La mondialisation vous parait-elle de nature à modifier le problème du sous-développement ?

Bonnes Copies

Bonne copie du lycée Chateaubriand de Rennes. Cette copie a été noté 14/20. Voici le commentaire du professeur : Bon ensemble. L’argumentation pourrait parfois être approfondie.

Bonne copie du lycée : 35 - Rennes - Lycée Chateaubriand

Cette copie a été notée : 14 / 20

Commentaire du professeur : Bon ensemble. L’argumentation pourrait parfois être approfondie.


Untitled Document Au moment où se mettait en place une économie monde fonctionnant comme un tout, sur la base de règles libérales et d’une supranationalité toujours accrue des agents économiques, le sous-développement était déjà une réalité depuis plus de 25 ans. Les diverses tentatives pour en sortir avait globalement échoué. Ces deux phénomènes majeurs du deuxième XX siècle ont depuis été, comme la montré encore récemment la conférence de Porto Allegre, à la base de débats souvent passionnés sur la question du lien entre mondialisation et problème du sous-développement. Autrement dit, la mondialisation par le type de liens, d’échanges qu’elle instaure, est-elle à même d’orienter dans un sens ou dans un autre le problème du sous développement ? Inadaptée aux besoins du Tiers-Monde ou à l’inverse chance pour sortir du sous-développement, la mondialisation de fait n’est pas neutre et se présente comme une arme à double tranchant pour les PVD, arme dont dépend en grande partie leur évolution future.


La mondialisation met en place un système inadapté aux besoins du Tiers-Monde.
Héritière des règles instaurées en 1947 par le GATT, la mondialisation met en place une organisation de l’économie mondiale élaborée par les pays industriels et dont les ficelles sont tenues par ces derniers. Les PVD ne possèdent pas la maîtrise des organisations de régulation telles que le FMI, la Banque Mondiale, ni la maîtrise des marchés et des circuits d’échanges. Donc ils subissent les règles et sont exclus de leur élaboration.
Ainsi ils se voient imposer une course à la compétitivité dans le cadre d’une concurrence féroce. Ce système favorise donc largement les PVD qui n’ont, ni technologies, ni capitaux, ni de main d’œuvre compétente et qui surtout manquent d’infrastructure pour s’insérer dans l’économie monde, notamment dans le domaine du transport. On fait ainsi régulièrement le cas de riches de plus en plus riches et de pauvres de plus en plus pauvres.
De plus la mondialisation met à mal les tentatives des PVD pour sortir du sous-développement. Les tentatives d’industrialisation par substitution d’importations se heurtent par exemple au différentiel de qualité et de prix entre les productions nationales et celles échangées sur le marché mondial. De même, la baisse des barrières tarifaires qui accompagne le processus de mondialisation se fait au détriment de la protection des industries naissantes des PVD, préalable pourtant nécessaire à la vue des thèses du protectionnisme éducateur, mais surtout elle rend obsolètes certains mécanismes mis en place pour promouvoir le développement, notamment le SPG, d’autant plus que l’Uruguay Round a globalement ramené les tarifs douaniers des pays riches à 5%.
Enfin, les FMN, véritables icônes de la mondialisation ont trois défauts majeurs : elles procéderaient premièrement à un pillage des ressources des PVD et à l’exploitation d’une main d’œuvre docile et bon marché, deuxièmement, et particulièrement dans le cadre des zones franches, elles ne contribueraient pas à enrichir les PVD qui les accueille dans la mesure où les capitaux sont rapatriés vers les sièges sociaux dans les pays riches. Et enfin, l’espoir d’un transfert de technologie se transforme souvent en désillusion, et au contraire, l’implantation des FMN débouche sur la dualité des structures économiques des PVD, entre un secteur moderne souvent isolé géographiquement près des interfaces, et un secteur encore traditionnel et souvent emprunt d’archaïsme.
A cette vision encore influencée par les thèses tiers-mondistes s’oppose celle d’un espoir de développement grâce aux opportunités offertes par la mondialisation.

Selon les thèses libérales, la mondialisation constitue une opportunité pour les PVD, afin de sortir du sous-développement.
Facette importante de la mondialisation, le commerce international est présenté, depuis Ricardo, par les analyses théoriques comme source d’enrichissement. Ainsi les PVD, grâce à la mondialisation et son corollaire, l’essor des échanges avec des tarifs douaniers réduits, ont tout intérêt à se spécialiser afin de s’intégrer au mieux dans le commerce international et bénéficier ainsi de marchés porteurs. On peut noter ici le réel succès des NPI et des quatre dragons en particulier, qui ont su jouer de leur avantage d’une main d’œuvre bon marché pour s’insérer dans le DIT et remonter les filières en réinvestissant les bénéfices. Au total ils ont réussi à diversifier leurs exportations et à devenir essentiellement exportateurs de produits manufacturés et peuvent s’appuyer sur des marchés locaux maintenant convoités par les pays industriels.
En outre ces NPI ont pu profiter de l’essor des aides et de la délocalisation des FMN qu’a entraîné la mondialisation. En effet, conjointement aux débuts de la mondialisation et à la crise dans les pays riches dans les années 1970, les flux d’investissement se sont réorientés vers les PVD, créant une véritable manne pour ceux-ci. Capitaux d’autant plus importants qu’au vue de l’analyse de Rostow du sous-développement l’absence justement d’investissement et de capitaux est à la base de ce " retard de développement ". En outre cette période coïncide avec le boum des délocalisations industriels des FMN. Et s’il est vrai que la faculté d’entraînement de ces délocalisations sur le reste de l’économie est peu probante, il demeure ainsi que les salaires versés aux employés restent supérieurs à la moyenne des pays et du coup participent à l’enrichissement du marché local, étape nécessaire à l’amélioration matérielle des conditions de vie.
Enfin, dans le contexte d’une mondialisation propice aux accords internationaux et à l’évolution d’acteurs économiques internationaux, les PVD tentent de s’organiser d’une part dans le cadre d’accords entre producteurs et d’autre part, dans le cadre d’accords régionaux. La réussite de l’OPEP dans les années 1970, profitant de conditions extraordinaires, a suscité l’enthousiasme, mais sa perte de vitesse depuis les années 1980 souligne l’inefficacité sur le long terme des stratégies de cartel. D’autres tentatives se sont mises en place (cartel de l’étain, de la bauxite), mais semblent être confrontées aux même problèmes. Parmi les nombreuses aventures d’accords régionaux, deux obtiennent des résultats plutôt encourageant : le MERCOSUR et l’ASEAN. Tous deux consistent en une zone de libre-échange permettant de profiter de marchés suffisamment vastes pour effectuer des économies d’échelle et en outre, de développer les échanges Sud/Sud afin de se défaire un peu des dépendances vis-à-vis du Nord. Cette voie est donc propice au développement dans la mesure où elle permet de s’insérer dans une économie monde de plus en plus organisée en blocs régionaux.
La mondialisation semble être une chance pour les PVD les plus avancés. Pour les autres, le risque de marginalisation est réel. En ce sens, elle modifie le problème du sous-développement.

La mondialisation se présente donc comme une arme à double tranchant pour les PVD. La façon dont ils s’y intègrent conditionne beaucoup leurs perspectives de développement.
La mise en place de la mondialisation a coïncidé avec l’essoufflement des conceptions tiers-mondistes et la perte de crédit des visions affectives du problème du sous-développement. La diffusion des thèses libérales a trouvé un écho dans les années 1980 dans les PVD, en particulier du fait de la réussite des NPI. A l’avenir donc, il semble globalement partagé que le problème du sous-développement sera abordé en terme d’insertion ou de marginalisation dans le cadre de la mondialisation.
En outre, le succès de certains PVD et les conditions favorables qu’offre la mondialisation pour la conquête de nouveaux marchés amènent maintenant les pays industriels à craindre ces pays quasiment sortis du 1/3 Monde. Vision totalement nouvelle du problème du sous développement qui amène les pays industrialisés à traiter d’anciens PVD comme des concurrents particuliers. On a une illustration de cette crainte et de ce nouvel état d’esprit avec les accords multifibres au début des années 1970 ou bien par le fait que certains NPI aient été exclus de mécanisme d’aides à l’encontre des PVD. Ceux-ci sont entrés dans la catégorie des " partenaires rivaux ".
Certains PVD sont confrontés à une contradiction. D’une part leur insertion dans le commerce mondial et l’économie monde semble inévitable, et d’autre part celle-ci peut leur être fatale dans la mesure où les plus faibles sont condamnés à exploiter leurs ressources de main d’œuvre. Le risque de marginalisation est réel. Le nombre de PMA a ainsi doublé depuis 1970.
Cette dualité des PVD face à la mondialisation amène aussi à repenser le problème du sous-développement non plus comme un tout, comme au début des années 1950, mais à chercher des adaptations qui doivent être modulées en fonction de cette diversité croissante du Tiers-Monde : pour les PMA, valoriser les matières premières en finançant et préparant les diversifications nécessaires, et pour les plus avancés, favoriser la libéralisation.


Au total, il ne faut ni tomber dans l’euphorie de la mondialisation, ni procéder à une levée de boucliers tiers-mondistes. La mondialisation a rendu sensible la diversité des situations parmi les PVD, et a infléchi dans un sens comme dans un autre, leur processus de développement. La situation incite donc à une appréhension du problème au cas par cas, graduelle et pragmatique.