Les théories de la répartition permettent-elles d’expliquer l’évolution de la redistribution des revenus depuis la début des années 1970 en France ?

Bonnes Copies

Bonne copie de l’Institut Notre-Dame de Sainte-Croix à Neuilly sur Seine. Cette copie a été notée 13/20.

Bonne copie du lycée : 92 - Neuilly sur Seine - N-D. de Sainte-Croix

Cette copie a été notée : 13 / 20


Untitled Document Surnommées les "trente piteuses", ces dernières années ont été marquées par une crise profonde provoquant chômage, inflation et recherche exacerbée des gains de productivité. Ainsi la répartition, c’est-à-dire le partage des bénéfices entre les différents acteurs tels qu’entre les salariés et les capitalistes, a évalué par rapport à celle de la période de forte précédente où la prospérité la facilitait. Les analyses théoriques aussi bien micro que macro-économiques divergent quant au choix de distribution des revenus.
Ces théories ont-elles été appliqué ces trente dernières années pour répartir les revenus dégagés par les entreprises et l’Etat en France ?
D’un point de vu macro-économique, théories et empirisme se confrontent. Concernant les entreprises nous examinons les faits face aux théories.


La répartition, qui consiste à partager les excédents sous forme de revenus, concerne l’Etat. En effet, pendant les années 1970 l’Etat va jouer un rôle important et croissant pour contrebalancer les effets de la crise. L’Etat en tant qu’allocateur de ressources va donc devoir répartir au mieux les revenus. D’ores et déjà on peut noter que les théories classiques ou néoclassiques ne peuvent expliquer ce rôle important jouer par l’Etat. Effectivement, les théories classiques donnent un statut minimal au niveau macro-économique : il s’agit surtout de garantir la concurrence et la sécurité. Or distribuer des revenus n’est pas un acte économiquement souhaitable pour un Etat du point de vu classique car l’intervention de l’Etat est considérée comme néfaste pour le marché qui doit s’autoréguler. Ainsi en ce qui concerne les analyses libérales l’évolution de la distribution des revenus, qui est devenue quantitativement croissante pour l’Etat, n’est nullement justifiée, au contraire.
De plus, l’Etat qui se finance par des prélèvements obligatoires croissants depuis le début des années 1970 pour s’élever aujourd’hui à environ 45%, distribue des revenus également en forte hausse tout au long de la crise et toujours aujourd’hui puisque cela correspond à un montant de 200 milliards de francs en 1997 sous forme d’allocations diverses. La théorie peut-elle justifier cette distribution ? Encore une fois, l’analyse classique ne peut légitimer, c’est-à-dire donner raison à ce rôle d’allocateur de ressource entrepris par l’Etat en France depuis 1970. Par contre toutes sortes de mesures telles que le salaire minimum (le SMIG puis le SMIC) imposé, le RMI (le revenu minimum d’insertion), les allocations familiales, chômage, vieillesse ou maladie, sont quant à elles justifier et prôner par l’approche keynésienne conjointement aux idées de Beveridge. Ce dernier conçoit parfaitement l’idée d’un Etat allocateur de ressources assimilée à un système d’assistance de toute personne "du berceau à la tombe". Ainsi l’Etat aurait une place à jouer dans l’économie autre que celle de gendarme. L’évolution de la distribution des revenus quantitativement croissante est désormais justifier et expliquer. L’Etat doit participer au maintient et au développement du niveau de vie, de confort des acteurs économiques qui seront de ce fait plus efficace dans l’activité économique. Cette logique d’assistance, qui soutient la demande essentielle à la reprise de la croissance d’après les idées keynésiennes, doit depuis le début des années 1970 aider les plus défavorisés touchés par la crise à essayer de retrouver un emploi et doit permettre à l’économie de ne pas s’effondrer par une chute importante de la demande. Cette idée nous amène à l’extrême à expliquer cette croissance de la distribution des revenus accordés par l’Etat avec l’idéologie marxiste, qui voyait dans cette institution la "béquille du capitalisme". Cette théorie permet dans une certaine mesure de comprendre pourquoi cette redistribution a évolué de façon croissante et constante. En effet, dans ce contexte de crise, l’intervention massive de l’Etat français en terme de revenu depuis 1970 trouvait son explication dans le besoin de l’Etat d’aider les acteurs économiques à surmonter la crise (une crise du capitalisme) connue depuis le premier choc pétrolier en 1973.
Par ailleurs on peut citer la loi Wagner qui exprime clairement le fait que les dépenses sont sur le long terme irréversiblement croissantes, notamment lors de crises telles celle des années 1970. Cette évolution de la distribution de revenus de l’Etat est de plus en plus sur le long terme tourné vers l’éducation et le social ce qui explique l’évolution dès lors normal et dans la continuation de la répartition des excédents, au niveau macro-économique. Enfin, par l’approche théorique du Public Choice, Tullock explique l’évolution de la distribution des revenus et leur répartition par l’intérêt particulier, que favorisent les politiques dans une optique de réélection, de plus la pression de lobbies peut expliquer l’orientation de la distribution des revenus de l’Etat : ainsi actuellement les aides accordés aux agriculteurs français touchés par le phénomène de la vache folle.
Finalement, d’après cet aperçu des théories l’évolution croissante de la distribution des revenus répartis par l’Etat semble pouvoir être expliqué mais reste contesté fortement par les libéraux, qui ont engagé un processus de désengagement de l’Etat.
Si l’évolution de la distribution des revenus a connu une mutation au niveau quantitatif par la répartition de l’Etat au profit du social, celle répartie par les entreprises semble plutôt se transformer au niveau qualitatif c’est-à-dire au niveau de la répartition au sein des acteurs économiques de l’entreprise : les théories expliquent-elles ce phénomène ?
Pour une entreprise, qui dégage des excédents, il s’agit de savoir comment répartir ceux-ci entre la main d’œuvre, les investissements, les actionnaires et l’épargne. Les théories se sont donc intéressés à cet aspect de l’entreprise et ont donc cherché à déterminer la meilleure répartition possible. D’un point de vu empirique, la fin des 1960 a été marqué par de fortes revendications sociales (1968) pour de nombreux problèmes notamment celui de la hausse des salaires. De plus, selon Galbraith l’organisation de l’entreprise s’apparente à une technostructure où le prestige recherchée par les classes dirigeantes guide implicitement la répartition des profits dégagés. les années 1970 sont donc abordées avec une répartition en faveur des salaires facilitée par la période de prospérité connue avec les "30 Glorieuses" décrites par Fourastié. De plus l’inflation galopante nécessite des réajustements fréquents des salaires. Or la crise, qui éclate, va marquer un coup d’arrêt à ce système de répartition. En effet, le contexte de récession économique entraîne une période de gèle des salaires, de course aux gains de productivité qui changent la donne en ce qui concerne la distribution des revenus. En outre, de plus en plus la priorité est redonnée aux actionnaires, propriétaires de l’entreprise et poussent à la recherche de profit maximal qui doit leur revenir ensuite sous forme de dividendes. La fin de "l’entreprise managériale" est marquée par le retour du pouvoir de l’actionnariat qui limite la répartition au profit des salaires, et des investissements de diversification ou de prestiges : ils concentrent le partage sur l’investissement productif, la recherche et développement et en dividendes. Pour conclure sur ce point, les théories, décrivant une répartition favorisant les salaires ou les dépenses des dirigeants pour obtenir du prestige, sont rendues obsolètes par l’impact de la crise.
A propos des théories plus traditionnelles, ces transformations sont-elles justifiables ? Tout d’abord, on a donc puisque les salaires étaient, durant les années 1970 et ensuite, généralement gelés ce qui entraîne donc une baisse de la demande effective, rend les anticipations des entreprises négatives et bloquent enfin les investissements tout en nécessitant de s’appliquer sur la productivité en limitant la part accordée aux salaires. La théorie keynésienne semble donc pouvoir expliquer ce phénomène par la faiblesse de la demande, qui entraîne une baisse des investissements productifs. Or ceci se vérifie en quelque sorte puisque même si la crise n’a pu être envisagé par la relance de la demande, le mécanisme semble légitimer le phénomène, qui a vu se développer l’auto investissement atteignant des pics à 120% : les entreprises épargnent et donc distribue leurs excédents en faveur de celle-ci, les salaires et les investissements sont alors gelés.
Pourtant ce phénomène de blocage des salaires et des investissements apparaît pour les classiques comme la contrainte majeure de cette crise du début des années 1970 : en effet, pour les libéraux la relance se fait par l’investissement qu’il encourager, la crise justifie donc cette évolution vers le blocage de l’investissement, de même que le chômage est expliquer par le blocage des prix. En effet le marché du travail est comme tous les autres marchés : il s’autorégule et s’équilibre lorsque le prix de l’offre et de la demande s’équilibre, or si les salaires ne sont pas flexibles l’équilibre ne peut se réaliser : ainsi le SMIG puis le SMIC sont perturbateurs, en contexte de crise, les classiques expliquent ce phénomène de blocage, de gèle des prix par la baisse des prix proposés par la demande de travail face à la volonté de hausse de l’offreur. La répartition en défaveur pour les salaires s’expliquent donc chez les classiques de ce point de vu. Pourtant la théorie ricardienne de la baisse tendancielle du profit traçait une répartition entre main d’œuvre, capitaliste et propriétaires fonciers où la rente devenait de plus en plus importante d’où la baisse du profit. Cette analyse apparaît obsolète aujourd’hui et comme toutes les théories analyse le phénomène actuel où la majorité de la répartition se fait au profit des actionnaires et des investissements comme le préconise H. Schmidt : "les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emploi d’après-demain" et où la distribution défavorable pour les salaires est contrebalancée par le phénomène nouveau des "stock-options" qui représentent un intéressement aux résultats par un autre biais que les salaires.
Enfin, une nouvelle fois, peut-être peut-on expliquer ce système de répartition en faveur des actionnaires comme la continuation du processus de vol du profit aux ouvriers par les capitalises dénigré par Marx. Dans ce cas, l’évolution est donc expliquer mais surtout totalement contestée.

Les théories micro et macro-économiques de la répartition semble donc à travers les différents courants (contestataires pourtant) expliquer ou légitimer et contester l’évolution de la distribution des revenus par les entreprises et par l’Etat en France ces trente dernières années. Cependant ces dernières années, les récentes mutations du système de répartition tant au niveau micro-économique soumis à la mondialisation et à ses pressions (concurrence des gains de productivité, des coûts salariaux…) qu’au niveau macro-économique soumis à la régionalisation et ses conséquences ( UE, harmonisation,…) semblent avoir dépassées le cadre théorique.
Dès lors, les théories doivent-elles évoluer ou est-ce le système de répartition qui doit s’insérer de nouveau dans le cadre théorique ?