Les grands problèmes actuels de la société et de la population des Etats-Unis

Bonnes Copies

Bonne Copie du Lycée Bergson d’Angers. Cette copie a été notée 16/20. Voici le commentaire du professeur : Bonne étude, nuancée et claire.

Bonne copie du lycée : 49 - Angers - Lycée Bergson

Cette copie a été notée : 16 / 20

Commentaire du professeur : Bonne étude, nuancée et claire.


Untitled Document Les Etats-Unis tiennent leur existence de la population, c’est elle qui a formé le pays et lui a ses caractéristiques. En effet, fondés par les Pilgrim Fathers, puritains fuyant l’Angleterre, les Etats-Unis se sont nourris depuis le XVIIème siècle d’immigrants qui les ont amenés à leur grandeur actuelle. Mais aujourd’hui, la société des Etats-Unis fait face à de nombreux problèmes.
Quels sont-ils ? S’agit-il de problèmes " classiques " de pays industriels, ou s’agit-il, au contraire, de problèmes spécifiques à la société américaine ? Il faut donc s’interroger sur ce qui fait l’originalité de la population américaine et donc de ses problèmes. Comment y remédier alors ? Et quelles sont les perspectives d’évolution de la société américaines dans ce contexte ?
Dans un premier temps, nous verrons en quoi les difficultés actuelles que connaît la société américaine sont ceux d’un pays développé. Puis, nous analyserons les phénomènes d’accroissement des inégalités sociales ainsi que le blocage du " melting-pot " aux Etats-Unis et la montée des tensions entre ethnies.


Contrairement à ses partenaires de la Triade, les Etats-Unis ne sont nullement marqués par le phénomène de vieillissement de la population, ou, du moins, pas dans les mêmes proportions. En effet, l’indice de fécondité américain est de 2, ce qui s’explique par le dynamisme démographique des minorités et des immigrants.
Par contre, le très haut niveau de vie et la consommation de masse effrénée qui l’accompagne peuvent avoir des effets néfastes sur la population à deux échelles. Par exemple, au niveau individuel, la population américaine connaît un phénomène d’obésité très important : un homme sur trois et presque une femme sur deux (40%) sont obèses. En outre, l’obésité devient de plus en plus répandue chez les enfants et menace leur santé. Dans un autre ordre d’idées, les Américains ont des habitudes de consommation propices au gaspillage ; gaspillage de l’eau notamment, qui peut poser problèmes dans les Etats désertiques comme l’Arizona (mais qui toutefois n’ont rien à voir avec les problèmes d’eau du Tiers-Monde) ; gaspillage de l’énergie également qui favorise la pollution et la dépendance économique du pays.
La société américaine connaît également des problèmes liés à sa forte urbanisation. Les Etats-Unis possèdent de très grandes métropoles (New York, 17 millions d’habitants ; Chicago, 9 millions ou encore Miami, près de 5 millions) qui sont marqués par des problèmes de congestion, de pollution, de cherté des loyers que l’on retrouve dans bon nombre de métropoles du monde, mais surtout par des problèmes de ghettoïsation et de hausse de la violence. Les villes se hiérarchisent de plus en plus en fonction de critères sociaux ou ethniques et les tensions et la criminalité sont en hausse. C’est notamment le cas de Chicago qui est réputée pour avoir des quartiers très dangereux pour celui qui n’y habite pas.
La population américaine présente également des problèmes spécifiques qui sont liés à ses principes fondateurs : l’égalité et l’intégration sociale. En effet, le " rêve américain " a toujours attiré des étrangers aspirant à réussir grâce à la liberté d’initiative régnant dans le pays de " l’oncle Sam " et à rapidement s’intégrer dans la société américaine grâce au melting-pot.


Comme l’étudie André Kaspi, professeur à la Sorbonne et spécialiste des Etats-Unis, la société américaine accorde une " égalité des chances " qui se distingue du principe d’égalité en France qui est absolu. Ainsi, aux Etats-Unis, chacun se voit offert les mêmes chances, conditions pour réussir ; après il incombe à chacun de profiter de ces " chances ". Il vient donc que celui qui a réussit l’a mérité car il a tout fait pour, de même que celui qui est pauvre l’aurait également mérité et en est responsable, en grossissant le trait. De là découle paradoxalement une société très inégalitaire où les écarts de richesse apparaissent d’autant plus larges que la mobilité sociale est importante aux Etats-Unis.
La pauvreté s’est donc accrue dans ce pays, dès les années 1970 avec la Crise, puis dans les années 1980 avec la politique ultra-libérale de Ronald Reagan. Ainsi, Piore et Doeringer, chercheurs au Massachusetts Institut of Technology, puis Reich, ont mis en évidence une segmentation de marché du travail composé des " manipulateurs de symboles " , du personnel des services et des " travailleurs routiniers ". Ces deux dernières catégories peuvent comprendre des travailleurs dont la situation est très précaire. Le marché américain du travail est en effet caractérisé par sa flexibilité, c’est-à-dire que les emplois précaires du type intérimaires, temps partiels se multiplient ; le turn-over, c’est-à-dire la rotation de la main d’œuvre dans les entreprises américaines, est extrêmement court (4 à 5 ans).
Par conséquent, on peut perdre facilement son emploi d’autant plus qu’il y a peu d’obstacles au licenciement aux Etats-Unis. Encore, ce fonctionnement du marché du travail se retrouve aujourd’hui en Europe mais à la différence que les travailleurs américains ne bénéficient pas d’une sécurité sociale aussi élaborée qu’en Europe.
John Kenneth Galbraith a ainsi défini une nouvelle classe de travailleurs, les " poor workers " qui ne sont pas assez riches pour cotiser et avoir une assurance et qui ne sont pas assez pauvres pour bénéficier des aides de l’Etat. Il semble que cette pauvreté ne va pas se réduire de sitôt car le libéralisme économique " sauvage " des Etats-Unis ne fait que l’accentuer. Certes, il existe des aides médicales, Medicaid et Medicare, pour les personnes âgées, mais le président Clinton, lors de son dernier mandat, a réduit le nombre de bénéficiaires des " food stamps ".
Cette inégalité sociale se double d’une inégalité ethnique très forte qui est la traduction du dysfonctionnement du " melting-pot " qui a longtemps constitué le principe de base selon lequel la société américaine serait le résultat harmonieux d’une " fusion " de tous les peuples qui sont arrivés aux Etats-Unis.


Depuis quelques années, effectivement, le terme de " salad-bowl " a remplacé celui de " melting-pot " pour illustrer l’attachement des immigrants à leur ethnie, culture d’origine. A cela s’ajoutent des tensions ethniques qui ont parfois débouché sur de graves conflits comme lors des émeutes de Los Angeles en 1992 qui ont vu s’affronter les Noirs et les Sud-Coréens.
Sur les 275 millions d’habitants que comptent les Etats-Unis, on constate en effet de profondes inégalités entre les Blancs qui forment 75 % de la population, les Noirs qui sont 35 millions, les Hispaniques bientôt aussi nombreux que les précédents, les Asiatiques au nombre de 10 millions et les Indiens, 2 millions. Les conditions de vie et les dynamiques démographiques sont très différentes d’une ethnie à l’autre. Ainsi, les Noirs et les Hispaniques ont un taux de natalité et de mortalité plus élevés que les Blancs ; l’espérance de vie de la population noire est de 10 ans inférieure à celles des Blancs. Le chômage au sein de la communauté noire est rois fois supérieur à celui des blancs et un détenu sur trois aux Etats-Unis est noir. Quant aux Indiens, qui vivent souvent dans des réserves, ils connaissent 50 % de taux de chômage ainsi que des phénomènes de délinquance et d’alcoolisme. Au contraire, les Asiatiques connaissent des réussites sociales importantes ; 70 % d’entre eux accèdent à l’enseignement supérieur contre 40 % des WASP (White Anglo-Saxon Protestant). De là naissent de profonds sentiments d’inégalité et d’injustice sociale.
Ces tensions sont renforcées par le droit à la différence désormais revendiqué par les minorités. Ainsi, les Indiens n’hésitent plus à s’habiller quotidiennement avec des vêtements traditionnels. La " reconquête silencieuse " qu’opèrent les Hispaniques aux Etats-Unis est encore plus flagrante. En effet, ils cherchent à implanter leur culture caractérisée par le catholicisme et la langue espagnole et refusent de plus en plus souvent à parler anglais.
Ainsi, la société américaine note de " bons " (les Asiatiques) et de " mauvais élèves " (Hispaniques et Noirs) du melting-pot. Des sentiments de xénophobie voire de racisme font clairement surface et la question de l’immigration se repose.
Quel avenir alors pour cette société américaine ? La politique de quotas ne semble faire qu’accroître ces sentiments. Il paraît peu probable que les Etats-Unis se ferment totalement car l’immigration zéro n’existe pas, d’une part, et d’autre part, économiquement parlant, ils ont besoin de ces immigrants. Va-t-on alors assister à un durcissement de la société américaine avec un phénomène amplifié de ghettos aussi bien blancs que noirs… ? La question reste posée.


La population américaine a été et est toujours un atout pour le pays de par son esprit d’initiative, sa volonté de réussir. Et même si elle est contrastée et contradictoire (égalité des chances et inégalités sociales ; rigueur morale et libéralisme excessif…), un consensus demeure toujours en son sein. Toutefois, c’est sur ce terrain social que les Etats-Unis peuvent être amenés à manquer de crédibilité aux yeux de la communauté internationale.