Untitled Document
Il est possible d’affirmer que la Révolution Industrielle 
joue un rôle-clé dans la structuration des pays développés 
que nous connaissons aujourd’hui. Au 18ème siècle, la population 
était très majoritairement paysanne, les pays divisés en 
régions n’ayant parfois aucun lien entre elles. A la fin du 19ème 
siècle, la population est urbaine, les états organisés en 
nations. [oui] Le problème qui nous est posé est de déterminer 
dans quelles proportions et par quels moyens la Révolution Industrielle 
a participé à cette évolution. Pour ce faire, il faudra expliciter 
les différentes situations du début puis de la fin du 19ème 
siècle, mettre en évidence les mécanismes par lesquels la 
Révolution Industrielle a pu jouer un rôle dans cette évolution, 
en nous limitant aux pays ayant bénéficié de l’industrialisation. 
Nous allons donc répondre à trois questions : quelles étaient 
les caractéristiques de l’organisation spatiale de ces pays au début 
du 19ème siècle ? Quelles étaient-elles un siècle 
plus tard ? Quels mécanismes expliquent cette évolution ?  
  Au tout début du 19ème siècle, l’organisation de l’espace 
  se caractérise d’abord par une très faible urbanisation. La population 
  européenne, et mondiale plus généralement, est à 
  90% rurale et essentiellement agricole. Par le fait même, puisque les 
  activités économiques se développent là où 
  se trouve la main-d’œuvre, les premières " industries " 
  naissent en campagne selon le modèle de la " Fabrique ". L’exemple 
  le plus connu de la " Fabrique " est le textile. Le marchand ou " 
  soyeux " fournit un rouet et la matière première aux paysans 
  de la région. Il leur rachète ensuite à bas prix les toiles 
  de tissus. Ceci implique que les manufactures [ateliers] sont rurales 
  et très dispersées. 
  Ainsi, les très grandes villes sont rares. Leur pouvoir est presque exclusivement 
  politique puisque c’est là que se trouvent les Institutions. En revanche, 
  elles ne participent que peu à la production de richesses, excepté 
  dans le cadre du commerce. [ce n’est pas si simple]
 A cette époque, l’organisation géographique et 
  économique des pays européens se caractérise par un morcellement 
  important. Partant les marchés sont exclusivement régionaux. 
  En effet, la notion d’Etat-nation n’est pas encore vraiment née. Chaque 
  pays est divisé en régions ayant leurs propres langues, leurs 
  propres cultures, et n’ayant que très peu de rapports entre elles. 
  Par ailleurs, au sein de chaque Etat, les réseaux de transport sont très 
  insuffisants et souvent peu cohérents. Dans les années 1780, il 
  faut plus de dix jours pour rejoindre Edimbourg de Londres. A la même 
  époque, plusieurs mois sont nécessaires pour traverser les USA 
  d’est en ouest. Cela explique que les marchés soient géographiquement 
  très limités. On comprendra aisément qu’il soit difficile 
  de vendre à 2000 kms de chez soi quand un mois est nécessaire 
  pour parcourir cette distance.
  Certaines nations, comme l’Allemagne et l’Italie, sont morcelées en plusieurs 
  états : l’Allemagne en compte 39 en 1800. Ce morcellement a pour conséquence 
  l’absence de politique économique concertée, la faiblesse et l’incohérence 
  du réseau de transport au niveau de l’Allemagne entière. 
  A la fin du 19ème siècle, au contraire, on remarque une urbanisation 
  importante et en constante augmentation : le taux d’urbanisation dépasse 
  les 70% en Grande-Bretagne. Cette urbanisation se nourrit de l’exode rural. 
  Ces populations en voie de prolétarisation s’entassent dans des quartiers 
  ouvriers sordides. Les conditions de vie et d’hygiène sont calamiteuses, 
  les maladies s’y développent très rapidement, l’alcoolisme atteint 
  des proportions effarantes… Ainsi, c’est à cette époque que 
  naît le mythe de la " ville dévoreuse d’hommes ".
  Au sein de cette urbanisation, on peut distinguer le cas plus spécifique 
  de la France où l’urbanisation est plus lente qu’ailleurs (44% seulement 
  à la fin du 19ème siècle). Cette spécificité 
  résulte d’abord de la Révolution Française qui, par la 
  redistribution des terres, favorise l’essor d’une classe de moyens propriétaires. 
  [voir dans une autre partie ?] Chacun d’eux ayant assez pour vivre, l’exode 
  rural n’est pas massif en France. De plus, l’Etat français fera souvent 
  le choix de soutenir ses agriculteurs au détriment de ses industriels, 
  notamment en adoptant une attitude protectionniste (tarif de Méline en 
  1892…)
  Par ailleurs, à cette époque, l’organisation spatiale des pays 
  développés est b bouleversée par l’apparition d’une nouvelle 
  carte industrielle. En effet, les industries sont très concentrées 
  dans certaines régions, près des villes et des bassins houilliers. 
  Cette tendance est indubitable, même si de nouvelles industries comme 
  la production d’aluminium ont tendance à moins se concentrer. Cela s’explique 
  parce-que ces nouvelles industries utilisent de l’électricité 
  qu’on ne peut pas transporter. Ainsi, elles s’installent dans les régions 
  productrices de cette énergie, qui sont très variées. Cette 
  concentration de l’industrie implique des modifications de l’aménagement 
  du territoire au profit de ces régions plus dynamiques. Ainsi, l’Angleterre 
  du Nord monte en puissance au détriment du sud de l’Angleterre moins 
  industriel. [oui]
 C’est aussi à cette époque que se constituent 
  des marchés nationaux. On voit ainsi se structurer des réseaux 
  de transport de plus en plus performants et cohérents. Ainsi, il devient 
  possible de vendre sa production à 500 ou 1000 kilomètres de chez 
  soi. Cette évolution contribue au développement du sentiment d’appartenance 
  nationale.
  Nous avons explicité l’évolution de la situation quant à 
  l’organisation spatiale des pays développés en un siècle. 
  Reste encore la question cruciale : quelles sont les raisons qui expliquent 
  des transformations aussi radicales ?
  A cet égard, on souligne le rôle important joué par la révolution 
  agricole, en particulier comme cause directe de l’exode rural. La révolution 
  agricole, directement imbriquée dans la révolution industrielle, 
  commence en Angleterre vers 1750, puis se diffuse dans le reste de l’Europe 
  vers 1800. Concrètement, il s’agit du remplacement de l’assolement triennal 
  par la production fourragère. Mathématiquement, on obtient une 
  hausse de 50% de la production qui a pour conséquence directe la disparition 
  progressive des famines qui jalonnaient l’époque précédente. 
  Ainsi la population augmente, servant à la fois de main-d’œuvre 
  et de force consommatrice. 
  La révolution agricole passe aussi par l’enclosure des propriétés. 
  De fait, les petits paysans qui vivaient des droits coutumiers tels que le droit 
  " de vaine pâture " ne peuvent plus survivre. Ils partent donc 
  vers les villes, où ils forment une main-d’œuvre en voie de prolétarisation 
  et aisément exploitable.
  On peut donc affirmer que la révolution agricole est la cause première 
  de l’urbanisation. [oui]
 On remarque ensuite que c’est aux nouvelles technologies qu’on 
  doit la concentration industrielle dans des régions précises.
  En effet, la révolution industrielle se caractérise par des découvertes 
  scientifiques " en grappes ", surtout axés sur l’usage de la 
  machine à vapeur et la métallurgie. Comme ces deux industries 
  réclament de fortes quantités de charbon, la demande en charbon 
  augmente massivement et l’extraction explose. Or le charbon est un matériau 
  difficilement transportable car lourd, solide… C’est dont tout naturellement 
  que les industries s’installent dans les bassins houillers. Ainsi, on assiste 
  à l’éclosion de " pays noirs " qui structurent les espaces 
  économiques nationaux : régions de Leeds et de Manchester en Angleterre, 
  Alsace-Lorraine et Nord en France, Ruhr en Allemagne…
 Enfin, on peut souligner le rôle spécifique du 
  chemin de fer, qui est considéré, non sans raison, comme le symbole 
  de la révolution industrielle. Son rôle est essentiel dans la formation 
  et l’organisation des espaces nationaux.
  Avec l’amélioration générale des transports, il est la 
  cause première de la formation des marchés nationaux. En effet, 
  la vitesse " raccourcit " les distances et permet de vendre loin de 
  chez soi. Dans certains cas, comme en Allemagne, il permet d’établir 
  un réseau national cohérent, qui, du fait du morcellement politique, 
  n’existait pas auparavant. Et il permet parfois " d’élargir " 
  les espaces nationaux. [expliquer]
   Par exemple, aux Etats-Unis, la conquête puis la maîtrise du 
  territoire ne peuvent se faire que par l’intermédiaire du train. Le chemin 
  de fer, " élargit " le territoire américain vers l’ouest. 
  Ainsi, les trois lignes transcontinentales permettent l’exploitation agricole 
  des Grandes Plaines, le peuplement puis le développement de la Californie. 
  Son rôle est donc énorme dans la constitution de la nation américaine.
  Le train joue également un rôle-clé dans la diffusion de 
  la révolution industrielle dans les mentalités : avoir une gare 
  près de chez soi, c’est entrer de plain-pied dans la révolution 
  industrielle. C’est grâce au train que les contemporains, notamment les 
  ruraux, prennent conscience de la réalité de l’industrialisation.
 Au cours de ce développement, nous avons montré 
  que c’est bien au 19ème siècle qu’apparaît une véritable 
  organisation du territoire. Puis nous avons expliqué en quoi la Révolution 
  industrielle (agriculture, technique, transports) a joué un rôle 
  dans cette évolution. On peut se demander dans quelle mesure les deux 
  derniers arguments, nouveautés techniques et transports, peuvent expliquer 
  l’évolution de la hiérarchie mondiale des états, de telle 
  qu’elle était en 1800 à telle qu’elle est aujourd’hui.