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A la fin de la Première Guerre Mondiale, le commerce 
est hésitant, les économies nationales tirent leur dynamisme et 
leur croissance en s’appuyant essentiellement sur leur marché intérieur. 
C’est notamment le cas des Etats-Unis qui profitent des " Roary Twenties 
", période d’intense activité économique et d’accroissement 
de richesses. Parallèlement, il y a peu de coopération, de concertation 
internationale. On est alors amené à se demander comment le commerce 
international va réagir face à la crise économique qui éclate 
en 1929. Comment a-t-il évolué à partir de cette date en 
fonction de la conjoncture économique mondiale ?
On distingue nettement trois grandes périodes. En premier lieu, on constate 
un commerce international contracté et perturbé durant la dépression 
des années 1930 et la Guerre Mondiale qui suit, puis une expansion considérable 
de ce commerce durant les " Trente Glorieuses ". Pour finir, il faut 
également analyser l’évolution du commerce international face à 
la crise des années 1970 jusqu’à nos jours.  
  La date de 1929 marque une rupture importante dans l’économie mondiale 
  puisque la crise financière qui éclate tout d’abord aux Etats-Unis 
  se propage à tous les pays, à l’exception des pays socialistes, 
  et s’étend à tous les domaines de l’économie et à 
  tous les secteurs.
  En effet, la forte spéculation boursière à Wall Street 
  aboutit à un krach en octobre 1929 qui marque le début d’une récession 
  économique et de difficultés sociales importantes. Du fait de 
  la dépendance du reste du monde vis-à-vis des Etats-Unis (liens 
  commerciaux, prêts, poids du dollar…) et du statut de créditeur 
  des Etats-Unis, cette crise s’étend à de nombreux pays lorsque 
  les capitaux américains se retirent brutalement. Les pays finissent alors 
  par se replier sur eux-mêmes afin de mener des politiques de relance pragmatique, 
  après l’échec des solutions libérales, que ce soit aux 
  Etats-Unis avec le New Deal de Roosevelt ou en France avec le Front Populaire 
  notamment.
  De l’arrêt de la consommation dans les différents pays résulte 
  un effondrement des échanges internationaux qui se caractérise 
  par exemple par une hausse des obstacles douaniers. Les Etats-Unis mettent ainsi 
  en place durant cette période le tarif Hawley-Smoot. Le Royaume-Uni et 
  la France, pour leurs parts, se replient sur leurs empires coloniaux. En effet, 
  en France, le mélinisme qui est une forme de protectionnisme englobant 
  les colonies redevient de mise tandis que les Britanniques décrètent 
  la " préférence impériale " lors de la conférence 
  d’Ottawa en 1932.
  Aucune politique ou stratégie internationale n’est menée durant 
  cette période, le replis est général, ce qui favorise la 
  montée des antagonismes à l’origine du déclenchement du 
  second conflit mondial. En outre, la situation de misère sociale et de 
  difficultés économiques favorise l’arrivée au pouvoir et 
  la mise en place de régimes autoritaires comme celui de l’Allemagne nazie 
  ou du Japon. Les économies sont à peine remises de la crise quand 
  la guerre éclate.
  Les échanges internationaux sont alors très perturbés. 
  D’une part, les objectifs ne s’y prêtent plus guère : les économies 
  sont désormais orientées vers la guerre. D’autre part, bon nombre 
  d’infrastructures sont détruites et inutilisables, la guerre sous-marine 
  menée dans l’Atlantique entrave le bon fonctionnement des échanges 
  dans cette région. Les adversaires cherchent à se nuire en entravant 
  justement leur commerce international, qui prend ici la forme du ravitaillement, 
  par l’instauration de blocus. 
  Avec la fin de la guerre, les principaux agents économiques prennent 
  conscience de l’erreur commise en contractant le commerce international durant 
  les années trente. Cette guerre constitue une rupture : Le développement 
  des échanges internationaux et plus particulièrement du commerce 
  est désormais perçu comme un facteur de paix. Les Etats occidentaux 
  vont alors désormais adopter des politiques encourageant le commerce 
  international.
 S’amorce donc ici une période de 1945 à 1975 qualifiée 
  de " Trente Glorieuses " où les échanges commerciaux 
  internationaux constituent le moteur de la croissance. Avant d’évaluer 
  l’essor de ces échanges, il faut tout d’abord rappeler dans quel contexte 
  il s’inscrit et quels en sont les facteurs favorables.
  La fin de la guerre met à jour de nouveaux rapports de force marqués 
  par la domination des Etats-Unis, l’affaiblissement de l’Europe et le prestige 
  gagné par le régime soviétique. La naissance de la guerre 
  froide favorise la coopération internationale puisque chacune des deux 
  puissances cherche à se faire des alliés. Ainsi se créent 
  des liens commerciaux privilégiés au sein de chaque bloc. Les 
  Etats-Unis encouragent la reconstruction et la reprise de commerce international 
  grâce au Plan Marshall (1947). A cela s’ajoute la mise en place de nouveaux 
  cadres favorisant le commerce international.
  Tout d’abord, le système monétaire de Bretton Woods fondé 
  sur la puissance du dollar permet d’effectuer les échanges commerciaux 
  dans un cadre monétaire bien fixé. La création ensuite 
  du GATT (General agreement on tariff and trade ) en 1947 illustre la primauté 
  désormais accordée au libre-échange. En effet, cet accord, 
  à l’origine provisoire, a pour objectif d’encourager le libre-échange 
  et de lutter contre toute forme de protectionnisme.
  La création de la CECA (Communauté Européenne de Charbon 
  et de l’Acier) en 1951, puis de la CEE (Communauté Economique Européenne) 
  en 1957 qui doit aboutir à la constitution d’un marché unique 
  sont également des initiatives devant favoriser l’accroissement des échanges 
  commerciaux internationaux.
  Ainsi de nombreux éléments (GATT, construction européenne…) 
  auxquels on peut encore ajouter le progrès des transports (rapidité, 
  coût…) et le rôle du mode de production fordiste concourent 
  à favoriser l’essor du commerce international.
  C’est ainsi que l’on constate durant les " Trente Glorieuses " un 
  triplement de la valeur et une augmentation de 170% des échanges commerciaux, 
  tout ceci dans un contexte de forte croissance générale. Ce commerce 
  s’accroît principalement entre pays de la Triade et entre pays européens 
  ; les échanges Nord-Sud sont marqués par la première DIT 
  (division internationale du travail) : les pays industrialisés achètent 
  aux pays du Sud des matières premières et leur vendent des biens 
  manufacturés et des biens d’équipement. Il faut rappeler que les 
  pays socialistes ne s’intègrent pas dans ce commerce international puisque 
  la doctrine marxiste affirme qu’il s’agit là d’une forme d’impérialisme. 
  C’est pourquoi les pays soviétiques ont une politique d’autarcie. De 
  la même façon, certains pays du Tiers-Monde décide d’adopter 
  une stratégie d’industrialisation par substitution aux importations (ISI) 
  pour développer leurs industries naissantes avant de s’intégrer 
  au commerce mondial.
  L’essor du commerce international aboutit à une littoralisation de l’économie. 
  Des infrastructures spécifiques, de grands complexes portuaires se mettent 
  en place ; les flottes marchandes se spécialisent (tankers, méthaniers…).
  Toutefois, le système fordiste commence à s’essouffler à 
  l’approche des années 1970, la demande commence à baisser ; le 
  système se grippe progressivement. Le système monétaire 
  international connaît quelques problèmes avec le flottement du 
  dollar instauré par Nixon en 1971. Les chocs pétroliers vont être 
  révélateurs d’un ralentissement important de la croissance : la 
  Crise. Les échanges commerciaux internationaux vont-ils alors se contracter 
  comme lors de la dépression des années 1930 ?
  Paradoxalement, pendant la crise, alors que la croissance ralentit nettement, 
  le commerce continue à progresser. Les taux d’ouverture restent très 
  importants. Cela est dû à l’interdépendance accrue des pays 
  et au fait que le développement du commerce international est désormais 
  largement considéré comme un facteur de développement économique. 
  Mais d’autres raisons expliquent également cette évolution.
  En effet, dans les années 1980, on entre dans une vague de libéralisme 
  avec l’arrivée au pouvoir des libéraux : Margaret Thatcher en 
  Grande-Bretagne et Ronald Reagan aux Etats-Unis en 1980 qui, tous deux, prônent 
  la déréglementation et luttent farouchement contre toutes les 
  entraves au libre-échange, même si les Etats-Unis restent très 
  protectionnistes dans les faits.
  Le commerce international est également stimulé par l’arrivée 
  de nouveaux concurrents comme les pays émergents asiatiques qui jouent 
  sur leurs avantages comparatifs de main d’œuvre à bas salaire et 
  qui cherchent à s’implanter sur de nombreux marchés et créneaux.
  Certes, les régionalismes comme la zone de libre-échange de l’ALENA 
  ou le Marché Unique de la CEE favorisent le développement des 
  échanges interrégionaux mais ils peuvent également manifester 
  une certaine forme de protectionnisme à l’égard des échanges 
  extra régionaux. Ceci s’intègre quelquefois dans un principe de 
  " protectionnisme éducateur " énoncé par le théoricien 
  List. Il s’agit alors de protéger les industries naissantes par des barrières 
  protectionnistes provisoires. En ce sens, L’Europe a signé des accords 
  d’autolimitation avec le Japon en ce qui concerne l’industrie automobile. Les 
  accords multifibres (AMF) rentrent également dans ce cadre-là. 
  Dans cette optique également, l’Union Européenne entretient un 
  " managed trade " avec les pays de l’ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) 
  dans le cadre des accords de Yaoundé de 1973.
  Ais ceci fait partie en outre d’une autre réflexion à propos de 
  l’essor du commerce international, à savoir si celui-ci ne doit pas être 
  plus réglementé pour éviter notamment la DTE (détérioration 
  des termes de l’échange) avec les pays du Sud en développement.
  En effet, les années 1960 et 1970 ont été marquée 
  par la demande des pays du Tiers-Monde d’un NOEI (Nouvel Ordre Economique International) 
  instaurant un " Fair Trade " à la place du " Free Trade 
  ".
  Ainsi, le commerce international semble manifester aujourd’hui le besoin d’être 
  réglé, d’être mieux organisé, non seulement dans 
  les échanges Nord-Sud mais aussi dans le cadre des échanges entre 
  puissances industrielles comme l’illustrent les nombreux conflits commerciaux 
  qui opposent l’Union Européenne et les Etats-Unis notamment au sujet 
  de la PAC (politique agricole commune) ou de l’importation de bœufs aux 
  hormones. L’OMC est pour cette raison soumise à certaines pressions comme 
  l’a montré le déroulement du sommet de Seattle en 1999.
  Le commerce international n’a jamais été aussi important qu’il 
  ne l’est aujourd’hui, il n’a fait que s’accroître tant en volume qu’en 
  valeur depuis la guerre alors même que la crise des années 1970 
  aurait pu annoncer le contraire.
  L’internationalisation du commerce entre dans le phénomène plus 
  général de la mondialisation, ou globalisation. Avec la chute 
  des systèmes économiques socialistes, ce sont désormais 
  tous les pays qui, à des degrés divers, sont ou vont être 
  bientôt intégrés dans le commerce international.
  Désormais, et ceci est nouveau, ce ne sont plus seulement les grandes 
  firmes transnationales qui des stratégies commerciales internationales 
  mais également les PME et les très petites entreprises qui peuvent 
  maintenant trouver des débouchés à l’échelle mondiale 
  grâce aux progrès de l’information et de la communication, et grâce 
  à Internet plus particulièrement.