Afrique absorbe le chômage
et permet à la population de survivre.
De plus, plus le niveau de vie augmente plus la pression démographique
diminue. Avec un meilleur niveau de vie ,on peut envoyer par exemple ses enfants
à l'école, cela contribue à la baisse de la natalité
car on peut lire alors les campagnes publicitaires de contraception .Une transition
démographique s'amorce alors.
En outre, les activité économiques nécessitent des villes.
En effet ,la ville est le centre de l'économie car elle concentre les
activités ,les consommateurs…Avec l'explosion démographique
des PED,les mentalités évoluent. La pression des traditions dans
les villages n'existent plus et la fécondité diminue. Le Caire
est une des plus grandes villes millionnaires d'Egypte.
L'économie peut entraîner des changements au niveau
de la population et de la société par l'intermédiaire de
l'Etat. En effet ,celui-ci peut redistribuer les fruits de la croissance pour
favoriser l'émergence de classes moyennes comme chez les " dragons
" (Corée du sud, Taiwan, Hong Kong, Singapour).Mais ,c'est de moins
en moins le cas aujourd'hui en Thaïlande, en Malaisie. Les inégalités
entre classes riches et pauvres sont donc en 2001 plus visibles que jamais comme
au Pakistan, en Afrique du sud…Les tensions se multiplient dans la société.
Mais l'Etat est souvent corrompu et les " éléphants blancs
" se multiplient. L'Etat gaspille l'argent pour créer des infrastructures
somptuaires qui n'ont aucune utilité pour la société ou
les fonctionnaires ne remplissent leur fonction que moyennant un pot de vin.
En 2001,en Inde ,le parti du BJP ,nationaliste, a été éclaboussé
par une affaire de corruption ,piégé par des journalistes .En
Afrique, le Nigeria décroche la palme du pays le plus corrompu.
La population et la société reflètent l'état de
l'économie des PED.La population par la structure de la population active
montre le stade de maturité économique du pays. Les tensions qui
règnent dans la société suggèrent les disparités
économiques. Pour Yves Lacoste, dans les PED " Les pauvres sont
plus pauvres et les riches plus riches que partout ailleurs ".L'économie
par sa croissance ou son développement améliore ou non l'état
d'un pays. L'échec des pays socialistes et leur conversion à l'économie
de marché montre l'impact de l 'économie sur la population et
la société .En Corée du Nord, la population meurt de faim.
Le Vietnam au contraire suit la voie de ses autres voisins.
Les firmes multinationales (FMN) sont aussi une caractéristiques des
PED.Elles s'y sont installées pour leurs avantages comparatifs par rapport
aux PDEM.Elles exploitent souvent la main d'œuvre mais elles deviennent
de plus en plus celles qui absorbent le chômage. Au Mexique, on trouve
des maquiladoras qui sont situés au niveau de la frontière avec
les Etats-Unis, près des villes américaines. Ce sont les twin-cities
comme les villes de Nogales des deux cotés de la frontière. Le
niveau de vie y est plus élevé que dans le reste du Mexique car
l'économie plus dynamique.
Mais l'économie étouffe aussi le pays à cause de sa dépendance
extérieure avec les PDEM et notamment à cause du remboursement
des dettes contactées .Cela se répercute sur la population car
il faut rembourser la dette par l'argent des exportations et donc la population
n'en profite pas. A cela s'ajoute la concurrence acharnée entre PED qui
doivent rembourser leurs dettes et qui ont souvent les mêmes activités
économiques somme le textile au Bangladesh ,en Inde ,au Pakistan…
Ainsi l'économie transforme société et population selon
ses évolutions. Cependant, la mondialisation accentue_t_elle ce rôle
?
La mondialisation accroît les inégalités
dans les PED.Elle favorise les régions et les activités qui s'y
trouvent et qui étaient déjà bien dotées ,comme
les littoraux. Il serait possible que l'espace économique chinois se
fragmente à cause de la concurrence des provinces entre elles, les provinces
intérieures se refermant sur elles et les provinces extérieures
se polarisant sur l'extérieur, ces dernières demeurant les plus
riches comme la régions de Shanghai.
Cependant, elle oblige une ouverture des pays qui ont de plus en plus de mal
à rester enfermés sur eux-mêmes. Le développement
auto -centré de la Tanzanie a été un échec. Le bastion
du communisme s'est effondré en 1991 et les pays socialistes parmi les
PED se font rares. Cuba demeure sous la coupe de Castro et la Chine s'est convertie
à l'économie de marché même si elle reste rigide
sur le plan politique.
Les PED semblent tout de même cantonnés à
s'insérer dans une division internationale du travail (DIT) qui ne leur
est pas toujours favorable notamment avec la baisse des prix des matières
premières, une de leurs principales ressources. Certaines populations
continuent de produire des mono ou bicultures pour l'exportation comme le café
au Rwanda. Malgré leur système de préférence généralisé
(SPG) ,les PED semblent demeurer en marges.
De plus ,bien que les PED concentrent la majorité de la population mondiale,
leur voix n'est pas souvent entendue. D'une part leur PNB est faible. Le G7
regroupant les sept pays les plus industrialisés du monde concentrent
43% du PNB mondial. D'autre part ,les solidarités entre PED ont éclaté
et ils ne parlent plus d'une même voix. Leurs enjeux sont devenus différents
pour certains, ils ont entamé leur transition démographique et
s'attachent à d'autres problèmes comme le sous -développement
alors que d'autres possèdent encore des taux de fécondité
supérieur à 3.Des pays de grande taille comme l'Inde ou la Chine
aspirent à jouer un rôle de puissance régionale voire internationale.
L'internationalisation puis la mondialisation a cependant favorisé
les PED qui sont aujourd'hui plus que jamais hétérogènes.
Les PED d'Asie du Sud-est ont fondé leur économie sur l'ouverture
à l'étranger en utilisant les atouts de leur population ,leur
société. Ils ont favorisé ainsi leur économie .La
Corée du sud a rejoint en 1998,le " club très fermé
" de l'OCDE. La Thaïlande, la Malaisie, l'Indonésie et les
pays comme le Laos, le Cambodge et le Vietnam, ces trois derniers depuis très
récemment tentent de suivre la voie du Japon et des quatre " Dragons
".Ces pays d'Asie du sud -est contrairement aux autres PED constituent
un pole émergent.
L'Amérique Latine se situe à un stade intermédiaire. Sa
population demeure encore très pauvre comme en témoigne les bidonvilles
ou les favellas de Rio. La drogue, la prostitution sont des maux récurrents
dans la société et alimentent l'économie. Le Mexique est
un grand producteur de drogue car il est a proximité du premier marché
de consommation que sont les Etats-Unis. Les pays comme le Brésil,Le
Mexique ont des sociétés, des populations, des économies
qui par certains traits s'apparentent encore au tiers-monde (économie
informelle, bidonville, forte fécondité) mais qui tendent à
se rapprocher des PDEM par leur performances économiques notamment et
l'évolution des mentalités.
Enfin, les pays les moins avancés (PMA) se situent pour certains en Amérique
Latine comme le Honduras mais surtout en Afrique. Ils sont encore des sociétés
pour la plupart archaïque. Des luttes tribales sévissent encore
dans les espaces ruraux dominants. L'économie informelle absorbe la grande
partie de la population, l'entraide notamment familiale est ce qui fonctionne
le plus. Excepté dans les macrocéphalies comme Abidjan ou la création
de villes nouvelles pour équilibrer le territoire, l'économie,
la population sont peu présentes. Tout s'entasse dans un même lieu
empêchant un développement harmonieux. Des maladies comme le paludisme,
le SIDA sont monnaies courantes dans beaucoup de sociétés africaines
et l "économie est souvent désastreuse, la population mourant
de faim. A cela s'ajoute les guerres entre ethnies (Tutsi, Hutus…)
En définitive, population, société et économie
sont en interaction dans les pays en développement constituant tantôt
des moteurs, tantôt des freins selon les pays. Cela n'est pas toujours
ce qui leur permettrait de rattraper les PDEM comme ce fut le cas pour le Japon.
La mondialisation accentue le problème de développement de ces
pays et ne laisse pas penser à un rattrapage rapide des PDEM.Leurs cultures
diverses restent beaucoup plus ancrées dans leurs esprits que dans ceux
des populations des PDEM.Les diversité de statut entre PED sont aussi
de plus en plus flagrantes entre les sociétés et les économies
qui s'insèrent dans l'économie ou qui sont proches et celles qui
ne font que régresser. Le schéma braudélien Triade -périphéries
demeurent donc encore d'actualités.