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A l’heure où fusions, associations et concentrations
gouvernent notre paysage économique et social quotidien, une réalité
complexe et multiforme gouverne celui de plus de 60% de la population mondiale.
Le sous-développement n’est plus seulement un concept : c’est une réalité.
Ainsi, l’inertie de la croissance économique et industrielle, et ses conséquences
directes (misère et archaïsme social), empêchent nombre de pays
de s’insérer efficacement dans les relations commerciales internationales,
les enfonçant encore plus dans leur marasme.
Alors qu’un processus récent (depuis une quinzaine d’années) fait
passer l’économie du stade de l’interdépendance d’économies
nationales au stade d’une globalisation mondiale, il est donc intéressant
de se demander si le Sous-Développement est toujours une fatalité
? [oui, un peu faible]
La mondialisation de l’économie est-elle un facteur d’intégration
ou de marginalisation d’un ensemble sous-développé qui constitue
déjà une périphérie ?
Après avoir remarqué que c’est la phase préparatoire à
la mondialisation -l’internationalisation de l’économie et du commerce-
qui a approfondi le sous-développement des pays en retard, nous montrerons
en quoi on peut penser que la mondialisation ne peut qu’intensifier leur marginalisation.
L’exposition des limites de cette thèse expliquera en quoi la mondialisation
peut favoriser leur intégration au monde développé. [peu
adroit]
Tout d’abord, il faut noter que le sous-développement, dans la pluralité
de ses formes et de ses facteurs, n’a pas été avantagé
par le commerce international, qui est dans une certaine mesure une phase préparatoire
à la mondialisation de l’économie. [peut-être]
Le sous-développement est avant tout un ensemble très
hétérogène, qu’on peut seulement unifier par sa pauvreté
importante et un très faible indice de développement humain. Il
est constitué de pays qui n’ont très souvent pas expérimenté
de révolution industrielle et qui n’ont donc pas jeté les bases
d’une croissance économique. Majoritairement victimes d’un endettement
extérieur conséquent, leur non-productivités industrielle
et agricole les oblige à vivre sous la dépendance financière,
commerciale et technologique du monde développé, et souvent, elle
limite leur création de richesse à l’exportation de produits primaires,
bruts et semi-bruts.
Dès lors, l’internationalisation de l’activité économique
et des échanges commerciaux va être un nouveau facteur d’approfondissement
et d’affaiblissement de ces pays sous-développés.
En effet, ces pays sont à la fois victimes de leur manque de moyens structurels
et de la tendance conjoncturelle à l’internationalisation [pourquoi
?]
- La libéralisation des échanges exige une stabilité
monétaire que ces pays n’ont pas. Ne pouvant maintenir des taux de
change convenables (inflation galopante, déficit de la balance des
paiements courants…), les économies des pays sous-développés
vivent sous constante perfusion économique (prêts, crédits,
aides financières du FEDER, du FMI..), ce qui, par un cycle vicieux,
accentue leur dépendance.
- L’archaïsme de leurs structures de production les oblige
à importer des produits transformés, biens de consommation…
Pour équilibrer leur balance commerciale, ils doivent ainsi se contenter
d’exporter des produits de base… et ils ne cherchent plus à moderniser
leur production, à la réorienter vers des secteurs plus productifs
et plus compétitifs. Ainsi, l’exportation de pétrole et de gaz
constitue plus de 60% du PNB algérien. Cette richesse ne peut se répartir
sur l’ensemble d’une société qui ne peut donc se développer,
n’ayant pas des salaires à Parité de Pouvoir d’Achat suffisante
pour se procurer des biens de consommation…
Ainsi, l’internationalisation des échanges, condition nécessaire
et préalable à la mondialisation de l’économie, n’a fait
qu’accentuer la périphérisation d’un monde complexe sous-développé,
un " Tiers-Monde " (Alfred Sauvy) endetté et exposé
au sein d’une DIT de plus en plus oligopolistique. Le Mexique doit par exemple
faire face à une crise d’insolvabilité en 1982, les pays d’Afrique
Noire ont parfois un taux de croissance négatif. Il paraît alors
tout à fait logique que la mondialisation ne fasse qu’accentuer la marginalisation
de ces PED.
Cette marginalisation peut se faire à deux niveaux : économique
et politique.
En premier lieu, la cartellisation financière des industries
développées ne peut qu’accentuer l’exploitation des PED par les
grandes Firmes Multinationales européennes et américaines. Avec
la multiplication des fusions et des concentrations, ces FMN deviennent des
conglomérats encore plus puissants. S’expatriant de plus en plus facilement
dans le contexte actuel de mondialisation que l’OMC tente de réguler,
ces FMN ne rencontrent alors que peu de problèmes pour installer des
filiales dans les PED, qui produisent à coût salarial très
faible. De plus, on n’est plus dans un contexte de nationalisation, et les grands
groupes industriels privés réinvestissent dans l’exploitation
des ressources naturelles et énergétiques de PED qui n’en ont
pas les moyens. [argument peu clair] Ainsi, dans une certaine mesure,
l’Amérique Latine vit sous la dépendance des capitaux américains,
bien que la croissance du MERCOSUR tente d’y mettre un frein.
De plus, avec la constitution des alliances économiques et commerciales,
les PED semblent asservis voire exclus des circuits d’échanges mondiaux.
L’ALENA, l’APEC, le Marché Commun marquent une certaine négligence
de la " Triade " vis-à-vis des pays sous développés,
négligence qu’ont longtemps caché les divers prêts et subventions
à faible taux d’intérêt accordés par le FMI ou la
Banque Mondiale. [sans doute] Mais il faut toutefois nuancer en rappelant
que la prise de conscience du problème du sous-développement (sur
le plan social plus qu’économique) n’a jamais été aussi
importante.
Sur le plan politique, et malgré la nuance que l’on vient
d’apporter, il semble évident que les pays sous-développés
ne puissent jouer qu’un rôle très faible au sein des institutions
supra-nationales. Car il va de soi que la mise en place d’un processus diplomatique
de décision au niveau mondial ne peut s’effectuer que proportionnellement
au poids diplomatique de chaque pays, poids qui dépend lui-même
de leur poids économique.
Dès lors, l’intégration des pays sous-développés
dans la nébuleuse d’une économie mondialisée et développée
semble bien illusoire.
Enfin, avec la mondialisation, il semble bien que le Sous-Développement
soit une fatalité. [vision un peu pessimiste]
En effet, la mondialisation de l’économie, perçue comme nécessaire
à la croissance économique, est fondée sur l’utilisation
de l’informatique, des télécommunications, bref de moyens technologiques
modernes que les pays sous-développés n’ont pas. En outre, il
est absurde de penser que ces pays sous-développés sont capables
de s’intégrer profitablement dans ce qu’on peut considérer comme
une " Troisième Révolution Industrielle " alors qu’ils
n’ont même pas assimilé les deux premières. [oui]
Le schéma libéral de développement de Rostow (sociétés
traditionnelles puis conditions préalables au décollage puis démarrage
économique ou " take-off " puis accès à la maturité
puis société de communication) en serait alors complètement
dénué de sens.
Ainsi, il semble que la mondialisation ne puisse qu’accélérer
la marginalisation et le sous-développement des pays en retard, en les
excluant définitivement du processus même de mondialisation, comme
si celle-ci marquait la date limite avant laquelle chaque pays devait avoir
réussi son démarrage. Cependant, il semble que certains pays puissent
être guéris du sous-développement.
L’essor des Dragons et des Tigres de l’Asie du Sud-Est en constituent un exemple.
La croissance exceptionnelle de Hong-Kong, de Taïwan, de Singapour et de
la Corée du Sud ont montré le rôle positif qu’ont pu jouer
les Firmes Multinationales. En voulant faire de ces Etats à la main-d’œuvre
docile et bon marché des pays-ateliers, elles ont précipité
leur essor. Solde commerciale excédentaire et investissements productifs
ont alors permis le développement de ceux qui sont devenus désormais
des concurrents directs des pays développés.
Ensuite, le contexte actuel de mondialisation inhibe immédiatement
toute tentative de politiques de développement marxiste.
- La théorie de la détérioration des termes
de l’échange, élaborée par les économistes latino-américains
du CEPAL Raùl Prebish, Celso Furtado et Jorge Ahumada, ne semble pas
correspondre au contexte de mondialisation [cela dépend] : il
est faux de penser que les prix des produits finis qu’importent les pays sous-développés
évoluent plus vite que ceux des produits de base qu’ils exportent,
quand les Institutions tentent d’harmoniser et d’équilibrer les échanges
pour leur venir en aide. L’échec de la stratégie d’industrialisation
par substitution d’importations en Algérie semble alors décourager
tout pays désireux de suivre un tel " modèle de développement
".
- De même, la thèse de l’ " échange
inégal " d’Arghiri Emmanuel semble tout à fait infondée
dans ce contexte de mondialisation [discutable ou expliquez]. Pourquoi
penser que les échanges commerciaux sont favorables aux produits à
forts coûts salariaux, alors que les FMN tentent justement de réduire
ces coûts ? La mondialisation annihile donc toute volonté de
développement autocentré, planifié, et orienté
sur les industries de base (échecs des modèles soviétique
et chinois…)
Avec la mondialisation, les modèles libéraux de
développement se présentent donc comme les plus opportuns.
Et si François Mitterrand avait affirmé qu’il n’était pas
possible de concevoir la croissance économique des pays riches industrialisés
sans le développement des autres, il aura peut-être raison deux
ou trois décennies plus tard ! En effet, ne peut-on pas penser que les
industries liées à la mondialisation (nouvelles technologies,
informatique…) vont favoriser le processus de rationalisation des productions,
et donc de création de richesse, un peu à la manière des
" industries industrialisantes " de François Perroux, d’Hirshman
et de Bernisse, mais dans un cadre libéral ?
L’abaissement des barrières nationales (culturelles, écarts géographiques,
échanges commerciaux et diffusion des technologies) ne va-t-il pas catalyser
l’explosion économique des pays sous-développés, ce qui
serait salutaire car, comma l’a stipulé Gerschenkron, " le démarrage
économique des pays les plus en retard va être encore plus efficace
" ?
Ainsi si la proposition d’annulation de la dette du Tiers-Monde peut paraître
utile pour les pays connaissant Mal-Développement et Retard de Développement,
et qui sont plongés au sein d’un chaos économique sans précédent
(Afrique noire…), elle peut paraître excessive pour des pays ayant
bien entamé leur processus de développement (Inde, Brésil,
Chine, Philippines…)
Il ne faut donc pas considérer le sous-développement comme une
fatalité. Car si le contexte actuel de mondialisation peut renforcer
la marginalisation des Pays les Moins Avancés, qui auront hélas
bien des difficultés à rattraper leur retard industriel, technologique
et social, il peut devenir un formidable tremplin pour la croissance économique
des PED ayant déjà réalisé leur take-off. Et si
ces PED ont un niveau de développement insuffisant, l’uniformisation
et l’expansion des modes de consommation risquent d’être accélérées
par le processus de mondialisation. L’étape économique reste la
plus problématique.