Le rôle des réseaux de transport de personnes et de marchandises dans l’organisation de l’espace en Europe occidentale depuis les débuts de la Grande Dépression vers 1880.

Bonnes Copies

Bonne Copie du Lycée Bergson d’Angers. Cette copie a été notée 16/20. Voici le commentaire du professeur : Une réflexion intéressante sur un sujet difficile et qui s’appuie sur des connaissances bien utilisées.

Bonne copie du lycée : 49 - Angers - Lycée Bergson

Cette copie a été notée : 16 / 20

Commentaire du professeur : Une réflexion intéressante sur un sujet difficile et qui s’appuie sur des connaissances bien utilisées.


Untitled Document Déjà au XVIIIème siècle commencent à se mettre en place de grandes voies de transports, comme les routes royales en France, pour maîtriser le territoire. Mais ce n’est qu’avec la Révolution Industrielle au XIXème siècle que des espaces densifiés de transport (les réseaux) se développent et jouent un rôle important dans l’économie, la société et l’espace européen.
Quels sont alors les enjeux du développement des réseaux de transport de personnes et de marchandises et en quoi est-il essentiel dans la structuration de l’espace en Europe occidentale à partir de 1880 ?
Il faut distinguer deux grandes périodes. De 1880 à 1945, on assiste à une véritable révolution des transports où la mise en place de réseaux constitue un facteur décisif de l’évolution économique et de l’organisation de l’espace. A partir de 1945, on assiste à une modernisation des réseaux de transport qui entrent désormais dans une politique d’aménagement du territoire notamment dans le cadre de la construction européenne.


En 1880, bien que l’Europe se trouve dans une situation économique peu favorable, la Grande Dépression, le secteur des transports connaît une période d’euphorie et de grand développement à tel point que l’on a parlé, pour cette période, d’une révolution des transports. Nous allons voir que ce développement des réseaux de transport est t à la fois une conséquence de l’évolution économique et un moteur de la croissance. Puis nous étudierons à travers l’évolution des différents réseaux leurs effets sur l’organisation de l’espace européen.
Le secteur des transports s’intègre totalement dans le système productif de la Révolution Industrielle comme le montre Juglar qui détermine des cycles économiques en fonction de ce secteur, notamment des crises des compagnies ferroviaires. Il est vrai que le développement de ces réseaux entretient la croissance industrielle de par ses effets induits. En effet, en amont, le chemin de fer fait appel en grande quantité à la sidérurgie ainsi qu’à l’industrie charbonnière et le transport routier qui se développe au début du XXème siècle a stimulé d’autres industries également comme celle du verre (St-Gobain) ou des pneus (Michelin). En aval se sont mis en place des compagnies de fret ou d’assurances par exemple. Ainsi a vu le jour une forme de capitalisme des transports qui a stimulé les industries porteuses de la Révolution industrielle.
Les usines s’étant souvent installées à proximité des mines ou autres lieux d’exploitation, les réseaux de transport ont surtout permis d’acheminer les productions vers les marchés de consommation. Enfin, c’est surtout dans le contexte d’ouverture économique de plus en plus importante que ces réseaux ont joué un rôle en facilitant les échanges.
C’est ainsi que s’agrandissent surtout les réseaux maritimes et de chemin de fer à la fin du XIXème siècle.
Le chemin de fer, souvent subventionné par l’Etat, est à son apogée. Il concerne aussi bien le transport de marchandises que de personnes. A cette époque, les réseaux de la France, de la Belgique, de l’Angleterre et de l’Allemagne sont déjà très étendus avec comme particularité un réseau déjà très centralisé pour la France. Les réseaux maritimes ont une place très importante dans le transport des marchandises grâce au percement de grands canaux comme le Mittelandkanal en Allemagne. Les estuaires, de la Tamise surtout, du Rhin et de la Seine, deviennent donc des lieux de pénétration vers un " hinterland " de plus en plus profond.
Quant à la route, elle est concurrencée par le chemin de fer. Toutefois, elle va connaître un essor remarquable avec le développement de l’automobile au début du XXème siècle et l’apparition dans les années 1930 de l’autoroute comme support. L’aviation reste limitée au champ de l’innovation et de l’expérimentation. Elle ne connaît un véritable essor qu’après la Première Guerre Mondiale lorsque son utilisation sera transposée du domaine militaire au domaine civil. On voit alors apparaître un transport de passagers et les premiers aéroports comme le Bourget à Paris.
Cette révolution des transports et le développement de ses réseaux a donc facilité l’ouverture économique en favorisant la mobilité des marchandises et de la main d’œuvre. Les réseaux de transport deviennent alors à la fois un enjeu politique et économique. On voit ainsi des régions se spécialiser. C’est notamment le cas des vignobles français qui trouvent des débouchés plus lointains.
Les régions les mieux équipées sont les pays noirs : Nord-Pas-de-Calais et Lorraine en France, Lancashire en Angleterre ou Ruhr en Allemagne. Or toute activité économique s’installe désormais dans les régions bien desservies en transports. De là découle une répartition inégale des réseaux de transport, d’une part entre pays industrialisés et ceux qui le sont moins (entre France et Espagne par exemple) et, d’autre part, entre les " pays noirs " et les régions plus archaïques au sein d’un même pays (entre le Nord et la Bretagne pour la France, entre la Ruhr et la Bavière pour l’Allemagne par exemple). Les réseaux de transports sont donc essentiellement concentrés sur ces régions jusqu’au second conflit mondial.
La guerre vient en effet changer la donne. De nombreuses infrastructures de transport (ponts, routes, voies ferrées, etc.) ont été détruites. L’heure est à la reconstruction.


A partir de 1945, on assiste à un mouvement de reconstruction, tout d’abord, puis de modernisation des réseaux de transport dans le cadre d’une ouverture économique amplifiée où les transports jouent un rôle essentiel. En outre apparaît à cette époque un souci de développer des réseaux plus harmonieux. C’est ainsi que se mettent en place des politiques d’aménagement du territoire au niveau national mais aussi au niveau européen. En effet, à partir de 1957, le développement des réseaux de transport s’intègre progressivement dans le cadre de la construction européenne. Mais jusqu’à quel niveau ?
Le développement du tourisme et des loisirs dû à la hausse du niveau de vie durant les Trente Glorieuses, les délocalisations industrielles, les nouvelles politiques de gestion (flux tendus, externalisation, sous-traitance) ont obligé les réseaux de transport à se moderniser. Ainsi se sont développés les autoroutes, tout d’abord en Allemagne et en Italie, puis en France dans les années 1970. L’Europe est devenue très performante dans le domaine des trains à grande vitesse (TGV, Intercity). Toutefois, le développement des réseaux reste inégal. Beaucoup de régions restent marginalisées. C’est pour cette raison qu’apparaissent des politiques d’aménagement du territoire, dont les transports sont un outil essentiel, avec la Caisse du Midi en Italie ou la DATAR (Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale) en 1963. Désormais, ce n’est plus la logique économique qui crée les réseaux mais la volonté politique qui, par ailleurs, en désenclavant certaines régions, contribue à la croissance économique. Cet aménagement du territoire par le transport a aussi pour objectif de désengorger certaines régions, comme le Rhône-Alpes, qui sont surchargées.


Les réseaux de transport sont un élément structurant de l’espace européen dans le cadre des politiques de l’UE, et même de la CEE auparavant puisque déjà le Traité de Rome en 1957 prévoyait une politique européenne des transports. Les réseaux de transport sont un véritable enjeu dans la formation d’une unité européenne d’autant plus dans la perspective des futurs élargissements. L’UE doit montrer une certaine cohérence à ce niveau. Grâce à la mise en place de l’espace Schengen, de la suppression des contrôles douaniers, les différents réseaux nationaux ont pu s’interconnecter. De véritables routes non plus seulement nationales mais européennes ont pu voir le jour, ce qui donne une cohérence à l’espace européen. Les réseaux de transport constituent un élément de structuration de l’espace également au niveau européen et à prendre en compte dans l’intégration européenne. C’est ce qu’entreprend de favoriser la FEDER dans le cadre de l’aide régionale européenne. Toutefois, on ne peut pas encore dire qu’il existe un réseau européen de transport qui lui confèrerait une unité car les réseaux nationaux restent très divers.


Les réseaux de transport dans l’Europe occidentale ont joué et jouent toujours un rôle fondamental dans la structuration de l’espace. Toutefois il reste des déséquilibres et des inégalités. Ainsi, il peut apparaître que, d’une certaine manière, Paris est plus proche et plus liée aux autres grandes métropoles européennes et mondiales dans le cadre de la mondialisation que de sa périphérie proche.