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Biologiquement, l’humanité est l’espèce de tous
les individus ayant pour garniture chromosomique : 2n=46. L’humanité est
donc un tout, une entité. Cette entité se caractérise notamment
par le " sentiment d’humanité ". En effet chaque être humain
ne peut qu’être affecté par le malheur accablant l’un de ses semblables
par exemple, et si un tremblement de terre détruit des villes, tuant ainsi
des milliers d’hommes, alors c’est toute l’humanité qui en est affectée,
par un phénomène d’identification aux victimes. Aussi John Donne,
un penseur anglais du XVII siècle a t-il écrit : " Nul homme
n’est une isle complète en soy-mesme ; tout homme est un morceau du continent
; une part du tout… La mort de tout homme me diminue, parce que je suis solidaire
au genre humain. Ainsi donc, n’envoie jamais demander : pour qui sonne le glas?
Il sonne pour toi. ". Cependant l’on observe à travers l’histoire
des hommes la formation d’Etats ; aussi l’on peut se demander pourquoi
l’humanité se scinde en groupe parfois amis, parfois ennemis. Pourquoi
existe t-il des Etats ? Afin de répondre à cette question,
nous étudierons premièrement la notion d’Etat et ensuite nous tenterons
de déterminer si la pluralité des Etats existe parce que c’est la
meilleure alternative ou parce qu’elle n’a pu être évitée.
L’on définit l’Etat, sur un territoire donné,
comme un pouvoir légitime - c’est-à-dire élu par les foules
ou monarchique…- qui organise la société. Nos sociétés
occidentales ont appliqué les théories de Montesquieu dans l’Esprit
des lois (1748) pour lequel l’Etat a trois pouvoirs essentiels : les
pouvoirs législatif, exécutif, et judiciaire qui tous trois doivent
être distincts, équilibrés, et qui ne doivent surtout pas
être commandés par le même homme ou la même assemblée.
L’Etat est une institution fondamentale pour toute société civilisée
puisqu’elle lui assure paix, justice… Cependant la notion même d’Etat
est indéfinissable puisque tous les philosophes, hommes politiques…
ne s’accordent pas pour désigner son rôle : leurs théories
diffèrent. En effet, si les libéraux s’accordent depuis le XIXème
siècle à désigner l’Etat comme un simple organisme visant
à préserver la sécurité des habitants et surtout
n’intervenant pas dans la vie économique du pays, les partisans du Welfare
state par exemple n’ont pas du tout la même définition du rôle
de l’Etat.
De plus, la question du régime politique idéal divise les hommes
depuis l’Antiquité : faut-il vivre dans une démocratie, une royauté…
L’Etat divise donc les hommes dans tous les sens du terme : non seulement les
hommes ne s’accordent pas à définir cette notion qui semble évoluer
avec l’histoire mais aussi les hommes se divisent en plusieurs Etats. L’humanité
ne serait-elle pas capable de surmonter cet écueil ? les hommes seraient-ils
comme des fourmis qui vivent certes en société mais dont les différentes
sociétés sont incapables de fusionner réellement ?
Dans cette première partie nous avons tenté de définir
la notion d’Etat, considérons désormais les Etats.
En effet il semble qu’historiquement l’humanité n’aie jamais été
unie en un seul Etat et que la vie civilisée ait introduit la pluralité
des groupes, et donc des Etats. Si cette pluralité est une réalité
existant jusqu’à nos jours, l’on peut s’interroger sur sa cause : est-ce
la meilleure alternative ou un moindre mal que l’on pourra plus tard dépasser
?
Plusieurs facteurs semblent indiquer que la pluralité des Etats est la
meilleure alternative pour l’humanité, et cela pour toujours. En effet,
l’existence de plusieurs Etats permet à différentes philosophies,
à différentes idéologies d’être appliquées
sur un nombre relativement restreint d’individus avant de l’étendre à
l’humanité, et ainsi d’éviter d’appliquer de mauvaises politiques
sur la planète. Par exemple, la conception marxiste-léniniste
du pouvoir a été appliquée en URSS de 1917 à 1991
et sa vocation était de s’étendre à l’humanité.
La désastreuse concrétisation de ces théories a permis
à cet universalisme de ne pas trop s’étendre alors que l’universalisme
occidental qui a été un succès a pu s’étendre au
monde et a permis à des pays -les Dragons asiatiques- de se développer.
De plus, la pluralité des Etats permet de limiter les risques de la représentation
politique. En effet, plus le monde est divisé en Etats et plus il existe
de représentants politiques. En d’autres termes, plus il y a d’Etats
et plus les citoyens ont d’influence, en effet, si le monde d’aujourd’hui était
composé d’un seul Etat, alors la voix d’un citoyen serait négligeable
en comparaison des six milliards d’individus.
Et même si l’on considère que la présence d’un seul Etat
est possible, alors cet Etat serait trop grand, difficile à gérer
à cause notamment de mouvements nationalistes inévitables, il
faudrait annexer des territoires par l’usage de la force et alors il ne s’agirait
plus d’un Etat de droit. En outre, à une telle échelle, les opposant
au régime seraient des millions, voire des milliards, ce qui se traduirait
par une instabilité du régime permanente. Et enfin, il y aurait
l’immense problème de la détermination du chef d’Etat qui deviendrait
alors le maître du monde, et même si ce dernier arrivait au pouvoir
légitimement, comment ne pas éviter qu’il fasse passer son intérêt
propre avant l’intérêt général ? Et par ailleurs,
des guerres de chef pour obtenir le pouvoir suprême seraient inévitables,
ce qui fragiliserait encore ce régime… De tout cela il apparaît
que même s’il était possible qu’un seul Etat puisse exister, alors
il serait trop fragile pour perdurer. S’il existe donc des Etats,
c’est parce qu’un seul ne pourrait se maintenir.
Et enfin, si l’on considère que les hommes politiques ne dirigent pas
leurs pays mais qu’ils les gouvernent, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas
de finalité de l’humanité, qu’ils ne guident pas les hommes vers
un monde meilleur, alors la pluralité des Etats semble effectivement
être la meilleure alternative. Si l’on considère en effet que "
gouverner, c’est mener la barque " comme l’explique Créon dans Antigone
de Jean Anouilh, c’est-à-dire que le chef d’Etat ne recherche pas un
absolu mais le moindre mal, alors l’humanité toute entière n’a
pas véritablement de destin commun, et le concept d’Etat-nation -c’est-à-dire
chaque nation possède son propre Etat- n’est pas alors vide de sens.
Dans cette partie, nous avons étudié les arguments
en faveur de la pluralité des Etats, cependant affirmer que la réalisation
d’un seul Etat est sinon impossible au moins néfaste est une position
individualiste incompatible avec le sentiment d’humanité décrit
précédemment. S’il Existe plusieurs Etats, ne serait-ce pas plutôt
parce que nous n’en voudrions qu’un seul mais que c’est impossible actuellement
?
L’on ne peut nier qu’actuellement les hommes ne seraient pas
tous d’accord pour former un seul Etat par peur de l’établissement d’un
régime totalitaire, mais aussi parce que tous ne partagent pas la même
culture, la même histoire, la même langue… En d’autres termes
parce qu’il n’existe pas encore de nation-humanité. Cependant, malgré
toutes les réactions nationalistes, le monde tend à s’uniformiser
par le processus de mondialisation, si bien que l’on définit souvent
le monde comme étant un " village planétaire ". Par
conséquent, si le monde d’aujourd’hui n’est pas assez uni, si les niveaux
de développement sont encore trop inégaux actuellement, ne peut-on
pas envisager dans l’avenir un Etat-planète ?
De plus, dans la société néo-capitaliste actuelle, l’importance
des Etats décroît, et si les grands blocs se morcellent en plusieurs
Etats, l’on ne peut nier qu’à l’image de l’Union Européenne les
Etats se regroupent. Aussi l’on peut supposer qu’à l’avenir, ces mêmes
Etats se regrouperont en un seul. Peut-être alors que les Etats sont une
étape nécessaire vers la création d’un seul Etat.
De plus, si l’on considère, contrairement à la première
partie, que le chef d’Etat ne gouverne pas, mais dirige, alors la notion de
finalité de l’humanité justifie cette volonté de réaliser
un unique Etat : l’humanité avance vers le même but, alors son
unité est préférable. Par ailleurs, cette unité
est possible si l’on considère la nature humaine d’un point de vue religieux.
En effet, la Bible précise que : " Dieu a fait l’homme à
son image ", ce qui implique entre-autre l’égalité et l’unicité
des êtres humains. Cette association possible dans l’avenir de l’humanité
semble donc non seulement réalisable, mais aussi très bénéfique
puisqu ’elle permettrait d’éviter des guerres, etc …
A travers cette réflexion, il apparaît que s’il existe des
Etats, c’est pour créer une humanité, dans toute sa diversité,
et peut-être qu’il y aura toujours à l’avenir des Etats, mais alors
ceux-ci n’auront plus la même fonction -cette fonction dépendra
de la politique choisie : libérale, sociale... - et la notion d’Etat
n’aura plus la même signification. Alors le monde s’unifiera peut-être,
à l’image de l’Union Européenne, une tentative pleine d’espoir,
et alors la question : Pourquoi des Etats ? deviendra Pour quoi des Etats ?
Cependant il convient de se demander si un tel projet n’est pas irréalisable,
en d’autres termes si ce rêve ne serait pas dû à la volonté
de combler l’angoisse métaphysique de l’imperfection de l’être
humain par la tentative de faire du groupe une perfection. Peut-être s’agit-il
ici du rêve de Bernard Werber : " 1+1=3 " , c’est-à-dire
que l’union des forces individuelles crée une force supérieure
à la somme arithmétique des forces individuelles, que le groupe
permet de combler nos imperfections individuelles.