L’économie industrielle de la France confrontée aux bouleversements de la production des échanges dans le monde de 1974/75 à 1994/95.

Bonnes Copies

Bonne copie du lycée Blaise Pascal de Clermont Ferrand. Cette copie a été notée 14/20. Voici le commentaire du professeur : Bon travail, votre devoir fourmille d’idées intéressantes...

Bonne copie du lycée : 63 - Clermont-Ferrand - XXXX

Cette copie a été notée : 14 / 20

Commentaire du professeur : Bon travail, votre devoir fourmille d’idées intéressantes...


Untitled Document Au lendemain du premier choc pétrolier, la France occupe déjà le quatrième rang mondial par la puissance industrielle, place qu’elle conserve toujours derrière les Etats-Unis, l’Allemagne et le Japon. Les deux décennies 1974/94 ont été marquées par " l’irruption " parmi les pays industrialisés de nouveaux pays : les 4 Dragons ( Singapour, Hong Kong, Taïwan et la Corée du Sud) et ainsi une nouvelle Division Internationale du Travail (DIT) a progressivement vu le jour.

Comment la France a-t-elle pu conserver son rang malgré la poussée asiatique ?
Comment a-t-elle concilié les nouveaux impératifs en matière industrielle avec ses particularités ?

Dans une première partie nous étudierons les multiples et extraordinaires bouleversements dans les méthodes de production, dans les structures, dans la stratégie des entreprises qu’elle a subis durant cette période, quels ont été les atouts et les faiblesses du choix des nationalisations massives en 1981, l’exception française.
Dans un second temps, nous analyserons son ouverture sur le monde, son entrée dans la course de la mondialisation.
Et enfin, nous étudierons au cas par cas les différents secteurs industriels qu’elle a su particulièrement bien développer et qui sont désormais devenus des points faits dans notre économie et ses faiblesses.


Aux lendemains du premier choc pétrolier, la politique menée par les premiers ministres successifs sous la présidence de Valérie Giscard d’Estaing ( Jacques Chirac et surtout Raymond Barre) est qualifié de "libéral interventionnisme " puisqu’en effet les pouvoirs publics se désengagent assez fortement de l’économie, et en particulier de l’industrie.
Le résultat de cette politique est un renforcement de l’industrie de pointe, fortement privilégiée par de nombreuses et importantes commandes publiques, mais un relatif abandon du reste de l’économie.
Ainsi la France réalise jusqu’en 1981 une faible modernisation de ses structures, les filières ne sont pas clairement définies et organisées de façon cohérente, les découvertes à la pointe de la technologie ont des difficultés à parvenir jusqu’aux entreprises qui en auraient besoin pour réaliser des gains de productivité (exemple de la conception assistée par ordinateur CAO).
Ainsi l’industrie française n’est pas encore très bien organisée, les structures sont encore trop traditionnelles, on ne compte pas assez de firmes multinationales d’origine française et l’essentiel de l’activité industrielle demeure encore très engagée, concentrée sur Paris.
Durant les années 80, face à la concurrence étrangère croissante, l’industrie française va se moderniser en passant d’une mécanisation à l’américaine (la technique du taylorisme-fordisme) au modèle plutôt japonais (le toyotisme) en gérant ses stocks à flux tendus, par une reconversion des OS… spécialisant chaque usine au maximum et faisant circuler les marchandises à flux tendu entre ces usines pour être le plus rentable, le plus efficace possible.

C’est toute la conception de l’entreprise qui évolue : le personnage central était autrefois le fondateur puis remplacé par le gérant (ex : Jacques Calvet dans le groupe PSA) puis le banquier (Lagardère).
A un échelon moins élevé, l’ingénieur est remplacé par un manager comme chef d’équipe.
L’industrie française prend progressivement conscience de l’importance de l’aspect commercial.
En effet, alors que la production française avait une assez bonne réputation à l’échelle mondiale, elle soufrait cependant de la méconnaissance des marchés étrangers, d’une inadaptation à la demande étrangère ou plus simplement de mauvaise compréhension de la langue !
Elle va tenter, prise en tenaille par les NPI aux coûts de main-d’œuvre très faibles et le reste de l’OCDE qui réalisait des produits de plus ou moins haute technologie, de pratiquer elle aussi une politique des créneaux : production limitée à haute valeur ajoutée qui ne souffre pas encore de concurrence.
Les industries vont, de plus, recentrer leurs activités sur leurs spécialités pour gagner encore en efficacité (exemple : Rhône Poulenc libéré de sa chimie lourde) ce qui n’empêche pas ensuite de telles entreprises de s’associer si elles n’ont pas des activités voisines.
D’autre part, le prix très lourd pour la recherche et le développement, pour toujours être à la pointe devenant écrasant, le tissu industriel subit lui-aussi une mutation : les grosses entreprises ont de plus en plus souvent recours à des sous-traitantes, ce qui tisse un réseau de compétence et permet de répartir les dépenses en R&D.
Enfin, toujours dans cette optique de recherche de gains de productivité à tous prix, les firmes industrielles ont désormais recours aux délocalisations dans des pays où le coût de la main-d’œuvre est beaucoup plus faible, c’est à dire dans les NPI ou autres PED.
Ce qui a des conséquences sociales désastreuses (+2 millions de chômeurs entre 1976 et 1993 : dont 167 000 entre 1976 et 1983 dans le secteur du textile et de l’habillement et 215 000 personnes sur la même période dans la construction automobile, la sidérurgie, le travail des métaux, l’équipement industriel, la fonderie et les machines-outils.

Avec l’arrivée des socialistes en 1981, pour relancer l’économie et en particulier l’industrie qui avait connu un véritable tremblement de terre depuis 1974, François Mitterrand lance une vaste vague de nationalisation de l’économie touchant tous les secteurs clé de l’économie, en particulier l’industrie : Thomson, la CGE, Rhône Poulenc, Péchiney, Matra, Dassault… ce qui présentait un double intérêt : relancer en la contrôlant l’industrie et limiter le chômage.
Cependant à contre-courant du reste de l’OCDE et en raison de son prix exorbitant cette politique est rapidement interrompue dès 1983. Elle présentait des difficultés majeures :
Comment augmenter le capital de ces entreprises nationalisées pour les moderniser ?
Et ainsi à terme, les privatisations semblaient d’ores et déjà inéluctables : les premières arrivèrent en 1986.
Tirons un bilan de ces nationalisations :
Elles ont permis à l’industrie française de simplifier ces structures en ne laissant subsister qu’une seule (voir 2 au maximum) grandes entreprises par secteur d’activité (en raison de leur ancien rôle de monopôle) on évite ainsi les luttes intestines après les re-privatisations ( à l’exception de Matra et Dassault).

De plus par un jeu de mécano, l’Etat a spécialisé chaque grosse entreprise, recentrant son activité là ou elle était la plus efficace, la plus rentable (ex : Péchiney libéré de sa chimie lourde et recentré sur sa spécialité : l’aluminium)

Ce qui sont autant de forces pour l’industrie française unifiée, renforcée.
Enfin, lors des 2 vagues majeures de privatisations (1986/88 et 1993/95), Edouard Balladur dans sa fonction de ministre de l’économie puis de 1er ministre a privatisé ces entreprises par un tour de table de gros actionnaires.
Choisissant ainsi de réaliser une industrie en circuit fermé, ne laissant pas de prises aux concurrents étrangers désireux de racheter nos entreprises.
Système qui s’est avéré très efficace au début mais qui en raison de critiques provenant de Bruxelles a dû s’assouplir et perdre de son efficacité et qui risque d’exposer nos entreprises à des OPA si la conjoncture boursière le permet. Ce n’était pas encore le cas jusqu’en 1995.
L’ouverture de l’industrie française à la mondialisation s’est déroulée en deux étapes :
un " échauffement " d’abord à l’échelle de la CEE qui elle même s’est agrandie durant cette période (Grèce en 1981, Espagne puis Portugal 1986 et Autriche, Finlande, Suède en 1995).
L’intensification des échanges de produits industriels à l’échelle européenne s’est avérée préparer la France à la concurrence mondiale.
Avant le premier choc pétrolier, le président Georges Pompidou entre-autres encourageaient une internationalisation de l’industrie française mais avec les chocs pétroliers, le mouvement s’était arrêté.
Par des mesures monétaires, elle rendait ses productions plus compétitive, mais il ne s’agissait que d’une " tricherie ", une compétitivité feinte.
Avec Bérégovoy et sa politique du franc fort (destinée d’abord à des enjeux européens), il n’est plus question de pratiquer des dévaluations compétitives, l’essor des exportations française se justifie désormais par une compétitivité réelle de l’industrie.

Etudions enfin la structure même de l’industrie française. Longtemps talon d’achille de notre balance commerciale, elle s’améliore progressivement et devient positive pour la première fois en 1992 , tendance qui va se poursuivre jusqu’à nos jours.
Les principaux points forts de l’industrie française sont :

  • l’automobile, qui permet de dégager d’importants excédents commerciaux, au prix de licenciement massifs, avec les 2 principales firmes : Renault et PSA
  • l’aéronautique et l’aérospatial, Airbus signe plus de contrat que le géant Boeing !
  • la technologie du nucléaire civil
  • l’armement mais l’excédent tend à diminuer
  • le matériel électrique et l’électronique professionnel
  • le matériel ferroviaire (TGV).

Les points faibles de l’industrie française :

  • certains créneaux tels que les tronçonneuses alors que l’on dispose d’une des plus grandes forêts d’Europe !
  • les mobylettes et motos (japonaises ou américaines).
  • les machines-outils et le matériel de précision (importés d’Allemagne).

Il faut nuancer l’apparent triomphe de l’industrie française car elle reste encore très dépendante à l’égard des grands contrats avec d’autres états par l’entremise du gouvernement français (elle signe moins de contrats "en privée " que l’Allemagne qui n’hésita pas à recevoir, en échanges, des matières premières lors de contrats avec les PED. Mieux organisée, l’industrie allemande décroche plus de contrats que son homologue française.

Et la quasi-totalité de l’excédent industriel français est réalisé par une poignée de très grandes entreprises.
Le tissu de PME, PMI ne semble pas encore prêt à affronter la mondialisation.
Ainsi nous avons dégagé que la politique industrielle menée en France depuis 1974 avait certes une efficacité puisque notre industrie s’est bouleversée en 20 ans pour devenir rentable, avec une productivité tout à fait acceptable lui permettant d’affronter la concurrence dans un espace de plus en plus mondialisé.
Et ainsi on a observé un renversement complet des mentalités frileuses en début de période, timorée à l’égard de la concurrence étrangère et qui désormais se réjouit de voir s’installer des usines de concurrents à notre industrie dans des zones de reconversion (usine Toyota) ce qui est symptomatique du passage d’une industrie fragile et donc frileuse, à une industrie battante.
Désormais, la balance commerciale française est devenue structurellement positive puisque la tendance esquissée en 1992-93-94 s’est confirmée jusqu’à un doublement même de cet excédent.

Ainsi, un bouleversement complet des structures des industries françaises, de leurs méthodes de production lui ont permis d’entrer favorablement dans la mondialisation. Encore lui reste t-il à ne jamais se contenter de ce bon départ, pour rester dans la course il lui faudra lutter sans relâche puisqu’elle réalise les 4/5 de ses échanges avec le reste de l’OCDE qui ne cesse de rechercher de l’efficacité.