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Le processus de mondialisation dont la première
phase dite " d’internationalisation " s’est amorcée à
la fin du XIXe siècle pour les pays industrialisés, s’est poursuivi
et accéléré après 1970, entrant ainsi dans une seconde
phase : la globalisation. Les pays en développement, anciennement appelés
pays du Tiers-monde selon Alfred Sauvy, et qui sont constitués des pays
d’Afrique, d’Amérique Latine et de l’Asie à l’exception du Japon,
c’est à dire tous les pays n’étant ni occidentaux ni dans le bloc
soviétique, connaissent les répercussions économiques de
ce processus de mondialisation. Etant tous très différents, nous
étudierons les effets de la mondialisation sur les économies des
PED selon leur niveaux de développement. Nous analyserons premièrement
le cas des pays les plus avancés, id est les " quatre dragons "
asiatiques et les " bébés tigres ", puis le cas des grands
pays émergents et enfin le cas des pays les plus pauvres avec les pays
producteurs de pétrole.
Les pays en voie de développement les plus avancés
sont les " bébés tigres " (Indonésie, Malaisie,
Thaïlande) et surtout les " quatre dragons " (Hong Kong, Corée
du Sud, Taïwan, Singapour) Pour ces pays là, la mondialisation a
permis un réel développement économique. Sur le plan industriel,
ces pays ont tous connu des taux de croissance très élevés
depuis la fin des années 1960. La mondialisation, caractérisée
par une ouverture des frontières , une libéralisation des échanges
commerciaux, financiers… c’est à dire l’extension du monde capitaliste
à l’échelle planétaire a permis à ces pays d’ouvrir
leur économie : d’importer ce qui manquait et d’exporter ce que l’on
avait en excès. La caractéristique de ces pays en particulier
est qu’ils ont été capables de produire eux-même ce qu’ils
importaient auparavant (des produits manufacturés) et pour cela ils ont
commencé par imiter les produits manufacturés importés
et ont ainsi développé leur industrie en portant des industries
les plus simples pour finalement arriver à développer leurs industries
de pointe, c’est à dire qu’ils ont su ajouter de la " valeur ajoutée
" à leur production en général.
De plus, la mondialisation leur a permis, grâce à l’ouverture des
frontières d’exporter les surplus de leur propre production. Ainsi ces
pays et plus particulièrement les Dragons ont réussi en quelques
années à développer leur industrie, à la diversifier,
à la complexifier et à exporter des biens manufacturés.
L’exemple de la Corée du Sud illustre le phénomène puisque
grâce à ses grands groupes (Hyundaï, Daewo…) elle est
actuellement le 7e producteur mondial d’automobiles, c’est à dire qu’elle
concurrence les pays les plus grands qui eux développent cette industrie
depuis des décennies !
Dans cette partie nous avons vu les effets de la mondialisation de l’industrie
des PED les plus riches , mais ces progrès sont essentiellement dus aux
conséquences financières de la mondialisation sur leur économie.
La mondialisation de caractérise donc par l’ouverture des frontières
grâce aux négociations multilatérales des PDN, aux politiques
néolibérales des Etats… les effets de la mondialisation sur
ces pays sont d’un point de vue financier la plus grande circulation des capitaux
à l’échelle mondiale. Cela se traduit concrètement par
une augmentation spectaculaire de l’IDE (investissements directs à l’étranger)
servant aux fusions-acquisitions ou à l’implantation de filiales à
l’étranger et les Dragons et les bébés tigres ont justement
beaucoup bénéficié de ces flux d’argent.
En effet à partir de 1970, les politiques des multinationales ont changé
; désormais on délocalise là où la main d’œuvre
est moins chère et finalement, malgré les difficultés économiques
mondiales des années 1980, l’IDE est multiplié par 7 pendant cette
même décennie et à cela il faut ajouter que les investissements
de portefeuilles se sont aussi beaucoup développés.
Ces flux nouveaux d’argent étranger ont donc pu permettre à ces
pays d’émerger, de développer considérablement leur économie.
Cependant, la mondialisation a également eu des effets pervers pour ces
mêmes pays, et à cause de la globalisation financière justement.
En effet, la crise financière asiatique de 1997-98 par exemple nous montre
bien que la mondialisation des échanges implique également globalisation
des crises : cette dernière a eu un effet " boule de neige "
et a entraîné la plupart des puissances asiatiques dans son sillage.
Finalement pour conclure sur les effets de la mondialisation dans les pays les
plus riches du Tiers monde, il faut avouer que ce processus de mondialisation
leur a permis de développer leur économie et cela selon le modèle
de l’envol des oies sauvages, de la possibilité d’exportation…ces
pays sont désormais acteurs de la vie économique mondiale et non
plus seulement spectateurs, même s’il faut nuancer puisque les bébé
tigres notamment n’ont pas encore atteint le point paroxystique des PED qu’est
le niveau de développement atteint par les dragons. De plus, il faut
également ajouter que la mondialisation a eu sur l’ensemble de ces pays
d’autres effets qui ne sont pas économiques, mais culturels…
En effet, si la mondialisation diffuse aujourd’hui le modèle dominant,
id est le modèle américain, elle a également diffusé
leur mode de vie, leur culture. Et d’un point de vue social, la mondialisation
a également permis le développement des dragons puisque, par exemple,
l’IDH (indice de développement humain)de Singapour est actuellement supérieur
à celui de la Grèce ou du Portugal.
Si la mondialisation a eu des conséquences économiques pour les
Dragons ou les bébés tigres, elle en a également eu pour
les autres PED. Voyons désormais ces conséquences pour les autres
pays émergents.
L’on distingue généralement des PED un groupe de
pays émergents grâce à la mondialisation mais ayant tout
de même de graves problèmes. Il s’agit de pays tels que la Chine,
l’inde , le Mexique, le Brésil…Tous ces pays sont à économie
de marché même si la Chine est toujours communiste puisqu’elle
a adopté le " socialisme de marché " depuis la mort
de Mao Tsé Dong en 1976 grâce à son successeur Deng Xiao
Ping.
Dans ces pays, les investissements directs ou de portefeuilles des multinationales
étrangères ont étés nombreux et ont permis également
de développer leur industrie. En effet, la Chine par exemple représente
un marché fantastique avec ses 1 250 000 000 habitants pour un grand
industriel étranger, et comme la main d’œuvre y est abondante et
peu coûteuse, elle représente un bon investissement, d’autant plus
que les ZEP (zones économiques spéciales) instaurées par
Deng Xiao Ping garantissent la faiblesse des taxes chinoises. Ainsi l’on a vu
apparaître de nombreuses délocalisations de multinationales étrangères
vers ces pays en développement, assurant ainsi le développement
de leurs industries. Aussi a-t-on assisté et cela déjà
avant 1980, au même phénomène que pour les Dragons, id est
importer pour copier et finalement exporter.
La mondialisation est également la cause d’un développement économique
d’un autre ordre : l’agriculture, grâce à la FAO (food agricultural
administration) qui est l’action des pays du Nord (PDN) et qui a pour but d’orienter
l’agriculture du Tiers monde dans une politique très productiviste c’est
à dire en développant la culture du blé ou du riz à
meilleur rendement, en développant l’usage d’engrais, de matériel
perfectionné … cette action s’est révélée plus
ou moins efficace en Inde notamment mais lui a tout de même permis d’augmenter
considérablement ses rendements et donc sa production. Son efficacité
fut encore moins flagrante dans les autres pays.
Cependant si la mondialisation a permis à ces pays un développement
de l’industrie et un progrès très relatif de son agriculture par
exemple, il faut également noter les effets pervers de cette mondialisation.
En effet, cette dernière n’a qu’accru la dépendance financière,
économique de ces pays puisque n’ayant pas permis qu’ils suffisent à
eux-mêmes : pour ce qui est le d’agriculture par exemple, ces pays dépendent
des semences, matériels mécaniques, engrais… des PDN, mais
aussi de leurs capitaux.
De plus, ne percevant pas suffisamment de capitaux étrangers ils ont
été contraints d’emprunter massivement pour développer
leur économie, à l’image du Mexique déjà dans les
années 1970 pour pouvoir exploiter le pétrole, et qui a connu
une crise en 1994-95 car les investisseurs perdaient confiance en ne lui fournissant
plus de capitaux.
Finalement dans ces pays émergents dits NPI, la mondialisation a permis
de développer l’économie, cependant les graves problèmes
qu’ils connaissent ne leurs permettent pas encore d’être des pays développés
à part entière puisqu’ils sont tous dépendants et donc
fragiles, fragilité apparente en 1982 par exemple date où le Mexique
puis le Brésil ont dû renoncer à rembourser leurs créanciers
faute de capitaux.
Après avoir étudié les effets de la mondialisation sur
les PED quasi-développés ou émergents, considérons
désormais ces effets sur les pays les moins avancés (PMA).
Ces pays sont ceux de l’Afrique et une partie de l’Asie et de l’Amérique
latine. Pour ces derniers la mondialisation n’est pas un véritable facteur
de développement, ces pays ne sont pas prêts à subir une
telle concurrence…les principaux capitaux reçus sont dits APD c’est
à dire de l’aide publique au développement et ils viennent des
PDN.
L’aide peut être multilatérale, c’est à dire provenant d’organismes
supranationaux tels que l’ONU avec par secteur l’UNICEF, l’UNESCO, le FAO…ou
tels que la CEE des 9 qui en 1975 a signé les accords de Lomé
avec les 46 pays les plus pauvres, dits pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique)
garantissant avec le système " stabex " puis " sysmin
" les recettes d’exportation de ces pays, et qui les a renouvelé
en Juin 1979 par les accords de Lomé 2, puis Lomé 3 et 4 en 1984
et 86. Toutes ces formes d’aides sont dues à la mondialisation qui a
en effet permis de faciliter les échanger. Il existe également
une autre forme d’aide, dite bilatérale, qui est beaucoup plus courante
et importante en volume.
Cependant contrairement aux autres pays du Tiers monde qui ont eux aussi perçu
cette aide, ceux-ci n’ont pas réussi à faire " décoller
" leur économie : leur industrie n’étant pas suffisamment
développée au préalable, peu d’investisseurs privés
parient sur ces pays, et les investissements des PDN visent plus à garder
la main mise sur les marchés que représentent leurs anciennes
colonies qu’à véritablement développer leurs industries.
Ces pays empruntent donc et s’endettent : les effets de la mondialisation sont
donc une dépendance accrue et un endettement croissant pouvant se caractériser
par l’insolvabilité de certains de ces pays à rembourser leurs
créanciers. Aussi le FMI intervient-il, imposant le plus souvent l’adoption
de politiques très sévères pour réduire le déficit
et ainsi pouvoir développer le pays dansle cadre de la mondialisation.
Mais ce rôle de " syndic de la faillite " est contesté
car étant très dur pour les populations les plus pauvres, d’autres
solutions sont donc envisagées et/ou appliquées : l’annulation
de la dette, le rééchelonnement des remboursements ou le sacrifice
d’une partie de ses créances comme le plan Brady par exemple, le préconisait.(transformations
des créances douteuses en obligations pour un montant inférieur).
Finalement pour ces pays la mondialisation a plus d’effets pervers que d’effets
positifs, leur économie peine à décoller (" take off
") et les progrès réalisés grâce à la
mondialisation ne permettent pas de développer le pays. En Côte
d’Ivoire par exemple, la construction d’une autoroute entre Yamoussoukro et
Abidjan ou la réplique de la Basilique Saint Pierre de Rome n’étaient
certainement pas les meilleurs moyens d’utiliser les capitaux perçus
grâce aux exportations et donc grâce à la mondialisation.
Ces pays ne semblent pas avoir bénéficié de la mondialisation
comme les autres, d’autant plus qu’ils souffrent qu’ils disposent souvent de
peu ressources naturelles telles que le pétrole dont ils auraient pu
bénéficier des hausses des prix ni de grandes diversifications
de leur production comme c’est le cas des pays d’Afrique qui n’exportent qu’un
ou deux produits et qui sont donc très sensibles aux variations de leurs
prix. La conséquence majeure de la mondialisation est donc l’endettement
de ces pays.
Et il reste dans cette analyse un dernier groupe de pays du Sud
non-évoqués : ce sont les pays pétroliers de la péninsule
arabique. Ces derniers ont très largement profité de la mondialisation
surtout dans les années 1980-81 puisque l’exportation de leurs ressources
a permis d’accumuler des quantités astronomiques de capitaux et aussi
de développer leur industrie même s’ils vendent souvent le pétrole
brut. L’on ne peut cependant pas parler d’émergence de l’économie
dans ces pays là puisque l’argent y est très mal redistribué
et qu’en dépit d’un PIB / habitant très important, les populations
y sont souvent pauvres et consomment peu par conséquent.
Finalement il apparaît que l’ensemble des PED a été
confronté au processus de la mondialisation dans les années étudiées
: de 1980 à nos jours. Cependant si certains très rares parviennent
à inscrire leur économie dans le cadre du début d’une IIIe
révolution industrielle basée sur l’électronique, il semble
évident que tous les pays n’en n’ont pas profité pareillement
: on parle désormais de Tiers monde et même du quatrième
monde pour distinguer les PMA. Il faut également noter que la mondialisation
a eu d’autres effets qu’économiques puisqu’elle diffuse un modèle
idéologique : le modèle américain et permet aussi de propager
des philosophies, des cultures… Il faut aussi remarquer que la mondialisation
n’est pas complète pour ces pays puisqu’ils souffrent du replis protectionniste
des PDN qui taxent leurs produits manufacturés… (exemple des Accords
multifibres)
En conclusion il semble que plus que l’association des PED dans des groupes
tels que l’APEL, l’ASEAN… l’effet principal de la mondialisation est l’endettement
(sauf pour les Dragons) à l’image du Mexique, du Brésil qui sont
pourtant des pays émergents et qui ont dû stopper de rembourser
leurs créanciers en 1982.