A quoi servent les sciences ?

Bonnes Copies

Bonne copie du lycée Blaise Pascal de Clermont Ferrand. Cette copie a été notée 18/20. Voici le commentaire du professeur : Très bien.

Bonne copie du lycée : 63 - Clermont-Ferrand - XXXX

Cette copie a été notée : 18 / 20

Commentaire du professeur : Très bien.


Untitled Document Les sciences, ou plutôt devrait-on dire la science, est une discipline typiquement humaine, et très ancienne puisque remontant, en Europe, à l’Antiquité. L’origine du mot " sciences " vient du " scio " latin signifiant : " je sais, je connais ". L’étymologie nous confirme donc le désir de connaissances que l’on attribue généralement aux scientifiques, mais l’on peut s’interroger sur le but d’une telle recherche, sur son utilité. En effet, pourquoi existe t-il un tel acharnement, que l’on pourrait qualifier d’universel, du savoir ? Mais qu’est-ce que la (ou les) science(s) ? Pour répondre à cette question, nous analyserons premièrement quelles sont les origines des sciences, leurs causes, pour pouvoir ensuite répondre aux problèmes de la définition et de l’objectif des sciences.


Les sciences sont apparues en Europe pendant l’Antiquité. En effet, c’est pendant cette période que les intellectuels ont progressivement refusé la simple explication mythologique devant les grandes questions matérielles et métaphysiques qu’ils se posaient, et se sont de plus en plus interrogés sur les modifications du monde autour d’eux, sur les cycles de la nature… C’est ainsi que sont nées les mathématiques, la philosophie, ou bien encore la physique. Cependant, selon la philosophie antique, toutes ces disciplines ne sont pas distinctes ; en effet, pour les intellectuels antiques, l’homme appartient à la nature au même titre que d’autres objets, et par conséquent, il n’a pas de statut particulier : il n’existe pas de différence fondamentale entre toutes les disciplines citées, toutes cherchent à comprendre le monde, la nature, et c’est donc pour cela que les intellectuels antiques, dont Pythagore par exemple, étaient à la fois des mathématiciens, des philosophes…

Ce désir de connaissances paraît être naturel, interne à l’esprit humain puisque l’enfant lui-même, dès sa naissance, s’interroge sur le monde qui l’entoure, il fait preuve d’une certaine curiosité qu’on lui apprend à cultiver dans notre société par des jeux éducatifs… Ne pourrait-on pas comparer cet enfant avec un scientifique, la curiosité enfantine avec la curiosité scientifique ? De plus, cette soif naturelle de connaissances semble être atemporelle puisque depuis l’Antiquité, elle n’a cessé de se propager, la science s’est depuis diversifiée, complexifiée, et il existe même des intellectuels pour lesquels la connaissance absolue est un but qu’ils souhaitent atteindre pour arriver à la perfection. En effet, le courant philosophique de Lumières du XVIIIème siècle estimait que l’homme était perfectible grâce à la connaissance, grâce au savoir. Les sciences paraissent donc être propres à l’esprit humain et désormais irremplaçables. De plus, il apparaît que si l’homme s’interroge, s’il veut comprendre, cela est sans doute dans le but de dépasser sa propre condition, de devenir " sur-humain " en quelque sorte. C’est notamment ce goût du défi, de la performance qui peut expliquer des exploits scientifiques comme le fait que Neil Amstrong ait marché sur la Lune en 1969.

En outre, il semble que l’être humain a d’autres motivations qui le poussent vers ce savoir. Pour les penseurs antiques notamment, la connaissance est un moyen d’atteindre la sagesse, et donc de vivre heureusement, puisque selon cette conception, un homme instruit, cultivé et savant est nécessairement un homme bon, un sage, qui est capable de vivre sans subir ses passions… de vivre heureusement. Pour ces mêmes penseurs, la connaissance est source de progrès, et cette théorie se traduit notamment par la thèse du " philosophe-roi ". En effet, l’on retrouve chez les penseurs grecs notamment deux théories qui représentent leur intérêt pour la science et leur conviction que le progrès est lié à la connaissance : il s’agit de la conception de la métaphysique comme " reine des sciences ", et celle du " philosophe-roi ". Selon ces philosophes, la métaphysique représente la recherche de la connaissance absolue, à laquelle on attribue le statut de science, même de " reine des sciences " puisqu’elle concentre l’ensemble des questions qui angoissent le plus l’humanité (existence de Dieu, sens de l’existence…). La théorie du " philosophe-roi " quant-à elle traduit la conviction antique qui associe le savant au pouvoir: en effet, puisque la philosophie appartient en quelque sorte à la métaphysique, il apparaît ici que le philosophe, donc le scientifique, celui qui recherche et détient le savoir, doit gouverner, diriger, guider les hommes. Dans cette conception, la science semble donc être un moyen d’atteindre le bonheur. Enfin, il apparaît d’après les comportements des scientifiques eux-mêmes que les sciences sont en elles-mêmes des sources de plaisirs, de bonheur. En effet, si l’on juge la passion véritable des scientifiques, il semble que leurs découvertes, leur réussite ont été la cause d’un certain bonheur. C’est notamment le cas de scientifiques comme Pierre et Marie Curie qui grâce à leur découverte du radium ont connu célébrité avec le Prix Nobel, et reconnaissance.


Dans cette première partie, nous avons étudié comment les sciences sont apparues et quels étaient leurs buts immédiats. Cependant, à travers cette réflexion apparaissent d’autres questions auxquelles nous tenterons de donner une réponse dans cette seconde partie, comme le problème de la définition de la science, la question sur l’existence d’une ou de plusieurs sciences, sur la confiance que l’on peut leur accorder, et enfin sur leurs objectifs plus profonds.

Les principales caractéristiques communes à toutes les sciences sont la rigueur, la cohérence, la recherche de l’objectivité la plus totale pour tendre ainsi vers l’universalité. Ces qualificatifs s’adaptent parfaitement aux mathématiques, à la physique…mais paraissent insatisfaisants car ne permettent pas de définir le statut d’autres disciplines comme l’astrologie par exemple. Comment qualifier ce genre de disciplines? Karl Popper, un philosophe du début du XXème siècle apporte une réponse à ce problème : il permet de distinguer les sciences des pseudo-sciences grâce à leur aptitude ou non à être remises en question. Ainsi, des disciplines qui reposent sur des principes fondamentaux péremptoires peuvent être exclus du qualificatif de science pour rejoindre la catégorie des pseudo-sciences. Ce critère de falsifiabilité paraît répondre au problème de la définition de la science. De plus, un autre caractère commun à toutes les sciences apparaît : c’est un objet, et un moyen de progression. Les mathématiques ont pour objet le système décimal, et pour moyen de progression le système de conjecture / démonstration / certitude. Les mathématiques peuvent donc, selon cette méthode employée notamment par les philosophes du Cercle de Vienne au début du siècle, être qualifiées de science. L’on remarque d’ailleurs que par cette théorie, la philosophie ne peut être qualifiée de science puisque tous les philosophes ne s’accordent pas pour choisir un moyen de progression : la toute puissance de la raison, la remise en cause de la raison…


Cette réflexion pose également le problème de l’existence d’une ou plusieurs sciences. En effet, l’on a tendance à distinguer les disciplines selon leurs catégories : on parle de sciences exactes pour les mathématiques, de sciences expérimentales pour la physique, et de sciences humaines pour l’histoire par exemple, l’on étudie même dans le système scolaire les sciences de la vie et de le Terre. Toutes ces disciplines constituent un seul et même savoir, cependant peut-on toutes les assimiler? Le philosophe Emmanuel Kant nous donne une solution pour les sciences exactes et expérimentales. Selon cet auteur, l’on ne peut totalement distinguer ces deux disciplines car, s’il est vrai que les mathématiques sont a priori (c’est-à -dire en-dehors de toute expérience) et que la physique est elle principalement a posteriori (c’est-à-dire mêlée à une expérimentation) , l’on ne peut nier que la physique est également a priori puisqu’elle dispose également de théories pures, et de formules mathématiques, comme
F=ma par exemple, tout comme les mathématiques s’inspirent de l’expérimentation. La théorie kantienne nous apporte donc une solution pour les sciences exactes et expérimentales, mais nous laissent démunis quant aux sciences humaines. Doit-on alors les considérer comme des sciences? Le problème n’étant pas résolu, dans la suite de cette réflexion, nous considérerons " les sciences ".

En outre, les sciences se posent comme étant des certitudes indubitables, mais devons-nous pour autant leur faire totalement confiance? Les sciences représentent-elles des certitudes absolues, ou de simples probabilités? Cette question se pose aux sciences expérimentales puisqu’elles reposent sur le réel, comment peut-on à partir du réel, à partir d’exemples déduire des théories générales? En effet, les sciences expérimentales reposent sur un principe, le principe de causalité : " Les mêmes causes ont toujours les mêmes effets ". Si l’on remet en question ce principe, comme l’a fait Hume par exemple, les sciences expérimentales entières se trouvent discréditées. Doit-on croire en la véracité des lois physiques? Kant répond à ce problème en affirmant que le principe de causalité est vérifié par l’entendement, par la raison humaine, grâce notamment aux cadres a priori de la perception, et que par conséquent, les sciences expérimentales sont vérifiées, au moins pour l’esprit humain, pour l’humanité. Les sciences expérimentales retrouvent ici leur crédit, leur véracité. Cependant, même si la thèse de Kant nous " rassure " sur le problème des sciences expérimentales, elle ouvre un autre débat, celui de l’unicité de la vérité.

Et enfin, ce sujet nous amène à nous interroger sur le but, l’objectif des sciences. En effet, l’on peut se demander si la soif humaine de certitudes n’a pas d’autres causes que la simple curiosité. Ce but est commun à toutes les sciences bien qu’il soit plus ou moins direct selon les disciplines, puisque les mathématiques énoncent des certitudes inutiles en apparence, comme :

mais qui sont en réalité fondamentales pour les sciences expérimentales. Le premier but que l’homme cherche à atteindre grâce aux sciences, c’est sans doute de trouver un sens à sa vie, de combler ses angoisses métaphysiques, de répondre à des questions comme : Qui suis-je ? Où est ma place ? Que dois-je faire ? … En outre, l’homme espère, grâce aux sciences, pouvoir trouver une réponse à la question de Dieu, et ceci a été apparent surtout après la Renaissance, lorsque les physiciens et les astrophysiciens se sont interrogés sur le fonctionnement du système solaire , sur le géocentrisme… L’étude des sciences semble donc dissimuler une angoisse, une frustration face au fait que l’homme n’est pas tout-puissant. L’on peut même affirmer que l’homme, par ses recherches scientifiques, tente d’oublier sa mortalité pour atteindre le suprême, en d’autres termes : l’homme commet le péché d’hybride grec, c’est-à-dire qu’il cherche à dépasser sa propre condition pour atteindre un idéal. Les recherches scientifiques su l’univers, l’astrophysique, l’étude des galaxies les plus éloignées possibles tendent à confirmer cette thèse pessimiste.


A travers cette réflexion, il apparaît que les sciences, qu’elles soient expérimentales, exactes, ou humaines, se révèlent être de plus en plus complexes et diversifiées depuis l’Antiquité, et surtout de plus en plus nécessaires. En effet, si la science est parvenue à répondre à certaines des nos interrogations comme le fonctionnement du système solaire… , au fur et à mesure qu’elle progresse, elle nous pose de plus en plus de nouvelles questions. Aussi, aujourd’hui, même si des chercheurs américains sont très récemment parvenus à décrypter la totalité du génome humain, l’on se sent de plus en plus frustré devant des interrogations dont on sait que l’on on n’aura peut-être jamais de réponse (existence de Dieu, infinité de l’univers…) . Et cela nous amène à nous interroger sur une autre notion, celle du pouvoir : Que pouvons-nous savoir? Que sommes-nous capables de réaliser?