Untitled Document
Les sciences, ou plutôt devrait-on dire la science,
est une discipline typiquement humaine, et très ancienne puisque remontant,
en Europe, à l’Antiquité. L’origine du mot " sciences "
vient du " scio " latin signifiant : " je sais, je connais ".
L’étymologie nous confirme donc le désir de connaissances que l’on
attribue généralement aux scientifiques, mais l’on peut s’interroger
sur le but d’une telle recherche, sur son utilité. En effet, pourquoi existe
t-il un tel acharnement, que l’on pourrait qualifier d’universel, du savoir ?
Mais qu’est-ce que la (ou les) science(s) ? Pour répondre à cette
question, nous analyserons premièrement quelles sont les origines des sciences,
leurs causes, pour pouvoir ensuite répondre aux problèmes de la
définition et de l’objectif des sciences.
Les sciences sont apparues en Europe pendant l’Antiquité. En effet, c’est
pendant cette période que les intellectuels ont progressivement refusé
la simple explication mythologique devant les grandes questions matérielles
et métaphysiques qu’ils se posaient, et se sont de plus en plus interrogés
sur les modifications du monde autour d’eux, sur les cycles de la nature…
C’est ainsi que sont nées les mathématiques, la philosophie, ou
bien encore la physique. Cependant, selon la philosophie antique, toutes ces
disciplines ne sont pas distinctes ; en effet, pour les intellectuels antiques,
l’homme appartient à la nature au même titre que d’autres objets,
et par conséquent, il n’a pas de statut particulier : il n’existe pas
de différence fondamentale entre toutes les disciplines citées,
toutes cherchent à comprendre le monde, la nature, et c’est donc pour
cela que les intellectuels antiques, dont Pythagore par exemple, étaient
à la fois des mathématiciens, des philosophes…
Ce désir de connaissances paraît être naturel,
interne à l’esprit humain puisque l’enfant lui-même, dès
sa naissance, s’interroge sur le monde qui l’entoure, il fait preuve d’une certaine
curiosité qu’on lui apprend à cultiver dans notre société
par des jeux éducatifs… Ne pourrait-on pas comparer cet enfant avec
un scientifique, la curiosité enfantine avec la curiosité scientifique
? De plus, cette soif naturelle de connaissances semble être atemporelle
puisque depuis l’Antiquité, elle n’a cessé de se propager, la
science s’est depuis diversifiée, complexifiée, et il existe même
des intellectuels pour lesquels la connaissance absolue est un but qu’ils souhaitent
atteindre pour arriver à la perfection. En effet, le courant philosophique
de Lumières du XVIIIème siècle estimait que l’homme était
perfectible grâce à la connaissance, grâce au savoir. Les
sciences paraissent donc être propres à l’esprit humain et désormais
irremplaçables. De plus, il apparaît que si l’homme s’interroge,
s’il veut comprendre, cela est sans doute dans le but de dépasser sa
propre condition, de devenir " sur-humain " en quelque sorte. C’est
notamment ce goût du défi, de la performance qui peut expliquer
des exploits scientifiques comme le fait que Neil Amstrong ait marché
sur la Lune en 1969.
En outre, il semble que l’être humain a d’autres motivations
qui le poussent vers ce savoir. Pour les penseurs antiques notamment, la connaissance
est un moyen d’atteindre la sagesse, et donc de vivre heureusement, puisque
selon cette conception, un homme instruit, cultivé et savant est nécessairement
un homme bon, un sage, qui est capable de vivre sans subir ses passions…
de vivre heureusement. Pour ces mêmes penseurs, la connaissance est source
de progrès, et cette théorie se traduit notamment par la thèse
du " philosophe-roi ". En effet, l’on retrouve chez les penseurs grecs
notamment deux théories qui représentent leur intérêt
pour la science et leur conviction que le progrès est lié à
la connaissance : il s’agit de la conception de la métaphysique comme
" reine des sciences ", et celle du " philosophe-roi ".
Selon ces philosophes, la métaphysique représente la recherche
de la connaissance absolue, à laquelle on attribue le statut de science,
même de " reine des sciences " puisqu’elle concentre l’ensemble
des questions qui angoissent le plus l’humanité (existence de Dieu, sens
de l’existence…). La théorie du " philosophe-roi " quant-à
elle traduit la conviction antique qui associe le savant au pouvoir: en effet,
puisque la philosophie appartient en quelque sorte à la métaphysique,
il apparaît ici que le philosophe, donc le scientifique, celui qui recherche
et détient le savoir, doit gouverner, diriger, guider les hommes. Dans
cette conception, la science semble donc être un moyen d’atteindre le
bonheur. Enfin, il apparaît d’après les comportements des scientifiques
eux-mêmes que les sciences sont en elles-mêmes des sources de plaisirs,
de bonheur. En effet, si l’on juge la passion véritable des scientifiques,
il semble que leurs découvertes, leur réussite ont été
la cause d’un certain bonheur. C’est notamment le cas de scientifiques comme
Pierre et Marie Curie qui grâce à leur découverte du radium
ont connu célébrité avec le Prix Nobel, et reconnaissance.
Dans cette première partie, nous avons étudié comment les
sciences sont apparues et quels étaient leurs buts immédiats.
Cependant, à travers cette réflexion apparaissent d’autres questions
auxquelles nous tenterons de donner une réponse dans cette seconde partie,
comme le problème de la définition de la science, la question
sur l’existence d’une ou de plusieurs sciences, sur la confiance que l’on peut
leur accorder, et enfin sur leurs objectifs plus profonds.
Les principales caractéristiques communes à toutes
les sciences sont la rigueur, la cohérence, la recherche de l’objectivité
la plus totale pour tendre ainsi vers l’universalité. Ces qualificatifs
s’adaptent parfaitement aux mathématiques, à la physique…mais
paraissent insatisfaisants car ne permettent pas de définir le statut
d’autres disciplines comme l’astrologie par exemple. Comment qualifier ce genre
de disciplines? Karl Popper, un philosophe du début du XXème siècle
apporte une réponse à ce problème : il permet de distinguer
les sciences des pseudo-sciences grâce à leur aptitude ou non à
être remises en question. Ainsi, des disciplines qui reposent sur des
principes fondamentaux péremptoires peuvent être exclus du qualificatif
de science pour rejoindre la catégorie des pseudo-sciences. Ce critère
de falsifiabilité paraît répondre au problème de
la définition de la science. De plus, un autre caractère commun
à toutes les sciences apparaît : c’est un objet, et un moyen de
progression. Les mathématiques ont pour objet le système décimal,
et pour moyen de progression le système de conjecture / démonstration
/ certitude. Les mathématiques peuvent donc, selon cette méthode
employée notamment par les philosophes du Cercle de Vienne au début
du siècle, être qualifiées de science. L’on remarque d’ailleurs
que par cette théorie, la philosophie ne peut être qualifiée
de science puisque tous les philosophes ne s’accordent pas pour choisir un moyen
de progression : la toute puissance de la raison, la remise en cause de la raison…
Cette réflexion pose également le problème de l’existence
d’une ou plusieurs sciences. En effet, l’on a tendance à distinguer les
disciplines selon leurs catégories : on parle de sciences exactes pour
les mathématiques, de sciences expérimentales pour la physique,
et de sciences humaines pour l’histoire par exemple, l’on étudie même
dans le système scolaire les sciences de la vie et de le
Terre. Toutes ces disciplines constituent un seul et même savoir, cependant
peut-on toutes les assimiler? Le philosophe Emmanuel Kant nous donne une solution
pour les sciences exactes et expérimentales. Selon cet auteur, l’on ne
peut totalement distinguer ces deux disciplines car, s’il est vrai que les mathématiques
sont a priori (c’est-à -dire en-dehors de toute expérience) et
que la physique est elle principalement a posteriori (c’est-à-dire mêlée
à une expérimentation) , l’on ne peut nier que la physique est
également a priori puisqu’elle dispose également de théories
pures, et de formules mathématiques, comme
F=ma par exemple, tout comme les mathématiques s’inspirent de l’expérimentation.
La théorie kantienne nous apporte donc une solution pour les sciences
exactes et expérimentales, mais nous laissent démunis quant aux
sciences humaines. Doit-on alors les considérer comme des sciences? Le
problème n’étant pas résolu, dans la suite de cette réflexion,
nous considérerons " les sciences ".
En outre, les sciences se posent comme étant des certitudes
indubitables, mais devons-nous pour autant leur faire totalement confiance?
Les sciences représentent-elles des certitudes absolues, ou de simples
probabilités? Cette question se pose aux sciences expérimentales
puisqu’elles reposent sur le réel, comment peut-on à partir du
réel, à partir d’exemples déduire des théories générales?
En effet, les sciences expérimentales reposent sur un principe, le principe
de causalité : " Les mêmes causes ont toujours les mêmes
effets ". Si l’on remet en question ce principe, comme l’a fait Hume par
exemple, les sciences expérimentales entières se trouvent discréditées.
Doit-on croire en la véracité des lois physiques? Kant répond
à ce problème en affirmant que le principe de causalité
est vérifié par l’entendement, par la raison humaine, grâce
notamment aux cadres a priori de la perception, et que par conséquent,
les sciences expérimentales sont vérifiées, au moins pour
l’esprit humain, pour l’humanité. Les sciences expérimentales
retrouvent ici leur crédit, leur véracité. Cependant, même
si la thèse de Kant nous " rassure " sur le problème
des sciences expérimentales, elle ouvre un autre débat, celui
de l’unicité de la vérité.
Et enfin, ce sujet nous amène à nous interroger
sur le but, l’objectif des sciences. En effet, l’on peut se demander si la soif
humaine de certitudes n’a pas d’autres causes que la simple curiosité.
Ce but est commun à toutes les sciences bien qu’il soit plus ou moins
direct selon les disciplines, puisque les mathématiques énoncent
des certitudes inutiles en apparence, comme :
mais qui sont en réalité fondamentales pour les
sciences expérimentales. Le premier but que l’homme cherche à
atteindre grâce aux sciences, c’est sans doute de trouver un sens à
sa vie, de combler ses angoisses métaphysiques, de répondre à
des questions comme : Qui suis-je ? Où est ma place ? Que dois-je faire
? … En outre, l’homme espère, grâce aux sciences, pouvoir
trouver une réponse à la question de Dieu, et ceci a été
apparent surtout après la Renaissance, lorsque les physiciens et les
astrophysiciens se sont interrogés sur le fonctionnement du système
solaire , sur le géocentrisme… L’étude des sciences semble
donc dissimuler une angoisse, une frustration face au fait que l’homme n’est
pas tout-puissant. L’on peut même affirmer que l’homme, par ses recherches
scientifiques, tente d’oublier sa mortalité pour atteindre le suprême,
en d’autres termes : l’homme commet le péché d’hybride grec, c’est-à-dire
qu’il cherche à dépasser sa propre condition pour atteindre un
idéal. Les recherches scientifiques su l’univers, l’astrophysique, l’étude
des galaxies les plus éloignées possibles tendent à confirmer
cette thèse pessimiste.
A travers cette réflexion, il apparaît que les sciences, qu’elles
soient expérimentales, exactes, ou humaines, se révèlent
être de plus en plus complexes et diversifiées depuis l’Antiquité,
et surtout de plus en plus nécessaires. En effet, si la science est parvenue
à répondre à certaines des nos interrogations comme le
fonctionnement du système solaire… , au fur et à mesure qu’elle
progresse, elle nous pose de plus en plus de nouvelles questions. Aussi, aujourd’hui,
même si des chercheurs américains sont très récemment
parvenus à décrypter la totalité du génome humain,
l’on se sent de plus en plus frustré devant des interrogations dont on
sait que l’on on n’aura peut-être jamais de réponse (existence
de Dieu, infinité de l’univers…) . Et cela nous amène à
nous interroger sur une autre notion, celle du pouvoir : Que pouvons-nous savoir?
Que sommes-nous capables de réaliser?